Journal C'est à dire 269 - Janvier 2021
L E P O R T R A I T
Là-bas, Samuel devient Samba Samaké Originaire de Fuans, Samuel Balanche-Jacquet vit depuis près de vingt au Mali. Un pays confronté aux dérives islamistes mais où le Haut-Doubiste d’origine a fondé une famille et se sent bien. Fuans
L es habitants de Fuans, le village de son enfance, l’appellent Sam, ou Samuel pour ceux qui le connaissent un peu moins. Si un jour vous le croisez dans son village de la banlieue de Bamako, il se retournera sans doute plus spontanément si vous l’avez Samba. Et même Samba Samaké, son surnom local. “Tout le monde m’appelle comme ça ici, c’est un vendeur dans un magasin qui a commencé àm’ap- peler ainsi et c’est resté. Ce nom africain a été pour moi un facteur supplémentaire d’intégration. Je me sens d’ailleurs un peu africain après toutes ces années…” avoue le quarantenaire. expatrié de longue date. Il est aujourd’hui professeur d’espa- gnol dans établissement d’en- seignement deBamako. Qu’est- ce qui a amené ce fils du Haut-Doubs à s’installer au cœur de l’Afrique subsaharienne ? “J’ai entamé des études d’espa- gnol à Besançon avant de pour- suivre ma formation au C.L.A. en Français langue étrangère (F.L.E.). En 1997, je suis parti pour une première expérience à l’étranger enTurquie où j’ai passé deux ans à enseigner dans une université privée.” Retour en France après deux ans, une fois la mission terminée. “En atten- dant de trouver autre chose, j’ai travaillé à la Fabi à Morteau, puis dans un supermarché à la mise en rayon. Je suis reparti entre-temps quelques mois à Barcelone pour travailler mon espagnol dans le cadre d’un pro- gramme européen où j’étais réfé- rent culture française. Puis le C.L.A. m’a envoyé enThaïlande dans une université publique avec le statut de lecteur” poursuit Samuel. Un an plus tard, l’Al- liance française le sollicite pour Venu se ressourcer dans le Haut-Doubs pendant les fêtes de fin d’année, Samuel Balanche-Jacquet (de son vrai nom bien franc-comtois !) est un
assurer une mission d’enseigne- ment auMexique, dans un lycée. “C’était au nord-est du pays, j’en- seignais à des enfants de grosses fortunes locales. Ce secteur du Mexique est devenu très dange- reux.” Le Haut-Doubiste globe- trotter en profite pour découvrir les façades atlantique et paci- fique du Mexique. Avec cette nouvelle expérience, il deviendra parfaitement bilingue en espa- gnol. Riche de ce nouveau bagage, on lui donne le choix ensuite entre Lima au Pérou ou Bamako au Mali. Il choisira l’Afrique. “J’y suis allé en 2002 en me disant que je verrais bien au bout de quelques semaines. Je n’en suis ment, il obtiendra parValidation des acquis de l’expérience sa licence d’espagnol qu’il n’avait pas eu le temps de valider en France. Le voilà installé, pour de bon, en C.D.I. où il enseigne la langue espagnole à des élèves de collège et de lycée dans un établissement français. “Parmi les élèves, il y a des Maliens, des Français et pas mal de Libanais car ce sont eux qui tiennent les grandes surfaces auMali” ajoute Samuel, qui deviendra vite Samba Samaké. C’est là que le jeune homme ori- ginaire de Fuans a fondé une famille, construit une maison plantée de manguiers. Il s’y est marié et avec sa femme d’origine peule, a eux deux enfants, Nes- tor, 9 ans, et Stella, 6 ans. “Le Mali m’a accueilli à bras ouverts, je m’y sens bien” reconnaît Samuel. Et ce, “même si depuis quelques années, le climat a changé. Il y a eu un premier coup d’État en 2012 qui a changé les choses, il n’y a pas la même insouciance. Mais ça n’empêche pas les Maliens de continuer à bien faire la fête et l’esprit de jamais reparti !” note Samuel Balanche-Jac- quet. Après trois pre- miers mois d’essai concluants, il sera embauché et après trois ans d’enseigne-
“Le Mali m’a accueilli à bras ouverts.”
Samuel Balanche-Jacquet est revenu dans le Haut-Doubspour les fêtes de fin d’année.
solidarité est toujours aussi pré- sent” sourit-il. Une pharmacie pillée récemment, une banque attaquée, quelques crimes de sang, mais la présence militaire française arrivée ici en 2013 - avec les récents drames qui ont encore endeuillé l’armée - sont aussi là pour apaiser le climat. Malgré les soubresauts de l’his- toire, Samuel Balanche-Jacquet a désormais une partie de son cœur en Afrique. L’autre reste bien sûr accrochée aux sapins du Haut-Doubs, sa région de naissance où la petite famille vient en général passer une par- tie de l’été. n J.-F.H.
Vous présente ses
M
p eil
leurs vœux
our cette nouvelle année !
Samuel et sa famille. Tous les quatre ont désormais la double nationalité française et malienne.
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