Journal C'est à dire 275 - Septembre 2021
V A L D A H O N - P I E R R E F O N T A I N E
La Violette - Belleherbe : histoire d’une querelle de clocher Belleherbe En 1854, les habitants du hameau de la Violette animés par un souci d’autonomie construisent une église de leurs mains, avec leurs deniers, malgré l’opposition de la mairie de Belleherbe et de l’archevêché. 167 ans après, ce fait singulier résonne encore.
P rès d’un demi-siècle après la construction, ils sont fiers de “leur” église les “la Violette”. Et pour cause. Ce lieu, témoin d’une formidable cohésion entre habitants, a été érigé par leurs aïeuxmalgré bien des embûches. Si le proche d’entrée ne regarde pas Jérusalemmais Belleherbe, ce n’est pas pour rien. “C’est une
C’est cette association qui nous a conduits chez Colette et Michel Moniot, deux alertes nonagé- naires domiciliés dans ce hameau. Ils ont gardé des sou- venirs écrits et oraux de cette formidable épopée villageoise qu’ils partagent. Colette pré- vient : inutile de souffler sur les braises d’un sujet qui fut hau- tement polémique. Pour la ras-
façon de montrer notre différence face aux Belleherbe” raconte Michèle Pépiot, dont l’arrière-
puis par une pétition en 1835, sans succès” raconte Monique Pépiot, membre de l’association Cyber Sancey à l’ori- gine de cette recherche historique publiée dans le livre “Sancey, son vallon, ses envi- rons, Un regard sur le passé” écrit par Jean-Marie Vivot.
grand-père, Pierre- Joseph Vieille, a des- siné les plans et crépi la façade du clocher. “Tout commence à la Révolution française
Les communes voisines donnent du bois.
lorsque le hameaumanifeste son désir d’autonomie à Belleherbe,
Des recherches historiques menées par l’association Cyber Sancey révèlent l’histoire croustillante de l’église de la Violette.
surer, il y a prescription depuis. L’histoire, là voilà : en 1854, Pros- per Huot, accompagné de Jean- Claude Simon, organise un vote pour construire l’église au centre du hameau. L’ensemble de la population le suit. Paraît-il que les foyers de la Violette en avaient assez de se rendre à la messe à 4 km de là. Malgré l’op- position des autorités commu- nales, puis de l’archevêque Mathieu, le chantier est lancé sur un terrain communal. “Mais face aux menaces du maire et du curé, les travaux sont stoppés avec obligation de remettre en état le site” raconte l’auteur de la recherche. Prosper Huot donne alors un de ses terrains. Malgré un hiver rude, deux épi- démies de petite vérole, la construction démarre. Chaque foyer accepte les corvées de construction “malgré les travaux agricoles et avec courage” raconte une source écrite. Les familles Vieille,Moniot, Émonin,Mesnier, Pépiot, Huot, Girardot, Cheval, Besançon, Briot, Péchin, Simon, Pernot, Gurnez, Cuenot, Bidal,
Ménier, Jeannin et Joly font des dons pour la construction. Un an plus tard, la charpente est montée après des dons de bois par les communes de Charmoille, Longevelle-les-Russey, Laviron, Bretonvillers et même Bonné- tage. “Belleherbe avait bien fait une coupe de bois durant cette période… mais n’a rien donné à la Violette” narre Monique Pépiot d’après le récit de Marie Montravers. Inaugurée à coups de pétard, la “chapelle” sera dédiée à Saint- Antoine de Padoue. Des messes s’y déroulent notamment dans les années soixante-dix où les prêches de l’abbéAlbertMunnier attirent de nombreux fidèles. L’abbé Vuillemin a laissé un autre souvenir aux villageois. C’est lui qui a écrit dans le regis- tre paroissial ceci : “Ce ne sont pas des bêtes, ce ne sont pas des gens, ce sont des la Violette.” Il ne pouvait pas mieux dire. Aujourd’hui encore, la Violette se revendique “commune libre”. n E.Ch.
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25 octobre 2021
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