Journal C'est à dire 263 - Juin 2020
L E P O R T R A I T
Morteau
Deux mois en plein cœur de la tempête Covid… Karine Romand, praticien hospitalier, est la pharmacienne de l’hôpital Paul-Nappez de Morteau. Depuis la mi-mars, elle a vécu avec les différents services toutes les étapes de la crise sanitaire. Entre moments de tension et élans de solidarité, cette expérience aura marqué tout un établissement de soins. Témoignage.
Karine Romand : “J’espère aujourd’hui que la solida- rité va perdurer dans d’autres domaines.”
S ouffler, respirer… Enfin. Après deux mois et demi sur le pont, le personnel de l’hôpital Paul-Nappez peut sans doute se dire que le
l’hôpital et seul praticien hos- pitalier rattaché à l’établisse- ment de soins mortuacien et vice-présidente de la Commis- sion médicale d’établissement (C.M.E.) aura vécu au jour le TINS vi Xa o a edi de Fr nç is- EDIS MA S DE 8H30 À 13H espect des ges llet dans le r
pire est désormais derrière eux. Que le stress lié à l’inconnu, au manque d’équipements, aux incertitudes face à un virus sour- nois appartient au passé. Karine Romand, la pharmacienne de au 14 jui enseigner jusqu’ us r OU OUS LES S ous du sam z- ende r v T - AM V SUR RENDEZ
de cette crise sanitaire qui s’est brutalement abattue sur l’hô- pital aux alentours du 20 mars. “Ce jour-là, nous avons eu le pre- mier cas de Covid avéré au sein de l’E.H.P.A.D. Tout s’est alors enchaîné très vite” raconte-t-elle. Le week-end qui a suivi a été particulièrement compliqué : organisation d’un secteur dédié Covid, “avec des agents et des médecins qui ont passé la nuit sur place, les Dr Rabbe et Schoep- fer. Il a également fallu rappeler les préparatrices en pharmacie pour augmenter les stocks,notam- ment d’oxygène. Et en même temps il a fallu entièrement revoir le protocole d’hygiène pour éviter les contaminations croisées. Pour tout le monde, ce contexte était complètement nouveau, il a fallu s’adapter, parfois improviser. On a senti une grande pression sur nos épaules” reconnaît Karine Romand.À ce moment, on igno- rait tout, ou presque, du virus, de sa dangerosité, sa vitesse de transmission et sa durée de vie sur les surfaces. “Cette nécessité impérieuse de mettre en place une prise en charge sans avoir toutes les données scientifiques nécessaires, c’est ce qui nous a le plus frappés.” Le lundi suivant, les premières cellules de veille étaient mises sur pied au sein de l’établisse- ment, sous l’égide du médecin coordinateur Denis Suplisson, de Karine Romand et des cadres de l’hôpital. Ces cellules se sont réunies deux fois par semaine afin d’ajuster au plus près les réponses techniques, d’hygiène et médicales à une situation qui évoluait tous les jours. “Cette cel- lule ne se réunit plus qu’une fois par semaine depuis le 25 mai” précise la pharmacienne.Depuis cette date, il n’y a plus eu de tests positifs au Covid dans l’établis- sement. Face à un virus qui a non seulement touché des patients et résidents de l’E.H.P.A.D.(avec plusieurs décès hélas à déplorer),mais également le personnel soignant, il a aussi fallu s’organiser sur le plan des ressources humaines. Au plus fort de la crise, une cinquantaine d’agents sur 210 manquaient à l’appel. “Nous avons lancé un appel sur les réseaux sociaux pour rechercher du personnel. Suite à cet appel auquel 135 per- sonnes ont répondu, nous avons embauché 55 personnes, dont cer- taines même ont refusé d’être rémunérées, ainsi qu’une ving- taine d’élèves infirmiers. La soli-
jour en plein cœur du réacteur Covid. Une expérience qui aura marqué l’ensemble des acteurs
darité autour de cet épisode a vraiment été exceptionnelle” ajoute Karine Romand. À tous les niveaux, à tous les postes, du service achats confronté à la pénurie de surblouses au service ressources humaines en passant évidemment par le personnel soignant (infirmières, aides-soi- gnants,A.S.H., etc.), les cuisines qui ont également dû s’adapter, puis le service d’hygiène et les agents d’entretien en première ligne aussi. “On n’a jamais été démunis complètement mais il y a quand eu de vrais moments d’angoisse” note avec le recul Karine Romand. Au plus fort de la crise, la soli- darité s’est égalementmanifestée par des dons réguliers de maté- riel de protection venant d’en- treprises du secteur ou de par- ticuliers ainsi que les livraisons de gâteaux, pizzas et autres remontants de ce genre “qui ont vraiment fait du bien au moral. Il faut espérer cette fois que la solidarité perdure dans d’autres domaines pour soutenir les sec- teurs économiques en difficulté sur le Val de Morteau” note Karine Romand. En ce début du mois de juin, après deuxmois et demi de tem- pête, il semble enfin que la crise sanitaire soit derrière nous. “Aujourd’hui on respire. mais toujours avec le masque sourit la vice-présidente de la C.M.E. La pression est presque retombée. On maintient évidemment les gestes barrières et les mesures de précaution pour les accès à l’hôpital, et il n’y a plus de secteur Covid au sein de l’établissement. Il reste juste un secteur-tampon pour sécuriser les entrées en hébergement et l’hôpital a repris enfin une activité plus normale.” De cette crise sanitaire, il restera forcément quelque chose. “On n’espère pas revivre un tel épisode mais on en tirera du positif, notamment en termes d’organi- sation et de relations entre les services” estime la pharmacienne. Pour tous les agents de l’hôpital de Morteau, la fin de la tempête s’accompagne d’un gros ouf de soulagement. Pour Karine Romand, c’est aussi le temps de tomber le masque pour enfiler un autre costume : celui d’ad- jointe aumaire deMorteau char- gée des affaires culturelles, une fonction qu’elle occupe officiel- lement depuis le 25 mai et à laquelle elle compte aussi se don- ner à fond. n J.-F.H.
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