Journal C'est à dire 272 - Mai 2021

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

3 700 entreprises étaient toujours concernées par le chômage partiel Économie

Économiquement, les impacts du Covid se révèlent au grand jour. Le taux de chômage est en augmentation dans l’Arc jurassien suisse entre février 2020 et janvier 2021. Dans le Doubs, Pontarlier est le secteur qui a le mieux résisté.

hausse de 45% des décès par rapport à une même période moyenne sur les années 2015 à 2019. Économiquement, le Doubs comme les cantons de Vaud et Neuchâtel ont davantage subi les conséquences de la deuxième vague. Les zones d’emplois de l’Arc jurassien français où le nombre total de postes salariés du privé est le plus en retrait sont la zone de Belfort- Montbéliard-Héricourt (- 4,3% sur un an), suivie par celle de Saint-Claude (- 3,9%) et celle de Morteau (- 2,4 % ). Celles de Lons-le-Saunier et de Besan- çon perdent 1,2% de leur emploi sur un an, et Pontarlier résiste en ne cédant “que” 0,6% de ces postes salariés. Côté suisse, le recours aux réductions de l’horaire de travail (R.H.T.) a atteint logiquement son sommet en avril 2020. Le nombre d’employés et d’entreprises de l’Arc jurassien suisse concernés a largement dépassé le niveau affiché

L’ Observatoire de la statistique de l’Arc jurassien (O.S.T.A.J.) publie une étude sur les impacts de la crise côté fran- çais et côté suisse. D’un côté, la France. De l’autre, la Suisse. Entre les deux, la Covid. Côté sanitaire, les deux pays

ont connu une surmortalité entre mars et avril par rapport à la moyenne des cinq dernières années. À l’automne, la deuxième vague de contamination s’est de nouveau traduite par le décès anti- cipé de 2 610 personnes au niveau de l’ensemble de l’Arc jurassien, soit une

En Suisse, les plus fortes hausses du taux de chômage sont enregistrées dans le secteur de la construction et de l’hôtellerie-restauration.

a fortement augmenté (+ 4 980 chô- meurs, soit + 26,5%), alors que la hausse est plus contenue entre avril 2020 et janvier 2021 (1 850 chômeurs en plus, soit + 7,8%). Les plus fortes hausses de taux de chô- mage ont été enregistrées dans les sec- teurs de l’hôtellerie-restauration, l’hor- logerie et la construction. À noter que les entreprises ayant fait appel au chô- mage partiel n’ont d’ailleurs pas le droit de recruter. Le taux de chômage de l’Arc jurassien est reparti à la hausse pour s’établir à 5% à fin janvier 2021, soit 1,3 point de plus que l’année pré- cédente. n

En janvier 2021, 5% des entreprises de l’Arc jurassien bénéficient encore du chômage partiel, soit 3 700 entre- prises. Ces mesures n’ont pas permis

de limiter les pertes d’em- plois. “L’Arc jurassien suisse enregistre une forte augmen- tation du nombre de chô- meurs depuis février 2020, c’est-à-dire juste avant la pre- mière vague de la pandémie.

lors des différentes crises économiques de ces der- nières décennies. Ainsi, ce sont près de 19500 entre- prises de l’Arc jurassien suisse, soit plus d’une sur quatre, qui ont bénéficié de

Hôtellerie, horlogerie et construction les plus touchées.

cette mesure en avril 2020. En septem- bre, ce pourcentage tombe à 4,3%avant de remonter légèrement (7%) en novem- bre 2020, lors de la deuxième vague de la pandémie.

En janvier 2021, la zone compte 25630 chômeurs, soit 6 830 de plus qu’en février 2020 (+36,4%)” explique l’étude. C’est essentiellement durant le premier confinement que le nombre de chômeurs

L e débat autour des intrants chimiques, des exportations de pro- duits alimentaires, et de l’intensification des pratiques agricoles se pose dans la plupart des pays développés. La Suisse n’échappe pas à ce phénomène Le Conseil fédéral et le Parle- ment rejettent ces deux initia- tives estimant que leur appli- cation aurait des impacts énormes sur la production de denrées alimentaires en Suisse en encourageant les importa- tions, d’où un transfert de la pollution à l’étranger. Politique- ment, la gauche et les écologistes qui sont favorables à ces initia- tives s’opposent à une large alliance de partis du centre et de la droite, lesquels bénéficient aussi du soutien de l’économie et de la principale association d’agriculteurs du pays, à savoir l’Union Suisse des paysans. Son directeur Martin Rufer était interrogé sur l’impact de ces ini- tiatives dans un article paru le 22 avril dernier sur swissinfo.ch. “Nous tablons sur une régression de 20 à 30 %. Par conséquent, nous devrions importer beaucoup plus de l’étranger. Et bien sûr, des régions du monde qui ont des normes de production beau- coup plus faibles que les nôtres. L’initiative sur l’eau potable entraînerait globalement une augmentation de l’impact envi- ronnemental de la consomma- tion des Suisses. Les deux ini- tiatives sont donc contre-productives pour l’envi- ronnement.” n F.C. Deux initiatives pour des pratiques agricoles encore plus vertueuses Votations Si elles passaient, ces deux votations organisées le 13 juin remettraient en cause toute la politique agricole suisse. Ce qui ne va pas sans susciter de vives réactions entre les “pour” et les “contre”. “50 % de la viande suisse produite avec du fourrage d’importation.” “N’oublions pas que la Suisse est le château d’eau de l’Europe”, rappelle Pascal Scheiwiller, le représentant francophone de l’initiative “Pour une eau potable propre et une alimentation saine”. sociétal qui oppose schémati- quement les partisans d’une agriculture raisonnée et raison- nable, voire bio, au système dominant plus axé sur la pro- duction en se targuant lui aussi d’être soucieux de son impact environnemental. Les initiatives populaires suisses laissent à un nombre donné de citoyens la possibilité de propo- ser qu’un texte soit soumis en votation populaire. La procédure peut prendre du temps. “Dans le système suisse, il faut déposer un texte de loi, qu’il soit validé et qu’il récolte au moins 100 000 signatures dans un délai imparti” , explique Pascal Schei- willer, le représentant franco- phone de l’initiative “Pour une eau potable propre et une ali- mentation saine”. La seconde initiative “Pour la fin des pesticides de synthèse” a été lancée quelques mois plus tard. Le Conseil fédéral a décidé de programmer la votation sur les deux initiatives le même jour. Unemanœuvre qui, selon Pascal Scheiwiller, vise clairement à semer la confusion dans l’esprit des gens. Si les deux initiatives tendent vers une agriculture plus auto- nome et de pratiques plus res- pectueuses, chaque comité tient à marquer sa différence. L’ini- tiative “Pour une eau potable propre” veut améliorer la pro- tection de l’environnement et de l’eau potable. Pour y parvenir, elle prévoit que les paiements directs soient versés aux agri- culteurs sous certaines condi- tions : fin des pesticides, utili- sation des antibiotiques uniquement à titre curatif, ali- mentation du bétail exclusive- ment avec du fourrage produit sur place… “Aujourd’hui, 50 % de la viande suisse est produite avec du fourrage d’importation. Ce taux atteint 70 % pour la pro- duction d’œufs. Il faut réduire la taille du cheptel bovin. En compensation, la Suisse doit réduire le gaspillage alimentaire et respecter le vote de 2017 confirmant son engagement en faveur des produits durables.” Pour pallier les déficits fourragers, les initiants suggè- rent de mettre en place des échanges au niveau régional. Ils s’opposent aussi à l’abus des antibiotiques, symboles d’une agriculture intensive et source de pollution aquatique. “N’ou- blions pas que la Suisse est le château d’eau de l’Europe, rap- pelle Pascal Scheiwiller assez confiant sur l’issue du scrutin. Aujourd’hui d’après les sondages, c’est du 50-50 et il faudra 54 % de votes favorables pour que l’initiative passe” précise le spé- cialiste. La seconde initiative veut inter- dire les pesticides de synthèse en Suisse. Cette interdiction touche toutes les pratiques : agriculture, entretien des espaces verts, protection des infrastructures. L’importation de denrées alimentaires pro- duites à l’étranger à l’aide de pesticides de synthèse ou conte- nant de tels pesticides serait elle aussi interdite. Ne sont pas concernés par le champ d’appli- cation de l’initiative les agents biologiques, les pesti- cides biologiques, les insectes bénéfiques, les pesticides orga- niques, électriques ou thermiques ainsi que toutes les alternatives qui ne contiennent pas de toxiques chimiques. L’initiative prévoit une période de transition de dix ans. Un délai d’adaptation nécessaire et suffisant qui peut être utilisé politiquement pour repenser le système agricole et alimentaire, pour accompagner la recherche vers le développement d’une agriculture prenant davantage en compte la biodiversité et la santé.

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