Journal C'est à dire 263 - Juin 2020
D O S S I E R
L’hôpital de Morteau a traversé des moments difficiles Durement touchés, les services et le personnel de l’hôpital Paul-Nappez de Morteau ont traversé une période tendue, avant un retour à la normale mi- mai. Retour d’expérience avec le directeur délégué de l’établissement.
V ers le 25 mars, aux pires moments de la crise sanitaire, l’hôpital de Morteau a tenu bon. Pourtant, déjà une dizaine de morts sans doute liées au Covid-19 avaient déjà
endeuillé des familles locales et assombri le moral des troupes.Vers le 25 mars, le directeur délégué de l’établissement Thibault Euvrard commentait : “Nous déplorons déjà cinq décès en médecine et soins de suite et deux à l’E.H.P.A.D. Les personnes n’avaient pas été dépistées mais il est fort probable que ces décès soient liés au virus au vu des symptômes consta- tés.” Lemaire deMorteau Cédric Bôle confirmait aussi que “la situation s’amplifie de jour en
est sorti l’établissement de soins mortuacien ? “La situation s’est stabilisée avant la fin avril et mi-mai, “nous pouvions dire que la situation s’était stabilisée. Attention, cela ne veut pas dire que l’épidémie est terminée, mais nous avons déploré beaucoup moins de décès qu’en
de contacter l’hôpital au préalable pour orga- niser la visite. “Le visiteur doit porter unmasque et, selon les instructions de l’A.R.S., remplir un questionnaire de santé et signer une charte de bon fonctionnement. Les visites sont orga- nisées en lien avec le personnel de l’hôpital” ajoute M. Euvrard. Pour autant, deux mois et demi après le début du confinement et l’émergence de cette vague de cas à Morteau, “le virus n'a pas disparu de l’hôpital” prévient la direction. Du côté du per- sonnel, les choses vont beaucoup mieux aussi. La plupart étaient déjà revenus au travail mi- mai et heureusement, “nous ne déplorons aucun décès parmi le personnel.” Pendant toute cette période critique, l’hôpital de Morteau a eu l’immense satisfaction de pou- voir bénéficier de précieux renforts : d’étudiants des I.F.S.I. de Pontarlier, de Vesoul et de Lons, ainsi que de soignants retraités, du personnel
SANTÉ
début de période, et un bon nombre de guérisons” note Thibaul Euvrard. Les équipes de Paul-Nappez avaient alors pu commencer à organiser le déconfi- nement au sein des unités. Les visites à l’E.H.P.A.D. ont pu recom- mencer mi-mai, sous contrôle strict. “La reprise des visites est très encadrée,
jour sur tout le territoire du Val de Morteau et que l’hôpital n’est pas épar- gné, puisque des patients, résidents et des personnels de santé sont touchés.” Des patients suspects avaient alors été transférés de l’E.H.P.A.D. au secteur de médecine et soins de suite où ils ont reçu un suivi médical adapté et
En mai, le virus n’avait pas disparu de l’hôpîtal.
une présence infirmière renforcée. Du côté du personnel, l’inquiétude était également de mise puisque sur les 210 agents que comptaient la structure, une trentaine était alors absent, quelques-uns touchés par le Covid-19. Après le passage de cette vague, comment s’en
elles se font dans un espace réservé, isolé et sécurisé. Il y avait un triple enjeu dans cette réouverture progressive : la sécurité de nos rési- dents, celle des visiteurs et celle du personnel” ajoute le directeur délégué. Concrètement, avant toute visite, les familles étaient obligées
Une cinquantaine d’agents avaient été touchés par le virus, aucun n’en est décédé heureusement.
Les salariées de la M.A.R.P.A. ont sauvé leurs résidents en se confinant avec eux Pierrefontaine-les-Varans Ils font partie de ces héros de l’ombre. Six salariées des Clarines de Bellevue ont accepté du 30 mars au 17 mai de vivre jour et nuit avec les résidents à tour de rôle. Cela a suscité de belles expériences et quelques craintes. Auront-ils la prime gouvernementale ? Pas sûr…
D es fleurs, des chocolats, des lettres de remerciements… Les familles des résidents de la Maison d’accueil et de résidence pour personnes âgées (M.A.R.P.A.) de Pierrefontaine-les- Varans ont rendu un hommage à Chris- tine, Marie-Laure, Catherine, Domi- nique, Rachelle et Nadine. Ces six salariées, avec leur directrice Cathy Schultz, ont accepté du 30 mars au
17 mai de se confiner avec les 20 rési- dents dont la moyenne d’âge est de 86 ans. Elles ont été aidées par Françoise, une bénévole membre du conseil d’ad- ministration, et dumari de Dominique, chef cuisinier dans la vie active, qui a souhaité se confiner avec l’équipe ! C’est lui qui a préparé les repas. Résultat de ce choix : aucun malade du Covid-19 à la M.A.R.P.A. des Cla- rines de Bellevue. “J’ai proposé ce confi-
nement à l’équipe quand j’ai vu l’épi- démie prendre de l’ampleur. Tous ont accepté. Nous avons fonctionné avec deux équipes de 3 salariées qui restaient confinées avec les résidents 8 jours. Les 8 jours suivants, elles repartaient chez elles où elles étaient confinées” explique Cathy Schultz, la directrice. D’ordinaire ouverte sur l’extérieur, la résidence s’est donc refermée. Il y a eu de bons moments, et de moins bons. “Nous voulions être proches de nos résidents… Nous avons joué, mangé et ri avec eux. Il y a eu de super- moments autour des excellents repas préparés par notre chef cuisiner” témoigne la directrice. Des moments d’angoisses aussi : “Une nuit, nous avons dû joindre les secours.” Un rési- dent était victime d’une crise d’an- goisse. Les salariées ont dû s’adapter également en se privant de leur famille, ce qui n’a pas toujours été facile. Depuis, tout est rentré dans l’ordre : les visites des proches peuvent repren- dre, les aides-soignantes reviennent, les salariés reprennent un rythme normal. Christine, Marie-Laure, Catherine,
Les repas ont été préparés par un chef cuisinier qui s’est confiné avec les résidents.
Atelier coiffure improvisé.
Dominique, Rachelle et Nadine auront- elles droit à la prime gouvernemen- tale ? “Notre personnel n’est pas reconnu comme des soignants donc il ne peut pas en bénéficier. Pourtant, elles le méritent…Nous avons demandé à la M.S.A. et la fédération nationale des M.A.R.P.A. qu’une prime leur soit accordée” annonce la directrice qui n’avait pas encore obtenu de réponse. Après des émotions partagées ensem- ble, l’équipe s’est juré d’organiser un bon repas quand la crise sanitaire sera passée. Les résidents de la M.A.R.P.A. ont des anges gardiens…Deux places sont encore disponibles. n E.Ch.
Des résidents épargnés par l’épidémie.
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