Journal C'est à dire 268 - Décembre 2020

V A L D E M O R T E A U

Morteau

Le Mortuacien Manu Faaitoa a puisé dans ses racines tahitiennes pour concevoir des horloges d’inspiration polynésienne en collaboration avec Philippe Vuillemin, un créateur lui aussi originaire du Haut-Doubs. Ils créent les premières horloges “tahitiennes-comtoises”

L a vie, même quand elle sépare les gens de 18 000 km, fait toujours des merveilles. Ils s’étaient connus il y a plus de trente ans, en 1987, au sein de l’entreprise Brun Polissage alors installée à La Chenalotte. Cha- cun des deux a ensuite suivi son

chemin professionnel, Manu Faaitoa en Suisse, puis à Tahiti, Philippe Vuillemin à Besançon. Et c’est seulement il y a quatre ans qu’ils se sont retrouvés par hasard au cours d’une exposition horlogère à Besançon. Entre- temps, Philippe Vuillemin a repris les rênes d’une entreprise

à Franois, la manufacture d’hor- logerie qui porte aujourd’hui son nom, et leMortuacienManu Faaitoa a quitté sonHaut-Doubs natal pour créer dans l’archipel de ses origines paternelles sa propre marque de montres bap- tisée Temanus. “Je conçois des modèles de montres et des bijoux à base de produits polynésiens, notamment les perles de culture et la nacre” résume Manu Faai- toa. Les deux créateurs viennent d’unir leurs talents pour lancer une collection d’horloges d’ins- piration polynésienne. “Avec ces horloges dont le mécanisme sort de l’usine de Philippe Vuillemin à Franois, j’ai voulu associer mes deux racines, mes deux cul- tures franc-comtoise et tahi- tienne. Ces horloges dont les pre- miers exemplaires sont disponibles sont le résultat d’une collaboration et d’une fabrication française à 100 %” se réjouit Manu Faaitoa qui passera pour la première fois depuis bien longtemps les fêtes enmétropole

Manu Faaitoa a conçu ses horloges avec Philippe Vuillemin, fabricant d’horloges basé à Besançon.

logerie polynésienne, Manu Faaitoa rend le plus bel hom- mage à la terre de ses ancêtres paternels tout en mettant à l’honneur le savoir-faire histo- rique de sa terre maternelle. Le Mortuacien deTahiti, ou leTahi- tien de Morteau, est aussi fier de l’une que de l’autre. Les modèles d’horloges sont à retrouver sur la page Facebook de Manu Faaitoa (Temanus), ou sur le site de la manufacture Vuillemin (horloges- vuillemin.com). n

nelle. Sur certaines, le poids de l’horloge est constitué d’une pierre sculptée originaire de là- bas. “On est fiers d’avoir réussi à adapter la culture polynésienne

pour cause de crise sanitaire. L’objectif des deux partenaires est de fabriquer 118 de ces hor- loges, chaque pièce étant unique. “118, c’est le nombre d’îles que

sur un produit franc- comtois” note Philippe Vuillemin dont l’ate- lier-boutique est ins- tallé à Franois. Le prix de ces horloges “tahi- tiennes-comtoises” varie de 1 500 à 4 900 euros selon les

compte la Polynésie Française” justifie Manu Faaitoa. Une des créations des deux partenaires, aux couleurs chatoyantes, a été fabriquée à par- tir d’un surf, d’autres ont été façonnées dans

“Une collaboration et une fabrication

française à 100 %.”

Différents modèles déjà produits.

modèles. Créateur avec Temanus de la toute première marque d’hor-

du bois local polynésien et arbo- rent des symboles spirituels de la culture tahitienne tradition-

J.-F.H.

Métaux lourds déversés dans le marais : enquête chez Plastivaloire Morteau Une pollution d’origine industrielle visiblement accidentelle a rejeté cuivre, chrome et nickel dans le marais de la Tanche. Une enquête diligentée par les services de l’État a découvert les produits dans un réseau de canalisation sous l’usine. L’alerte, c’est le collectif du marais qui l’a donnée.

ou nickel ont-ils été déversés ? Impos- sible à évaluer mais “assez pour que l’on voie le ruisseau se teinter d’un bleu fluorescent et ce durant plus d’un jour” regrette Nathalie Francesconi, repré- sentante du collectif de protection du marais de laTanche. L’alerte, c’est Mar- tine - une Mortuacienne et membre de ce collectif - qui l’a donnée le jeudi 26. En se promenant, elle découvre cette couleur artificielle dans le ruisseau de la Tanche au niveau du pont, route du Pré des Combes (bas de la zone com- merciale). Le collectif alerte par mail lamairie à 17 h 30.Un technicien inter- vient le lendemain. “Trop de temps perdu” disent les associations de pro- tection de la nature. “Ce n’est pas un problème qui a été traité à la légère au vu des nombreuses autorités compétentes qui se sont dépêchées sur place” défend le maire de Morteau. Les pompiers ont été les premiers sur le site : “Nous avons mis en place un barrage filtrant et nous Guichard. La C.P.E.P.E.S.C. s’interroge sur l’efficacité des bottes de paille uti- lisées. “Elles ont pu relâcher des pro- duits” dit la commission. Ces bottes de paille ont été enlevées depuis et seront retraitées dans une usine de dépollu- tion. Comment les produits ont-ils été iden- tifiés ? C’est le groupe Plastivaloire lui- même qui a dépêché sur place des sala- riés munis d’un kit. Ils ont retrouvé du chrome, du nickel et du cuivre. Les avons remonté le cours d’eau pour localiser la pollution. Quand nous sommes interve- nus, il n’y avait plus d’écoule- ment” détaille le capitaine des pompiers de Morteau Samuel

C’est à ce niveau du

marais de la Tanche que la pollution a été constatée. Les bottes de paille ont été installées puis enlevées par les pompiers

C oup dur pour le marais de la Tanche et plus généralement pour l’état écologique du Doubs. Entre le jeudi 26 et le vendredi 27 novembre, une pollution aux métaux lourds a coulé dans le ruis- seau du marais qui se jette dans le Doubs. “C’est le genre de pollution que l’on espérait ne plus voir ! Ce rejet indus- triel est passé par une canalisation d’eau pluviale alors que ces produits que sont le cuivre, le chrome et le nickel sont soumis à des règles strictes” se dés- ole François Devaux, membre de la commission de protection des eaux (C.P.E.P.E.S.C.). L’association a porté plainte auprès du procureur de la Répu- blique de Besançon. L’association de pêche de la Gaule Mortuacienne se réserve le droit de faire de même, elle qui a dépêché le vendredi 27 ses deux gardes de pêche pour réaliser un pré- lèvement d’eau, envoyé pour analyse au sein du laboratoire Chrono-Envi-

ronnement de l’Université de Franche- Comté. Selon les premiers éléments de l’en- quête, “on se dirige vers une pollution accidentelle et non volontaire, témoigne le maire de Morteau. On regrette cet

incident d’autant que nous sommes dans une démarche de Parc Naturel et de requali- fication des zones humides” concède Cédric Bôle. Le 1 er décembre, une équipe

Plastivaloire coopère et réagit.

pompiers ont fait les mêmes constata- tions. Le problème vient-il des instal- lations de l’usine qui utilise ce genre de produits ? C’est en tout cas dans cette zone que le problème a été identifié par la direction régionale de l’environ- nement (D.R.E.A.L.), sous un ancien parking. Plastivaloire a pris desmesures “en arrêtant le site de production le lundi, explique JeanBernard, à la direc- tion industrielle du groupe. Une per- sonne de la D.R.E.A.L. a mené une enquête au sein de nos installations, ce que nous avons fait également de notre côté. Nous n’avons aucune connexion au réseau pluvial et nous avons réalisé

une “rétention” sur des écoulements qui n’a révélé aucun signe de pollution. Nous sommes surpris car tout ce que nous rejetons passe dans notre station d’épuration qui est ensuite connectée à celle de Morteau” ajoute le profession- nel. Trois hypothèses sont émises : une pol- lution par l’usine, une pollution externe mais proche, ou encore un terrain joux- tant la société. Plastivaloire doit investir dans une nouvelle station d’épuration. D’ici là, le groupe industriel - qui col- labore avec les autorités - va accroître la surveillance. n E.Ch.

de l’Office français de la Biodiversité (O.F.B.) a mené l’enquête grâce à une caméra pour remonter à l’origine de la pollution. Les recherches sont arrivées sous l’usine Plastivaloire. “Notre premier objectif était de faire cesser cette pollu- tion. Le second est de relever les impacts sur le milieu aquatique et sur la faune pour demander ensuite une remise en état” indique Emmanuel Renaud, chef de ce service sous l’autorité du préfet. Combien de litres de cuivre, chrome

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