Journal C'est à dire 271 - Mars 2021
V A L D E M O R T E A U
Des sous-traitants gougnafiers menacent le réseau Internet et fibre optique Les “désabusés de la fibre optique” sont nombreux. Le syndicat Doubs Très Haut débit chargé de déployer n’est pas la cause du problème mais la victime. Son président Denis Leroux pousse un coup de gueule.
EMPLOI RESPONSABLE EXPEDITION H/F
Afin de compléter son équipe, la fromagerie de Doubs est à la recherche de son responsable expédition-clientèle . Vous serez à même de gérer les stocks, les commandes et vos équipes d’emboitage, de filmage et de préparation des commandes dans un souci d’ecience et de qualité. Une connaissance de l’HACCP et une bonne maitrise de l’agroalimentaire sera demandée. LE PROFIL RECHERCHÉ : DIPLÔME DE NIVEAU II BTS management vente commerciale ou Licence Pro commercialisation et service ou équivalent par expérience. Salaire 2300€ brut pour 39h hebdomadaire,
D es installations mal faites, des percements incongrus dans la façade d’une habita- tion, des rendez-vous jamais honorés, des voisins débranchés puis des pannes à répétition : voilà à quoi ressemble le raccor- dement à la fibre optique jusqu’à l’abonné dans le Doubs mais pas que. La faute à qui ? “À des sous- traitants non préparés alors qu’on leur met un réseau qui fonctionne à 100% grâce à de
avancer ce dossier qui dure depuis au moins deux ans. Le syndicat Doubs Très Haut Débit, grâce à l’argent des impôts des Doubiens fait pourtant le boulot puisqu’il a déjà investi 130 millions d’euros, permis à 68 000 foyers d’être éligibles et à 25 000 abonnés de recevoir la fibre. Pourtant, il ne maîtrise plus les derniers mètres de fibre allant jusqu’à chez vous, le rac- cordement étant à 99% des cas pris en charge par une société
sous-traitante, qui peut être dif- férente de la société chargée de déployer le réseau. C’est là que le bât blesse. Alors que le Doubs est un des pionniers dans le déploiement de ce service, les raccordements jusque dans lamaison (F.F.T.H.) sont réalisés en dépit du bon sens. Ceci est le résultat d’un mélange détonant entre une organisation mise en place entre les opérateurs d’in- frastructures et les opérateurs commerciaux, connue sous le nomde mode S.T.O.C. (sous-trai- tance opérateur commercial) dans le jargon des télécoms, et une cascade de sous-traitants auto-entrepreneurs mal pilotés, mal formés, sous-équipés et mal rémunérés. “Certains arrivent pour déployer la fibre et n’ont par exemple même pas d’échelle pour monter au poteau. C’est l’ubérisation des télécoms” com- mente le directeur de Doubs très Haut-Débit. ÀMorteau, excédé d’avoir vu sa fibre coupée à six reprises, un habitant en est venu aux mains avec des “sous-traitants” dont le syndicat ne sait même pas qu’ils intervenaient sur le réseau.
l’argent public. Eux saccagent tout !” répond un Denis Leroux excédé. Le président du syndicat Doubs mixte Doubs très Haut-débit a lâché une bombe en dénonçant ce qu’il appelle “un saccage industriel.” Fin février, il a convo- qué les opérateurs (Free et Bouygues étaient présents) et des représentants d’autres départements comme l’Alsace et Drôme-Ardèche - qui vivent lesmêmes problèmes - pour faire
évolution possible en fonction des compétences apportées.
Tél. 03.81.39.05.21 coop-fromageriededoubs@orange.fr
Bouygues et Free ne partagent pas - tout à fait - le constat de Denis Leroux : “On comprend le coup de gueule même si on recon- naît des difficultés. Personne dans la filière n’était prêt à cet afflux de demande, d’où l’arrivée de gens non formés, mais on ne partage pas la méthode car nous nous sommes améliorés” explique
Olivier Raugel, président de la société Free I.T. Le Doubs a choisi d’évincer les sous-traitants pour certains chantiers. “Mais le syndicat va travailler avec qui ? , interroge le président de Free. Avec les mêmes qu’il dénonce” poursuit- il. Pas simple. n E.Ch.
Denis Leroux, président de Doubs Très Haut-Débit, ici lors d’un déploiement de la fibre optique à La Tour-de-Sçay.
Il coince deux sous-traitants en passe de saboter le réseau fibre Gilley
C e jour-là, rendez-vous est pris avec Frédéric Leduc devant le central de fibre optique de Gil- ley, situé devant la caserne des pompiers. Pratique : il réside à 50mètres de là.Hasard du calen- drier, notre rencontre prévue pour qu’il livre son témoignage (croustillant) après une coupure Internet survenue le vendredi 5mars est partagée avec un opé- rateur Orange, en intervention ce jour-là. Ce que ce dernier a entendu l’a sidéré mais ne l’a pas choqué tant l’anarchie règne sur le réseau fibre. En cause ? Des sous-traitants peu scrupuleux qui interviennent pour raccorder le réseau déployé par DoubsTrès Haut débit jusqu’à l’ha- bitation. La vigilance et le courage de Frédéric Leduc ont per- mis d’éviter un sabotage avéré à Gilley.
Le Russey Kafka au pays de la fibre
sous-traitants se rejettent la res- ponsabilité. Il se rapproche alors du syndicat de la fibre du Doubs (T.H.D.) qui est le fournisseur de flux mais n’a aucune responsa- bilité sur l’acheminement indivi- duel aux clients. Grâce à leur entremise, il parvient à contacter au bout de plusieurs semaines un responsable d’Orange. “Et là, c’est la surprise, j’ai été tout bête- ment déconnecté du boîtier de connexion par un sous-traitant au bénéfice d’un autre client” , s’exclame-t-il. Aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre. “Ce que je déplore, c’est la faiblesse, pour ne pas dire plus, du service client d’Orange” , pointe-t-il. n
Jean-Jacques Perrin a connu 5 semaines de panne “volontaire”. J ean-Jacques Perrin n’est pas un novice en termes de nouvelles technologies. “J’ai été un des premiers au Russey à conclure un contrat fibre avec Coriolis” , déclare-t-il. Il est res- ponsable d’une équipe de tech- niciens programmeurs qui inter- viennent à distance chez des professionnels pour régler leurs soucis informatiques. “Dès que j’ai su qu’Orange était disponible sur le secteur, j’ai souscrit un abonnement” , poursuit-il. Le 6 février à 18 h 30, c’est la panne complète et le début d’une galère qui va durer 5 semaines. Des rendez-vous non honorés par des techniciens dépassés et des attentes téléphoniques inter- minables sur des plateformes d’Orange à l’étranger deviennent son quotidien. Les solutions qui lui sont proposées sont défail- lantes (Airbox 4 G changée deux fois à Pontarlier, carte S.I.M. avec 200 Go de données qui ne fonc- tionne pas…). Orange et ses
Frédéric Leduc devant le central déployant la fibre optique à Gilley.
données de Frédéric pour qu’il témoigne. “J’avais déjà alerté l’opérateur” souligne le client fibre. Quel intérêt ont les sous- traitants à effectuer ce genre de manipulation ? Est-ce une façon de provoquer des pannes chez le concurrent pour ensuitemieux appâter le client ? Est-ce une façon pour les sous-traitants, payés au nombre de branche- ments par jour, de provoquer des pannes pour mieux les répa- rer ensuite ? Il y a de cela. Les clients,Altitude Infra, et Doubs Très Haut Débit le propriétaire du réseau, sont les grands per- dants. n E.Ch.
mon problème.Après une certaine insistance de ma part et refusant de déplacer mon véhicule, l’un des deux m’a invité à entrer dans le local et m’a expliqué qu’il avait débranché quatre ou cinq câbles délibérément sur le “routeur” Orange qui est à l’opposé du leur, soi-disant car les câbles étaient mal passés dans les fourreaux. Des excuses bidon selon moi. Acculé par ma requête, il a rebranché devant moi les contac- teurs… et Internet a de nouveau fonctionné chez moi !” raconte- t-il. Ce témoignage n’est pas pris à la légère par le salarié d’Orange présent. Il a recueilli les coor-
réseau. Depuis ma fenêtre, j’aper- çois le central téléphonique de ma commune et constate que deux véhicules utilitaires de pres-
tataire du réseau sont garés. Je prends la déci- sion d’aller à leur ren- contre en prenant soin de garermon véhicule pour les immobiliser, raconte l’homme. Dès que je suis
“Il avoue avoir débranché 5 câbles.”
La suite, c’est Frédéric qui la raconte : “Voilà deux fois que je tombe en panne de fibre à mon domicile. La première
fois, le 7 décembre dernier. Orange est intervenu dans les 24 heures et m’a déclaré que mon câble avait été débranché dans la centrale téléphonique. La seconde fois, c’était ce fameux vendredi 5 mars. Devant mon P.C., j’ai vu tout de suite la panne
entré en contact avec eux, ces derniers m’ont déclaré qu’ils tra- vaillaient pour Free et non pour Orange. Je leur ai expliqué mon problème et leur ai demandé s’ils avaient fait une erreur de mani- pulation. Ils m’ont garanti que non. Ils ne voulaient pas regarder
Jean-Jacques Perrin a galéré plusieurs semaines.
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