Journal C'est à dire 254 - Mai 2019

V A L D E M O R T E A U

“L’hôpital de Morteau gardera son autonomie” Morteau L’hôpital de Morteau a de nouveau un directeur en la personne de Thibault Euvrard. Quelle est sa feuille de route, ses intentions, ses ambitions à Morteau ? Interview.

C’ est à dire : Quelles sont vos premières impressions sur votre nouveau cadre de vie mortuacien ? Thibault Euvrard : C’est une région où il fait vraiment bon vivre, avec une population très accueillante, des paysages magnifiques et en prime, une excellente gastronomie. J’ai été étonné en arrivant ici de voir qu’il y avait autant de services de proximité, de commerces et un bassin d’emploi aussi dyna- mique. Càd : Vous êtes le nouveau directeur délégué de cet hôpi- tal Paul-Nappez de Morteau. Que signifie ce terme “délé- gué” ? T.E. : Cela signifie que je suis sous l’autorité d’Olivier Volle, le directeur du Centre hospitalier intercommunal de Haute-Comté à Pontarlier, qui assure toujours l’intérim de la direction de Mor-

teau. L’Agence régionale de santé (A.R.S.) a souhaité mettre en place une direction commune entre Pontarlier et Morteau. Càd : Cela signifie-t-il que l’hôpital de Morteau perd peu à peu de son autonomie ? T.E. : Non. Une direction com- mune ne signifie en aucun cas une fusion-absorption. L’hôpital de Morteau gardera son auto- nomie, son conseil de surveil- lance présidé par le maire de Morteau, son budget, sa politique ressources humaines, etc. L’idée d’avoir cette direction commune est de favoriser une coopération de proximité entre les deux éta- blissements, une mutualisation de certains moyens comme l’in- formatique par exemple, et des échanges de compétences. La pérennité de l’hôpital deMorteau n’est donc pas du tout remise en cause, au contraire. Je peux le garantir sur facture ! Je pré- cise aussi à destination du per-

Thibault Euvrard est arrivé en mars

à la tête de l’hôpital de

Morteau et de ses 200 agents.

Càd : L’hôpital compte plus de 200 agents au total pour 183 équivalents temps plein. Quel est votre message pour eux ? T.E. : C’est également un des principaux challenges que je me suis fixé : la fidélisation du per- sonnel et le renforcement de l’at- tractivité de cet hôpital. Il y a toujours cette incertitude liée à la proximité de la Suisse mais le maintien de la cohésion et de l’esprit d’équipe est à mes yeux le pilier de ma mission. Avec le personnel, je veux m’inscrire dans une logique de manage- ment participatif. Nous sommes tous dans le même bateau. Càd : Le personnel a déjà manifesté ses difficultés, mais enmême temps l’hôpital peine à recruter ? T.E. : C’est tout le paradoxe. Il faut éviter que le personnel ait à trop tirer sur la corde et donc, autant que faire se peut, procé- der aux recrutements néces- saires. Mais actuellement, nous avons 4 postes d’infirmiers ouverts et pour l’instant, nous n’avons pas les candidats en face. n Propos recueillis par J.-F.H. 2017 l’école des hautes études en santé publique à Rennes. Sorti de sa promotion en jan- vier 2018, il a occupé un premier poste en tant que directeur d’un foyer de l’enfance en Touraine. Après cette expérience qui ne lui a “pas vraiment plus” dit-il, il a souhaité réintégrer un établis- sement hospitalier. Il a donc répondu à l’annonce publiée au Journal officiel qui ouvrait ce poste de directeur délégué de l’hôpital de Morteau où il est offi- ciellement installé depuis début mars. n

Càd : Vous serez donc un directeur à 100 % ? T.E. : Presque. Olivier Volle me met à disposition de l’hôpital de Morteau à 90 % de mon temps et les 10 % restants, je les passe à Pontarlier avec un objectif qui est de créer le futur pôle géria- trie-handicap qui verra le jour d’ici la fin de l’année à Pontarlier. L’idée de ce pôle est de refondre

T.E. : Le projet n’est pas encore validé officiellement par l’A.R.S. mais notre projet est bien d’aug- menter le nombre de places de cet E.H.P.A.D. qui en compte 96 actuellement. Si le projet se confirme, il y aurait une ving- taine de places en plus. On a ici aussi une population qui vieillit et l’idée est bien de répondre à ces problématiques d’attentes

sonnel qu’il est hors de question que des agents de Morteau ail- lent travailler à Pontarlier et vice-versa. L’idée d’une direction commune est bien d’optimiser l’offre de soins de proximité sur le territoire du Pays Horloger.

19 au 30 juin 20 Jusqu’

trop longues au domi- cile ou en secteur d’hospitalisation. Pour le reste, notre vocation sera de maintenir les 20 lits de médecine et les 20 lits de soins de suite

l’ensemble des struc- tures médico-sociales et de créer une meil- leure fluidité du par- cours-patient. Je suis donc le lundi matin à Pontarlier et le reste du temps àMorteau où

“Avec le personnel,

nous sommes tous dans le même bateau.”

est installé mon seul bureau et où je réside avec ma famille. Càd : Quelle est votre feuille de route en tant que nouveau directeur ? T.E. : Mes priorités sont les sui- vantes. D’abord le renforcement des partenariats, avec les élus locaux, le corps médical, les familles et les bénévoles ainsi que le maintien de la place de l’établissement sur son territoire. Ensuite, lemaintien du lien avec le C.H.U. de Besançon dans le cadre duGroupement hospitalier de territoire en termes de logis- tique, de centrale d’achat, afin de réaliser des économies d’échelle.Mon troisième objectif est de maintenir l’équilibre du budget de cet hôpital. Le dernier objectif est le renforcement de la logique d’hôpital de proximité avec lemaintien d’une offre sani- taire et médico-sociale sur ce secteur. C’est-à-dire maintenir l’existant sur la médecine de ville et les soins de suite et de réadaptation, et maintenir l’exis- tant également sur l’offre médico-sociale. Concernant l’E.H.P.A.D., le souhait est d’aug- menter l’offre. Càd : Le nombre de places devrait donc augmenter ?

et de réadaptation, ainsi que nos 53 places en services de soins infirmiers à domicile et les 30 lits de l’unité de soins de longue durée, les longs séjours. Càd : Le départ prochain d’aumoins sept médecins du Val deMorteau vous inquiète- t-il ? T.E. : Il faut impérativement maintenir l’offre médicale car un hôpital sans médecin, ce n’est pas concevable. Il faut donc avoir sur ce point la meilleure anti- cipation possible. Son parcours T hibault Euvrard a 35 ans, il est marié et a un enfant de 4 ans. Il a des origines franc-comtoises (Haute-Saône). Juriste de formation, il a suivi son cursus en région parisienne, il est titulaire d’un double master en droit médical et de la santé, et en droit international. Il a com- mencé sa carrière en tant qu’at- taché d’administration au C.H.U. de Rouen. En 2015, il a obtenu le concours de directeurs d’éta- blissement et a suivi en 2016-

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