Journal C'est à dire 275 - Septembre 2021

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Frontaliers à vélo, qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente Villers-le-Lac Tous les jours, Denis, Raymond et Hubert rallient leur poste de travail situé à La Chaux-de-Fonds ou au Locle à vélo. L’un d’eux met 20 minutes de moins qu’une voiture.

“P artir et rentrer à vélo du travail, c’est se vider la tête, c’est la liberté.” Alors que certains se sentent déjà fatigués à l’idée de parcourir les 17 km qui séparent Villers-le-Lac de

nement son deux-roues à assistance électrique pour rejoindre son poste de travail à la manufacture La Joux-Per- ret, aux Éplatures. Tous évoquent les mêmes raisons : la liberté, la santé, l’environnement, l’économie de carbu-

La Chaux-de-Fonds à vélo, Hubert, lui, s’enthousiasme. Comme Denis qui rallie tous les jours Villers au Locle (11 km), soit 7 000 km par an, Hubert fait partie de cette minorité de travail- leurs frontaliers à utiliser quotidien-

Denis, Raymond et Hubert (de gauche à droite), vont tous les jours au travail en Suisse à vélo, avec le sourire.

rant, le respect des riverains… “C’est Raymond, mon collègue, qui m’a motivé il y a quatre ans en me demandant pourquoi je ne venais pas à vélo comme lui ! Au début, je pensais cet effort impos- sible… C’est finalement devenu une addiction” dit-il. Chaque matin, Hubert met 45 minutes pour escalader les 500 mètres de déni- velé positif. Une voiture fait légèrement mieux. Lui passe par les routes de tra- verse désormais interdites aux auto- mobiles des pendulaires à l’instar de la route des Monts entre Le Locle et électrique, soit 6 700 km par an ! Il met 1 h 20 pour “monter”. Lorsqu’il arrive à son travail, Raymond prend sa douche, boit un café, déjeune et lit avant d’embaucher à 6 h 30. La neige ne le décourage pas : “Je mets des pneus-clous, précise le cycliste. Et s’il y a beaucoup de neige, je me lève à 3 heures du matin pour arriver à l’heure.” Bien sûr, il ne faut pas avoir d’enfants à conduire à la crèche et ne pas être gros dormeur. Denis Couturier, 57 ans est, lui, un sportif aguerri pour qui le vélo est une passion autant qu’un mode de vie. 20 minutes lui suffisent pour se rendre chez Tissot au Locle, depuis Villers. La Chaux-de-Fonds, chemin également emprunté par Ray- mond, 54 ans, pionnier du “vélo’taf ”. En sept ans, ce der- nier a parcouru 47 000 kmavec son vélo dépourvu d’assistance

“En voiture, c’est 40 minutes” analyse- t-il. La crise du Covid a conforté le choix de nos trois interlocuteurs : “Chaque matin à la douane du Col- des-Roches, je passais à côté des longues files de voitures à l’arrêt… Je rigolais bien car c’est toujours plaisant de dou- bler de grosses voitures” ironise Denis qui part à 6 h 20 de son domicile. N’ont-ils pas peur des accidents ? Jusqu’à présent, aucun d’eux n’a été percuté par un véhicule. Il y a bien eu quelques chutes dues au verglas et à la neige, sans gravité heureusement. ments sont aujourd’hui techniques” dit un des trois. Leur souhait : obtenir des bandes cyclables pour entrer et sortir de Villers-le-Lac “car la voiture a toujours trop de place” estime Hubert qui admet que le nombre de cyclistes augmente chaque année. Ils seraient plus d’une dizaine à traverser quoti- diennement la frontière. Plus que le covoiturage, le vélo (élec- trique) pourrait devenir un remède aux bouchons… à condition de ne pas habiter au Russey ou aux Fins. Outre les kilomètres, l’absence de voie cycla- ble est rédhibitoire pour qui veut s’élancer. n E.Ch. Tous portent des vêtements fluorescents, un casque, des lumières et des pneus cloutés l’hiver. “Quant au froid, on le ressent vraiment à - 15 °C… sinon tout va bien car les vête-

47 000 km à vélo en 7 ans !

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