Journal C'est à dire 265 - Septembre 2020

P L A T E A U D E M A Î C H E

1870, 150 ÈME ANNIVERSAIRE D’UNE GUERRE OUBLIÉE Histoire

Le 19 juillet 1870, Napoléon III déclare la guerre aux États du nord de l’Allemagne fédérés par la Prusse. La cuisante défaite française qui s’ensuit va façonner le monde à venir.

Contexte

Le chancelier prussien Bismarck œuvre depuis plusieurs années à l’unification allemande. Craignant la volonté d’hégémonie sur l’Europe de Napoléon III, il multiplie les provocations diplomatiques vis-à-vis de la France et s’emploie à son isolement. L’année 1870 est considérée par certains historiens comme une année charnière

L’ empereur français déclare donc la guerre à cette coalition alle- mande le 19 juillet 1870. Mal préparée, dotée d’ef- fectifs et de moyens inférieurs à son ennemi et stratégiquement inefficace, l’armée française ne peut éviter la catastrophe. Napo- léon III capitule au siège de Sedan le 2 septembre 1870. Son régime s’écroule et la République

est proclamée le 4 septembre 1870 par Léon Gambetta. Mais la guerre se poursuit et le gou- vernement se retrouve assiégé à Paris. Humiliation suprême, le 18 jan- vier 1871, Bismarck fait procla- mer l’Empire allemand et son Empereur Guillaume 1 er dans la galerie des Glaces du château de Versailles. L’État français est contraint à la signature de l’ar- mistice le 26 janvier 1871. Le traité de paix signé à Franc- fort le 10 mai suivant dictera les conditions du vainqueur : annexion de l’Alsace, d’une par- tie importante de la Lorraine et un tribut de 5 milliards de I l s’agit d’une armée hété- roclite (100 000 hommes) constituée de survivants d’autres armées, de jeunes recrues sans instruction mili- taire, de cadres inexpérimentés et d’une intendance désorgani- sée. Le 2 janvier 1871, Bourbaki marche sur Belfort assiégé par les Prussiens depuis le 3 novem- bre 1870. La place forte sous le commandement du colonel Den- fert-Rochereau se défendra héroïquement jusqu’à la capi- tulation française. Après une victoire en demi- teinte à Villersexel, les troupes de Bourbaki se dirigent vers Héricourt. Le long de la Lizaine, ils ne parviennent pas à briser

francs-or (l’équivalent de 20 % du produit intérieur brut du pays). L’armée impériale alle- mande occupera un grand quart nord-est de la France jusqu’au paiement intégral de cette dette de guerre en septembre 1873. 139 000 soldats français et 51 000Allemands périrent pen- dant ce conflit. Plus de 500 000 soldats français furent détenus dont 420 000 en Allemagne (18 000 y sont enterrés). 85 000 soldats finirent pour la plupart cantonnés en Suisse. La Commune de Paris sera la première conséquence de ce désastre. L’insurrection popu- laire du 18 mars 1871 sera écra-

Le panorama Bourbaki - extrait (photo E. Ammon)

sée lors de la “semaine san- glante” (du 21 au 28 mai 1871) avec l’accord tacite des Prus- siens. En France, la République s’installera définitivement (à l’exception du régime collabo- rationniste de Vichy de 1940 à 1944). La tendance au parlementa- risme se développera en Europe. Parallèlement à l’unification

allemande, cette guerre préci- pitera l’achèvement de l’unité italienne. Le retrait des troupes françaises qui protégeaient les États du Pape permit l’annexion de Rome qui devint la capitale du pays. Les conditions poli- tiques aboutirent à un dévelop- pement économique important en Europe. La grande industrie s’impose et l’exode rural vers

les usines des grandes villes crée une nouvelle classe sociale dans les États européens. Contrairement à l’idée reçue, l’esprit de revanche fortement distillé par les politiques après cette guerre n’est plus considéré comme le motif principal du conflit qui éclatera 47 ans plus tard. n Ph.D.

En bref…

l Covid

Du siège de Belfort à la fuite en Suisse de l’armée de Bourbaki Dans notre région Mi-novembre 1870, l’armée de l’Est est créée. Le général en chef Charles-Denis Sauter Bourbaki en prend le commandement le 14 décembre.

Un contrôle des gestes bar- rières, notamment sur le port du masque, a été effectué samedi 22 août sur le marché hebdomadaire place de l’Hôtel de ville à Morteau par la gen- darmerie en lien avec la Police municipale. Cette action com- mune, à caractère préventif, avait pour objectif de vérifier le port du masque de protection sur les lieux publics recevant plus de dix personnes. Malgré la signalisation mise en place par la municipalité, quelques mises en demeure ont été faites durant la présence des forces de l’ordre, bien compris par les usagers étourdis pour la plupart, sans qu’aucune verbalisation ne soit nécessaire. D’autres contrôles sont programmés en divers endroits et manifestations sur le ressort de sa circonscrip- tion, souligne le Lieutenant Mersch commandant la com- munauté de brigades de Mor- teau. Les centres-villes, les zones commerciales, les gares et moyens de transport, les marchés, les brocantes, les éta- blissements recevant du public (restaurants, bars) feront l’objet de contrôles réguliers.

Clinchant établit son quartier général aux Verrières-de-Joux et négocie avec la Suisse le pas- sage de son armée. “Ce sont 87 467 hommes, 11 800 chevaux, 285 canons et 1 158 voitures qui

le front ennemi (du 15 au 17 jan- vier). Contre l’avis du gouver- nement, le général décide une retraite sur Besançon le 18 jan- vier. Ne supportant pas son échec, il tente sans succès de se

suicider le 26 janvier. Le général Justin Clinchant lui succède et le 27 janvier, c’est une armée en désor- dre qui arrive à Pon-

passent la frontière les 1 er et 2 février 1871” , précise l’auteur. Que reste-t-il de ces événements ? C’est d’abord un formidable

Élan de solidarité de la population suisse.

élan de solidarité de la popula- tion helvétique qui apportera un soutien sans faille aux sol- dats désarmés français. Les artistes s’emparent de ces scènes ancrant la fuite de l’armée de l’Est dans la mémoire nationale collective. L’œuvre la plus connue s’intitulant “Panorama de Bourbaki” est signée du pein- tre Édouard Castres.Volontaire de la Croix Rouge Française, il assiste à cette déroute. Le tableau cylindrique (10 mètres de haut et 36,5 mètres de dia- mètre) est exposé à Lucerne dans unmusée qui lui est consa- cré. La fin de cette guerre franco- prussienne installe encore plus la Suisse dans sa politique de neutralité. La Croix-Rouge d’Henry Dunant (fondée en 1859) y voit l’occasion de sa pre- mière intervention d’envergure. Côté français, le pays se dote de plus de 900 monuments aux

tarlier. “La ville entière devient un bivouac, le pain manque. Faute de foin, les chevaux meu- rent de faim tout attelés” , écrit Jean-Louis Clade dans son ouvrage “Chronique d’une guerre oubliée” (Édition Cabé- dita 2015).

Le monument aux morts de Maîche.

morts. Ce n’est pas l’État qui finance ces projets mais les com- munes et des initiatives privées. On en compte plus de 20 dans le département du Doubs dont un au cimetière de Maîche. Il est le produit d’une loterie orga- nisée par le Docteur Taillard et le Comte de Mérode, maire de

la commune. 59 soldats y sont honorés (dont 15 inconnus). Une partie issue des bataillons régio- naux qui étaient levés pendant cette guerre sont originaires de la région. D’autres, de Bretagne, d’Auvergne, de la région pari- sienne ou du sud-ouest ont fini leurs jours à Maîche. n

e lion de Belfort (Bartholdi), symbole de la défense héroïque de la place forte.

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