Journal C'est à dire 272 - Mai 2021

D O S S I E R

Le président dit “stop aux nouveaux projets” Sancey-Belleherbe

Le Pays de Sancey-Belleherbe accueille 23 éoliennes et possède après 14 années de fonctionnement le plus grand retour d’expérience. La lune de miel avec cette énergie est-elle passée ? Président de la communauté de communes de Sancey-Belleherbe, Christian Brand déplore la financiarisation faite autour de cette énergie.

C’ est à dire : Com- ment les éoliennes sont- elles acceptées sur votre territoire ? Christian Brand : Avec 23 éoliennes pour 5 500 habitants, nous sommes un territoire qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme. Nous en sommes

productif d’un point de vue environnemental ? C.B. : J’ai été le premier à dire que c’était stupide. Le dévelop- peur nous a répondu qu’il ne pouvait pas les réutiliser car il perdrait un an et demi de fonc- tionnement et donc de l’argent. Tout est dit. Càd : Avez-vous un conseil à donner aux élus du Haut- Doubs ? C.B. : Ne pas cacher les projets au risque que cela se retourne contre vous. Dès le début, nous avons fait des groupes de travail avec les associations (N.D.L.R. : de chasse, randonnée…) pour recueillir leurs avis. Pour le repo- wering (renouvellement), nous en avons fait de même. Càd : Vous avez fait le choix de miser sur de nouvelles énergies. C.B. : Effectivement, nous avons un projet de développement de l’hydrogène sur notre terri- toire. n Propos recueillis par E.Ch.

les épinards, c’est évident : de l’ordre de 200 000 euros par an pour la communauté de com- munes. Au départ, vous êtes démarchés par un développeur qui monte le projet pour le reven- dre à des financiers. Déjà à ce niveau, il y a un coup de busi- ness. Puis, elles peuvent être revendues. À mon avis, il y a

fiers mais je dis qu’il ne faut pas plus d’éo- liennes. Les projets de nouvelles installations sont stoppés à l’échelle de notre communauté de communes.

mieux à faire comme l’a fait la commune de Chamole (Jura) avec un financement participatif de la population. Il faut

“200 000 euros par an pour la communauté de communes.”

que les habitants puissent se dire : “Ce sont les nôtres”, qu’ils puissent participer au capital. Càd : N’est-ce pas le projet de renouvellement de 10 éoliennes en remplacement des anciennes sur le Lomont qui vous agace ? Le promo- teur n’utilisera pas les socles en béton des anciens mâts mais en construit de nou- veaux et engage de lourds travaux dans la forêt. Cela semble pour le moins contre-

Càd : Pour quelle raison ? C.B. : Pour deux raisons. On dit stop par rapport à la pollution visuelle : on ne veut pas enmet- tre partout et ainsi enfermer notre territoire. Je déplore éga- lement la financiarisation autour de cette question. Ce sont très souvent des investisseurs qui vous allèchent avec de la fisca- lité. Que les éoliennes tournent ou pas, vous touchez la même somme. Celamet du beurre dans

Le président de la com- munauté de com- munes Christian Brand.

“C’est un quart de notre budget” Valonne

Pour avoir accepté des éoliennes plus grandes, Valonne reçoit une compensation du promoteur de 40 000 euros supplémentaires. Une “prime” qui s’ajoute aux loyers et taxes encaissés chaque année depuis 14 ans qui ont permis de nombreux investissements.

culteur de profession. En accueillant depuis 2007 cinq éoliennes d’une puissance de 2 mégawatts sur son territoire, Valonne a bénéficié de retombées économiques régulières, à savoir

ans. Joli rendement. Les éoliennes ont-elles fait fuir les habitants ? Pas du tout à écouter le maire. “Notre lotisse- ment est bientôt complet. J’ai régulièrement des demandes d’installation de nou- veaux habitants” répond ce dernier. aérogénérateurs supplémen- taires de dernière génération développés par la société Opale. Ils sont plus hauts de 55 mètres et plus puissants (4 mégawatts au lieu de 2) que les anciens. Pas - voire peu - d’opposition ici où le parc éolien tourne le dos au village. Le remplacement des dix “anciennes” éoliennes de 125 mètres par des 180ma été validé pour 2024 (lire par ailleurs). Ici, personne ne se plaint du bruit, sauf par temps de brouillard, et les agriculteurs n’ont pas observé de vêlages anticipés ou de mal- formations. Pour avoir accepté le projet de renouvellement des éoliennes, la commune obtient une com- pensation financière de 40 000 euros de la part du pro- moteur. Un one-shot qui ne com- prend pas les futurs loyers et taxes. “Ces 40 000 euros vont ser- vir à la rénovation de l’école dont l’enveloppe est de 470 000 euros” Depuis janvier 2021, la commune possède deux

S ans l’apport financier de cinq éoliennes,Valonne, 260 habitants, n’aurait jamais pu enterrer ses lignes électriques aériennes, poser un nouveau bitume sur ses rues, créer un city-stade, ins- taller un panneau d’information

3 000 euros par an et par mât, liés aux loyers (chaque propriétaire est indemnisé pour la location des terrains),

Elles n’ont pas fait fuir les habitants.

interactif devant lamairie, réno- ver entièrement son école et le périscolaire, tout cela à impôts constants. “Disons que les éoliennes nous permettent d’avan- cer plus vite. Elles représentent un quart de notre budget” évoque le maire Michel Thievent, agri-

et entre 12 000 et 15 000 euros par an et par machine, liés à la fiscalité, soit environ 50 000 euros par an depuis 14

Trois nouvelles éoliennes, de 180 mètres de haut, s’ajoutent à celles de 125 mètres dont 10 seront remplacées dans les mois à venir.

indique le maire. Les villages voisins de Dambelin et Solemont impactés visuelle- ment bénéficient également de la même somme. Une compen- sation financière de la part du promoteur est également affectée au château de Belvoir pour la rénovation d’espaces comme son parking. Comparé à 2007, les

représentants du secteur esti- ment avoir “mieux” négocié. L’acceptabilité passe donc par le carnet de chèque du promoteur qui annonce “une pérennisation des retombées financières pour 20 à 25 années supplémentaires” pour les communes du projet et le Pays de Sancey-Belleherbe. n E.Ch.

Le maire de Valonne

promeut l’éolien.