Journal C'est à dire 270 - Février 2021
D O S S I E R
Après 15 années d’expérience, le menuisier se lance seul Charmoille
Antoine Petit, le nouveau boucher-charcutier du Russey Le Russey La crise sanitaire de 2020 n’a pas détourné Antoine Petit de ses ambitions professionnelles. Il a repris la boucherie Ménart.
Gaël Massenot a créé en janvier son entreprise de menuiserie. Suite à un licenciement économique en Suisse, il choisit de devenir son propre patron.
portes, fenêtres, escaliers, par- quets… Pour le moment, il n’a pas d’atelier pour confectionner. Tout se fait sur commande, lui assure la pose. “J’avais cette envie de ne plus travailler dans une fabrique industrielle.” Il veut prendre le temps pour peaufiner ses réalisations, la base de son métier. Son rayon d’action oscille à 60 kmautour de Charmoille. n
T itulaire d’un C.A.P. en menuiserie-charpente, Rudy Étevenard a exercé pendant 15 ans dans une entreprise de Fram- bouhans. “J’ai eu un grave acci- dent du travail en 2004 qui m’a valu deux années d’arrêt et l’obli- gation de retrouver un travail moins physique” , déplore Rudy. Il se tourne tout naturellement vers la Suisse, où il trouve un poste chez deux fabricants suc- cessifs de cadrans. Nouveau coup du destin, il est licencié en 2019.Après plusieurs mois de chômage, Pôle Emploi lui propose une formation de soudeur. “Je connaissais par inté- rêt personnel les bases dumétier et je voulais vraiment approfon- dir la spécialité” , déclare-t-il. À l’issue de sa formation, il obtient la licence H.L. 045. Il s’agit d’un procédé de soudage à l’envers utilisé en tuyauterie qui met en œuvre des procédés et des matériaux de pointe. “J’ai dû passer un test pratique hyper- sélectif pour obtenir ce diplôme” , précise Rudy. Nouvelle tentative C. A.P. et Brevet Pro- fessionnel se sont accompagnés d’un apprentissage aux Salaisons Comtoises à Belle- herbe et d’une première expé- rience auNoirmont (Jura suisse) dans une boucherie tradition- nelle. “Je savais que les Ménart après 20 ans passés au Russey souhaitaient vendre leur affaire” , déclare le jeune boucher de 24 ans. “Avec ma femme Kim, nous avons signé la transaction le 13 février 2020 et ouvert notre commerce le jour de la Saint- Valentin, c’était un superbe cadeau que nous nous faisions” , poursuit-il. C’est indubitablement une affaire de couple. La vitrine est d’ailleurs significative, ici on est accueilli par KimetAntoine. Lui au labo, elle à la vente, pré- paration des commandes et ges- confie Antoine. “Au premier confinement, unmois après notre ouverture, nous avons eu vrai- ment peur” , avoue-t-il. Mais les boucheries faisaient partie des commerces essentiels et lamétéo favorable du premier confinement a dopé les ventes. “Bien sûr, nous avons dû nous adapter aux exigences d’hygiène mais franchement nous n’avions pas à nous plaindre par rapport à tous les commerçants fermés” , noteAntoine Petit.Pour rassurer tion administrative. “Nous avons investi 200 000 euros grâce à une avance rembour- sable du Département et un prêt bancaire” ,
N ouvelle année, nou- veaux projets. Gaël Massenot, 33 ans, a réalisé début février ses premiers chantiers demenui- serie pour le compte de son entreprise, M.G.M., créée offi- ciellement le 25 janvier dernier. C’est une responsabilité supplé- mentaire, certes, mais avant tout un changement de vie pro- fessionnelle bien qu’il ne quitte pas son corps de métier : la menuiserie. prise Joly à Belleherbe (ex-Vieil- lard), le titulaire d’un C.A.P. menuisier a rejoint La Chaux- de-Fonds où il a collaboré durant huit années dans une société spécialisée dans ce domaine jusqu’à décembre 2020.Un licen- ciement économique lui fait fran- chir le pas : “Je ne souhaitais pas à nouveau travailler pour le compte d’un autre. J’ai vite décidé de créer mon entreprise. La crise liée au Covid ? Bien sûr que l’on y pense, mais dans le Il assure d’abord la pose. Après avoir tra- vaillé durant 15 ans comme sala- rié, d’abord au sein de l’entre-
bâtiment, il y a toujours des chantiers à réaliser” estime-t- il. Neuf ou rénovation, profession- nel ou particulier, il s’adapte aux demandes pour poser des
Antoine Petit devant sa boucherie du Russey.
leurs clients, ils créent un service de livraison et de click and col- lect (commandes récupérées sur le lieu de vente). Leurs prédé- cesseurs avaient développé une belle activité de vente de salai- sons par correspondance. Bien
de la communauté des amateurs de motos et le bouche-à-oreille lui ouvrent des horizons. “Je finalise en ce moment un échap- pement complet pour une moto sport de collection. Ce projet m’a occupé trois jours en partant simplement d’une feuille de tôle” , note-t-il. L’amortissement du matériel et le coût des consom- mables (utilisation de gaz rares Antoine Petit en profite donc pour offrir de la place dans son magasin à des producteurs locaux de plus en plus nombreux qui travaillent dans cet esprit. Il trouve aussi du temps pour rendre service à sa commu- nauté. Le boucher du Russey est pompier volontaire à Char- quemont et conseiller municipal de ce village où il réside. n Ph.D. valeur du travail et ne parlent pas que d’argent” , rassure-t-il. Il travaille assez fréquemment sur des motos exceptionnelles. Certains propriétaires d’engins mythiques recherchent ces rares spécialistes capables de rénover ou d’améliorer leurs machines. “Je suis très confiant sur le volume de travail à venir et je regrette presque de ne pas avoir sauté le pas avant” , conclut Rudy Étevenard. n Ph.D. peuvent passer leurs com- mandes par téléphone, S.M.S. ou sur sa page Facebook. “Nous avons une clientèle adorable et fidèle et nous travaillons dans une bonne humeur appréciable par ces temps difficiles pour tout le monde” , ajoute Antoine. Il constate également chez ses clients plus jeunes l’envie de bienmanger. “Ils privilégient la qualité à la quantité mais sont aussi en demande de produits sains et de circuits courts” , pré- cise-t-il. très chers) vont l’amener à facturer cette réalisa- tion entre 1 500 et 1 800 euros. “Je colla- bore avec des passionnés qui connaissent la
Gaël Massenot, visseuse en main, est
depuis janvier
souvent, il s’agissait de touristes de passage qui se fournissaient à la boucherie et qui pas- saient ensuite com- mande en cours d’an-
dernier à la tête de sa société de menuiserie.
“Une clientèle adorable et fidèle.”
en Suisse, mais un marché du travail plombé par la crise sani- taire et son fatal manque d’ex- périence dans ce nouveau domaine ne lui ouvrent aucune possibilité. “Depuis toujours, je bricolais dans ce secteur et mon entourage me poussait àme met- tre àmon compte” , poursuit Rudy Étevenard. Afin de minimiser les risques, née. “C’est pratiquement 20 % de notre activité et nous expé- dions du fumé de tradition par- tout en France” , constate-t-il. Antoine Petit met tout enœuvre pour assurer le développement de son commerce. Il propose un rayon d’épicerie fine et présente des produits de qualité régio- naux. Un distributeur automa- tique va êtremis en place devant la boucherie pour offrir un accès à ses produits en dehors des heures d’ouverture. Ses clients riel et consommables suffiront pour lancer l’activité. Tout est prêt début octobre 2020, malgré d’importantes difficultés pour trouver un assureur dans son domaine spécifique d’activité. Passionné de motos, il met à contribution son réseau et se spécialise dans ce secteur. “Bien sûr, j’ai eu un peu d’inquiétude par rapport à cette crise sanitaire qui faisait passer les activités de loisirs motorisés au second plan” , avoue Rudy.Mais la force il décide de faire son atelier chez lui, ce qui lui interdit dans un premier temps de faire du gros volume. Quelques milliers d’euros d’investissement enmaté-
M.G.M., Gaël Massenot : 09 51 46 50 83 ou mgm25380@gmail.com
Rudy Étevenard s’est mis à son compte fin 2020 Charquemont Dans cette période anxiogène, il décide de franchir le pas et d’ouvrir son entreprise, Rudy Techni-soudures.
“Je suis très confiant” dit-il.
Rudy Étevenard et sa dernière production.
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