Journal C'est à dire 273 - Juin 2021

P L A T E A U D E M A Î C H E

Le Bizot

Les bénévoles de l’associa- tion “L’Éco’lette” réunis dans une des salles de la maison

“Chez Colette” : pour sauver ce patrimoine, ils ont besoin de vous Des bénévoles ont un superbe projet : créer un café éco-citoyen dans l’ancienne maison de justice inscrite aux monuments historiques, qui était le café du Bizot depuis 1900. Ils lancent un financement participatif pour acheter la demeure.

de justice du Bizot.

A utour de ce projet, beaucoup de choses les réunissent. Le patrimoine bien sûr, le lien social, l’animation de nos vil- lages, l’écologie, le partage. Une qua-

L’équipe est motivée.

nage du film “Monsieur Batignole” en 2001 avec Gérard Jugnot et Damien Jouillerot. Jusqu’en 2019, le café animait la petite Cité de caractère de Bourgogne-

coupes de bois ou au sortir de la messe du dimanche. Les héritiers ne souhai- tant pas poursuivre l’activité, ils ont décidé de vendre ce bien. C’est à ce moment qu’un collectif s’est mis en place enmai 2020. Son intention : réfléchir à la création d’un café éco- citoyen “au sein duquel fleurirait un espace culturel, de service, d’échange, de transmission, de partage,d’autonomie locale et d’accueil dans une dynamique de transition écologique” narrent Carole Gordon et Maryse Mainier, bénévoles. Des idées, les membres en ont des tas. De l’argent, ils en manquent. Les héri- tiers ont accepté de vendre la maison de justice à l’association parce que le projet de faire perdurer l’âme du café leur plaît. L’association “L’Éco’lette” tente le tout pour le tout en lançant une cagnotte participative en ligne sur Internet. “Nous espérons un élan citoyen où la solidarité sera l’affaire de tous. Nous avons confiance car de nombreuses personnes sont à nos côtés et pas seu- lement celles du village” synthétisent

rantaine de personnes veu- lent sauver l’ancienne maison de justice classée auxmonuments historiques, devenue depuis 1900, le café du village connu sous le nom

Franche-Comté jusqu’au décès de la tenancière issue de la troisième génération d’aubergistes, la famille Humbert. Des souvenirs, certains en ont encore, les

182 000 euros avec les frais de notaire.

de “Chez Colette”. Ils s’activent pour réunir de l’argent afin de racheter ce lieu emblématique choisi pour le tour-

écoliers notamment qui venaient ache- ter ici les bonbons ou les plus anciens venus s’attabler après les ventes de

Maryse et Carole. Avec les frais de notaire, ils doivent réunir 182 000 euros dont une partie sera financée par un prêt bancaire, l’autre par le financement participatif. Des demandes de mécénat ont été envoyées. Gérard Jugnot y sera- t-il sensible ? L’association a jusqu’à la

fin de l’été pour réunir cette somme. “L’Éco’lette” peut s’appuyer sur les boules apotropaïques encore préservées dans la maison de justice, censées éloi- gner les influences maléfiques. C’est un signe… n E.Ch.

L’extérieur de la maison qui pourrait devenir un café éco- citoyen, un lieu atypique d’échange ouvert à tous.

La cagnotte en ligne sur Helloasso : https://www.helloasso.com/associations/l-eco-lette

“Le Parc de nos aïeux”, l’œuvre d’un tailleur de pierres Frambouhans Gilles Fleur aménage seul depuis 2011 deux hectares de forêt à Frambouhans. Le résultat est étonnant, et le lieu est à vocation pédagogique.

nos anciens et de la nature. Ce que l’on apprenait en les écoutant forgeait notre expérience” , note- t-il. Cette transmission est à la base de son projet. “Je veux don- ner tout ce que la viem’as appris” , résume-t-il. Il accueille les élèves des écoles pour leur apprendre à reconnaître les arbres. “27 nichoirs ont été offerts par des enfants. On fait une petite fête quand on les installe et bien sou- vent ils reviennent pour prendre des nouvelles des occupants” , s’amuse Gilles. Le bouche-à- oreille aidant, les visiteurs sont de plus en plus nombreux. “Les week-ends de beau temps, je vois une cinquantaine de personnes” , s’étonne-t-il. L’endroit est certes isolé en pleine nature mais facile à trouver. Depuis Frambouhans, il faut prendre la rue duCrotot en direc- tion de Cuché. Un panneau indique le site sur la droite.Après 700 m de marche au travers d’une prairie, on peut enfin fran- chir la porte du Parc de nos Aïeux. Il ne reste plus qu’à croiser le maître des lieux pour profiter de cette expérience. “Le matin, tu peux rester couché pour pour- suivre ton rêve ou te lever, pour le réaliser.” Cette pensée lue à l’entrée du parc résume parfai- tement la philosophie de vie de Gilles Fleur. n Ph.D.

P assionné d’histoire régionale, Gilles Fleur est intarissable sur les origines géologiques du secteur. “En creusant le sous-sol pour y trouver les pierres que j’utilise, je retrouve de nombreux fossiles, vestiges de la mer qui recouvrait notre région il y a plus de 200 millions d’années” , témoigne-t-il.Des pierres noires, témoins d’une ancienne activité

en 1644. “Tout a été rasé par les mercenaires suédois de Louis XIII. Seul Cuché fut épargné car les habitations y étaient réqui- sitionnées pour les soldats” , pré- cise-t-il.On y a d’ailleurs retrouvé au sous-sol d’une ferme un atelier de verrier. Tout ce qu’il utilise pour amé- nager son parc vient du terrain : pierres,marnes, cailloux concas- sés et terre de feu qu’il produit

lui-même. Ici, la péda- gogie est reine. Tout au long des sentiers des panneaux informatifs en bois ou en verre gravé informent sur les

volcanique et glaciaire remontent à la surface. Au fond des gouffres qu’il met à jour apparaît une argile pure. Uniquement armé d’un

“On vivait plus proche de nos anciens.”

plantes et les arbres. Il pointe le long du sentier une plante particulière. C’est une Néottie nidd’oiseau en fleur dont la spé- cificité est d’être dépourvue de chlorophylle. Des bancs et quelques tables permettent de profiter du silence et de la paix du lieu. “Du temps de mon enfance, on vivait plus proche de

palan à chaîne, il déplace inlas- sablement des blocs qu’il taille pour aménager son parc. “J’ai déjà monté 300 mètres de mur et plusieurs centaines de mètres de chemin” , ajoute Gilles. Ici, on retrouve partout des carrières qui servaient à construire les habitations. Le village de Fram- bouhans comptait 14 habitations

Vue de l’entrée du parc.

Gilles Fleur devant un four de terre à feu.

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