Journal C'est à dire 267 - Novembre 2020
P L A T E A U D E M A Î C H E
Belleherbe-Sancey
La crise sanitaire et le confinement du printemps ont bousculé durablement les habitudes de consommation. AGRICULTURE ET ÉLEVAGE RAISONNÉS, LES NOUVEAUX STANDARDS DES CIRCUITS COURTS
Les volailles à l’ancienne de David Mouchart Belleherbe David Mouchart installé à Belleherbe propose des volailles élevées à l’ancienne dans sa ferme et sur certains marchés.
sortent des tunnels d’élevage le matin pour courir dans l’herbe. “Je vends éga- lement des poules prêtes à pondre et dans le contexte difficile du début 2020, c’est ce qui a soutenu mon activité” , note-t-il. Au printemps, il vendait 400 à 500 volatiles par semaine. Les rup- tures sur certains produits alimentaires ont relancé l’élevage de poules pon- deuses chez les particuliers. “Le télé- phone sonnait sans arrêt et j’ai même manqué de poules à vendre à plusieurs reprises” , s’étonne-t-il. Il propose plu- sieurs types d’animaux. “J’ai vu des grands-parents venir avec leurs petits- enfants et acheter trois poules de couleurs différentes” , s’amuse-t-il. “Et quelle n’est pas la surprise des gens quand ils ramassent leurs premiers œufs couleur chocolat d’une poule Marans ou bleu pastel d’une Azur” , remarque David. Bien souvent, les gens oublient de ren- trer leurs poules le soir et les renards les rappellent à la dure réalité. L’exploitation est constituée de deux gros tunnels d’élevage, de prairies et
A u milieu des bois, au bout d’une route non goudronnée, c’est le vacarme étourdissant des pintades qui guide vers son exploitation. “J’ai fait de la pro- duction laitière pendant 12 ans et j’ai changé de voie en 2012” , confie David, âgé de 45 ans. Il avait repéré ce petit élevage de volailles créé trois ans aupa- ravant. “Le propriétaire avait investi
trop et trop vite et ne s’en sortait pas financièrement” ,poursuit-il. Il se lance alors dans l’aviculture, mais plus ques- tion d’élevage intensif. “Je fais des volailles à l’ancienne, elles sont nourries pendant 3 à 4 semaines avec un aliment complet (céréales) sans O.G.M. et trou- vent dehors le reste de leur alimenta- tion.” Poules, coqs, pintades, canards et oies
David Mouchart dans son élevage.
avec 28,5 kg consommés par et par per- sonne est la deuxième viande la plus consommée après le porc. L’image du poulet d’importation gavé de produits pharmaceutiques a desservi la filière française qui essaie de rehaus- ser son image. Heureusement, notre terroir compte de plus en plus de pro- ducteurs vertueux et engagés comme David Mouchart. n Ph.D.
oies, chapons, dindes et canards. Parallèlement à sa production avicole, il dédie 15 hectares à des vaches limou-
sines rouges. “Mes bêtes sont élevées d’une manière tradi- tionnelle à l’herbe le plus long- temps possible et au foin de regain en stabulation sans aucun complément”, ajoute
d’un laboratoire d’abattage et de transformation. “Je vends mes poulets à 9,50 euros le kilo, ce n’est pas plus cher qu’un “Label Rouge” dans la grande distribution” , précise David
De notre terroir à votre assiette.
Les poules et volailles sont en plein air.
David. La viande est alors vendue en barquette de 10 ou 20 kg. La volaille
Mouchart. Il prépare activement la sai- son des volailles de Noël et proposera
Vincent Lavocat s’est reconverti dans le maraîchage bio Sancey Vincent Lavocat commence une carrière dans l’informatique. Il exerce à Belfort et Lyon pendant dix ans avant de se convertir dans le maraîchage.
et de juin” , déclare-t-il. Il se concentre sur une trentaine de légumes et a même innové cette année avec une première production de melons. Sa certi- fication bio “Écocert” est un gage de qualité et de respect de la nature. “Je dois suivre un cahier des charges strict avec au mini- mum un contrôle par an et des visites aléatoires” , note Vincent Lavocat. Aucune molécule de synthèse n’est autorisée. Les insecticides sont à base de bac- téries. “Mais le gros travail inhé- rent à la certification, c’est le désherbage mécanique” , avoue- t-il. L’exploitant constate une forte demande sur les produits bio locaux : “C’est important pour les consommateurs de voir la tête du producteur, de lui poser tairement une offre de produits réduite et privilégie les paniers en abonnement. Cette formule lui permet d’organiser son tra- vail au mieux et d’éviter le gâchis. On peut aussi trouver ses produits sur les marchés de la région (Maîche ouAndincourt) et dans quelques épiceries. Même si les consommateurs des questions, d’être ras- suré sur la qualité ou de pouvoir faire un retour positif ou néga- tif.” Il travaille volon-
“J’ en avais ras le bol d’être assis toute la journée et ras-le-bol de la ville”, assure-t-il. Il se
sus et j’ai toujours été intéressé par le monde végétal”, poursuit- il. Décision prise, il passe un Brevet Professionnel d’exploitation agri- cole à Écully près de Lyon. Diplôme en poche, il se met à prospecter. “Je voulais rentrer dans le Doubs et une opportunité s’est présentée à Sancey-le-Long” , préciseVincent. Lamunicipalité souhaitait implanter un maraî- cher sur des terrains commu- vité, seul, en début d’année 2015. Il installe ses 14 ares de serres sur un terrain d’1,3 hectare. Depuis, son épouse l’a rejoint comme conjoint collaborateur et il fait même appel à un sta- giaire l’été. “Je fais mes semis et je produis mes plants sur place. J’en vends d’ailleurs à des particuliers entre les mois d’avril naux au lieu-dit La Baume. Fort du soutien de la ville et de la com- munauté de communes, il commence son acti-
voyait mal poursuivre pendant 30 ans cette vie professionnelle qui ne le satisfaisait plus. “Le désir de nature reprenait le des-
Un cahier des charges strict.
Vincent Lavocat, maraîcher à Sancey.
chainement un groupement de maraîchers producteurs de semences adaptées au terroir local” , conclut Vincent Lavocat. David Mouchard et Vincent Lavocat ont de beaux jours devant eux. Une demande pour des produits bio, traditionnels et de proximité est bien dans l’air du temps. n
recherchent d’abord le goût, il sait que la présentation est pri- mordiale. “Le premier contact visuel est important et je m’ef- force de bien laver mes légumes et de les mettre en valeur” , assure Vincent. Il continue à aller de l’avant et apporte des amélio- rations techniques à son activité. “J’ai le projet de rejoindre pro-
Les serres à La Baume.
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