Journal C'est à dire 273 - Juin 2021

V A L D E M O R T E A U

Rième Boissons : la sagesse du centenaire Morteau

L’entreprise Rième Boissons célèbre ses cent ans cette année. Du côté des dirigeants, on garde la tête froide, privilégiant une stratégie basée sur une croissance progressive.

Benoît Rième dirige la société familiale depuis le début des années 2000.

Q uand on évoque les sociétés familiales, on dit souvent que la pre- mière génération construit, la deuxième déve- loppe, et que la troisième fait péricliter l’entreprise… Rième

navire qui a bravé toutes les tempêtes et continue d’écrire l’histoire artisanale et indus- trielle de Morteau. Pour l’occasion, Rième Boissons a sorti plusieurs nouveautés pétillantes comme cette limo- nade au sapin qui a déjà trouvé son public, ainsi qu’une série collector produite à 50 000 exem- plaires de sa reine des limonades avec une étiquette vintage ins- pirée des années trente. “Pour continuer à fêter ce centenaire, nous préparons encore la sortie d’un nouveau parfum de limo- nade, et plusieurs nouveaux par- fums de sirop sont encore à l’étude. À l’occasion de ce cente- naire, nous mettons également en place des actions de promo- tion, des animations et un jeu- concours pour nos clients”

Boissons est le parfait contre- exemple de cette maxime.Après Marcel-Alcide le pionnier, Jean le successeur, Didier le petit- fils, c’est Benoît, représentant de la quatrième génération, qui tient fermement la barre de ce

Jean Rième, le fils du fondateur et grand-père de l’actuel dirigeant, ici au volant d’un

camion de livraison.

copain d’enfance qui deviendra son beau-frère,Adrien Bouhéret, pour lancer ses premières fabri-

résume Benoît Rième. La société mortua- cienne n’a jamais quitté ses locaux his- toriques de la rue de la Louhière depuis le démarrage en 1921.

cations. “Marcel-Alcide Rième revenait de la Première guerre mon- diale et la ferme fami- liale ne permettait plus de faire vivre tout le monde. C’est la raison

Rième Boissons grandit à son rythme, sans précipitation.

Une partie de la collection des étiquettes d’époque.

Quand l’arrière-grand-père de Benoît s’est associé avec un

pour laquelle il a lancé cette acti- vité : la limonade d’abord, puis quelques sirops” relate le suc- cesseur. Une première diversi- fication a lieu quelques années plus tard avec l’arrivée du fils du fondateur qui s’est lancé dans la distribution d’eaux minérales dans les pharmacies et les épi- ceries du Haut-Doubs. C’est l’arrivée de Didier dans l’affaire familiale qui marque un tournant pour la société mor- tuacienne. “Mon père est arrivé à un moment où la limonade était passée de mode et où les petites épiceries fermaient les unes après les autres avec l’avè- nement des grandes surfaces. Il a donc pris deux décisions qui ont sans doute sauvé l’entreprise : se diversifier en étendant les gammes de sirops, et se rappro- cher des grandes surfaces pour écouler la production. Ce choix s’est avéré payant.” Un autre souci est survenu dans les années quatre-vingt : la dif- ficulté de trouver de l’eau àMor- teau. Raison pour laquelle Rième a investi dans des locaux dans la région de Besançon, d’abord à Beure en 1986 en reprenant les locaux d’un ancien limona- dier, puis à Besançon en 1998 avec la construction d’une usine de fabrication et d’embouteillage plusieurs fois agrandie depuis rue Ampère. L’arrivée de Benoît aux com- mandes a marqué une nouvelle étape au début des années 2000 avec le développement de l’ex- port. États-Unis, Canada, Alle- magne, Suisse,Angleterre, mais aussi Vietnam, Corée du Sud… “Nous réalisons désormais 25 % de notre chiffre d’affaires à l’ex- port” observe Benoît Rième. Rième Boissons réalise

aujourd’hui un chiffre d’affaires global de quelque 8 millions d’euros pour un volume de pro- duction de 6 millions de flacons par an. L’entreprise emploie 22 personnes, une dizaine à Mor- teau et une douzaine sur le site de production de Besançon. Actuellement, elle fait face à la forte demande liée à la réouver- ture récente des cafés-restau- rants.

Fidèle à sa façon de faire, Rième Boissons grandit à son rythme, sans précipitation. “Nous pro- gressons gentiment, à notre rythme. Nous ne souhaitons pas grandit trop vite au risque de ne pas pouvoir gérer le dévelop- pement” note Benoît Rième. 100 ans, c’est sans doute aussi l’âge de la sagesse, gage de longé- vité… n J.-F.H.

Ces bouteilles étaient destinées au marché américain (sous le regard du fondateur).

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