Journal C'est à dire 275 - Septembre 2021

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Les frontaliers n’ont jamais été si nombreux Économie

diennement au travail et exercent à plus de 35 kmde leur domicile” indique l’Observatoire de l’Arc jurassien (O.S.T.A.J.). C’est 21 km de plus que les autres actifs de l’Arc jurassien français travaillant en dehors de leur commune de résidence. Les pôles industriels sont généralement situés à proximité de la frontière alors que l’emploi tertiaire se concentre quant à lui dans les grandes villes, plus éloignées. En lien avec ces orientations économiques, les parcours des frontaliers ouvriers sont géné- ralement plus courts que ceux des frontaliers cadres. Plus de 5 000 navetteurs transitent chaque jour par le poste-frontière du Col-des-Roches, reliant Vil- lers-le-Lac au Locle. Avec l’amélioration des infra- structures routières, les fronta-

Dans le Doubs, ils sont 28 184 travailleurs à se rendre quotidiennement de l’autre côté de la frontière suisse, soit 287 personnes de plus comparé à 2020. La crise du Covid a finalement eu peu d’impacts. 35,4 % sont des femmes.

B ien sûr, des tensions demeurent. Certains groupes ont procédé à des plans de restruc- turation, comme ce cigarettier neuchâtelois qui a restructuré ses équipes, en mettant sur la touche près de 300 personnes. Malgré tout, l’économie helvète tourne à plein régime à en croire les chiffres divulgués par la direc- tion régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des soli- darités (D.R.E.E.T.S.) de Bour- gogne-Franche-Comté. Ce second trimestre, le nombre de travailleurs frontaliers aug- mente par rapport au trimestre précédent à la fois en France et

ritoire-de-Belfort, 473 pour la Haute-Saône, 160 pour la Saône- et-Loire.Au total, la région comp- tabilise 39 124 travailleurs exer- çant en Suisse (+ 1,5 % par rapport au premier trimestre 2021, + 0,8 % sur un an). C’est le canton de Vaud qui emploie le plus de Doubiens, suivi par celui de Neuchâtel puis par celui du Jura. En dix ans, le nombre de fron- taliers français n’a donc cessé de croître, les allers-retours quo- tidiens aussi. Les distances et temps de trajet en font de même. “La moitié des navetteurs pen- dulaires mettent plus de 42 minutes pour se rendre quoti-

en Bourgogne-Franche-Comté. Après avoir été affectée cette dernière année par rapport au niveau national, la dynamique régionale repart à la hausse. En effet, le nombre de frontaliers dans la région croît. La part des femmes dans les travailleurs frontaliers se maintient à son niveau d’avant crise et le poids de la région dans l’effectif fron- talier reste toujours au-delà de 20 %. Le Doubs est, de loin, le dépar- tement qui possède le plus grand nombre de ces travailleurs avec 28 184 frontaliers (+ 1 % par rapport à 2020), contre 6 558 pour le Jura, 3 527 pour le Ter-

Plus de 5 000 navetteurs transitent chaque jour par le poste-frontière du Col-des-Roches.

liers résident de plus en plus loin de la frontière suisse. “La distance médiane s’allonge de 3 km depuis 2006 et davantage encore pour les navetteurs longue distance” ajoute l’O.S.T.A.J. Le Locle et La Chaux-de-Fonds “accueillent chaque jour lamoitié

des actifs résidant à Villers-le- Lac et un tiers de ceux de Mor- teau et des Fins” poursuit l’étude. Si les frontaliers habitent de plus en plus loin, c’est en grande partie dû à la pression immo- bilière. n E.Ch.

Le nombre de travailleurs frontaliers ne cesse d’augmenter depuis 2008. (source O.F.S.).

Dix veaux tués cet été par les loups du Marchairuz Vallée de Joux

B onne nouvelle pour la biodiver- sité, l’installation d’une meute sur le secteur du Marchairuz en 2019 s’accommode de plus en plus difficilement des activités pastorales. Les attaques de loups sur bovins se multiplient dans les alpages jurassiens. Décision a été prise d'abattre deux jeunes loups. Une situation sensible à gérer entre la colère des éleveurs et la mobili- sation des pro-loups.

à la Direction générale de l’Environ- nement du canton de Vaud. La prédation du loup sur le cheptel ovin et bovin pendant la saison d’estive a augmenté au fur et à mesure de l’ex- tension de lameute. Quelques moutons en 2019, un veau en 2020 et depuis cet été une dizaine d’attaques de veaux ou génisses imputables au loup. “Scien- tifiquement parlant, le loup est impliqué sur trois attaques, même s’il y a de très fortes présomptions qu’il soit aussi res- ponsable de la mort des sept autres veaux. On pouvait raisonnablement s’attendre à des attaques sur bovin mais pas d’une telle enver- gure.”

Cinq louveteaux ont vu le jour cette année dans la meute du Marchairuz (photo Fondation J.-M. Landry).

Le couple parental a vite trouvé les conditions propices à sa reproduction dans une zone giboyeuse avec notam- ment beaucoup de cerfs. Qua- tre louveteaux naissent en 2019, puis cinq l’an dernier

Les défenseurs du loup empêchent le déroulement des tirs.

Dans ces circonstances, l’Of- fice fédéral de l’environne- ment a donné suite à la demande du Canton deVaud de pouvoir procéder à des

en œuvre pour limiter les attaques ? La protection des bovins est plus com- plexe à organiser qu’avec des moutons. “On ne préconise pas du tout les chiens de protection car les bovins les assimi- lent à des canidés et ont tendance à les chasser. Se pose aussi le problème de la cohabitation de ces chiens avec les usagers des alpages jurassiens : chas- seurs, randonneurs, cueilleurs… On préconise plutôt l’installation de grands

les éleveurs”, poursuit Frédéric Hof- mann qui se dit préoccupé par cette situation conflictuelle. Compréhensible dans un pays habitué à la recherche du consensus, mais une opposition qu’on retrouve systématiquement dans tous les pays confrontés au retour du loup voire de l’ours. Au-delà de la régulation qui ne doit pas compromettre l’avenir de la meute, quelles solutions peuvent être mises

parcs sécurisés laissant la possibilité aux veaux de se nourrir, s’abreuver et se déplacer. En surface, cela représente des parcs de 2 hectares. On accompa- gnerait les éleveurs dans ces réalisa- tions. Chaque parc regrouperait plu- sieurs dizaines de veaux. Cela suppose de repenser en profondeur le mode de protection avec des adaptations qui devront se faire sur plusieurs années.” n F.C.

et à nouveau cinq ce printemps. “On estime que lameute compte aujourd’hui entre 9 et 11 individus en incluant les subadultes. On a aussi recensé quelques loups dans le massif du Risoux” , explique Frédéric Hofmann, chef de section “chasse, pêche et surveillance”

tirs de régulation de deux jeunes loups. “Les tirs seront effectués par les sur- veillants de la faune du Canton. Pour l’instant, on est empêché par des défen- seurs du loup qui se mobilisent sur le terrain pour empêcher le déroulement des tirs. Cela génère des tensions avec

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