Journal C'est à dire 250 - janvier 2019
L E P O R T R A I T
Haut-Doubs
L’ivresse de la montagne à tous les étages Guide de haute montagne
“J’ a i toujours pensé qu’il y avait quelque chose à déve- lopper dans le massif du Jura autour de l’ini- tiation à l’escalade, du ski, de l’alpinisme facile à condition de faire preuve d’imagination” , explique celui qui est à l’origi- ne de la cascade de glace arti- ficielle en place depuis deux ans à Métabief. Une idée très bien accueillie par les responsables de la station qui lui ont laissé carte blanche. Une question de confiance, car Benjamin Souf- flot qui a travaillé plusieurs sai- sons comme pisteur-secouriste à Métabief avait déjà tracé l’iti- néraire de ski de rando qui évi- te les risques de télescopage avec les skieurs ou les dameurs. “C’est une pratique en plein essor. Ce circuit permet de faire une bala- de assez sauvage jusqu’au som- met” , poursuit le guide qui exer- ce au sein de la société Roc’Émo- tion avec son associé Yvan Binot. depuis un an, Benjamin Soufflot partage sa vie entre les Alpes et le Haut-Doubs où il réside avec son épou- se et ses deux petites filles. Rencontre.
Ce binôme très complémentai- re encadre des activités de spé- léologie, canyoning, via ferrata, ski nordique, cascade de glace, ski de rando… “On fait de la for- mation notamment auprès du Club Alpin Français. On inter- vient par exemple sur la sécuri- té, le ski de rando, le thème nei- ge-avalanche…” , poursuit Ben- jamin Soufflot qui s’occupe aus- si de l’escalade au C.A.F. du Haut-Doubs. Cette polyvalence lui permet de passer la moitié de son temps sur le massif du Jura.
Il y a plus de risques d’éboule- ment. Tous les guides s’inter- rogent sur l’évolution de la pro- fession. À l’avenir, on devra peut- être adapter nos habitudes de courses en avançant par exemple l’ascension du Mont-Blanc en juin au lieu du mois d’août pour bénéficier des meilleures condi- tions” estime le professionnel. Originaire de Thorens-Glières en Haute-Savoie, Benjamin a appris le ski tout jeune sur les pistes de la station de Manigod- Croix-Fry. Pour des raisons pro- fessionnelles, la famille Soufflot
Comme tout guide de haute montagne, il accompagne des clients en ski, en alpinisme dans les Alpes. Sans oublier les voyages à skis à l’étranger, à l’ins-
s’est déplacée ensuite à Nice avant de venir s’établir à Dole où le fis- ton alors âgé de 12 ans découvre l’escalade dans le club “Pas de lézard.” Plus tard, il suit
“Pour moi, guide, c’était plutôt un rêve.”
Alpinisme, escalade, ski de rando, cascade sur glace, Benjamin Soufflot est polyvalent dans ses activités.
fessionnelles dans l’événemen- tiel sportif en milieu urbain, Benjamin Soufflot trop attiré par la montagne passe son diplô- me de pisteur-secouriste et se fait embaucher à Métabief où il fera six saisons. “J’ai toujours été attiré par la montagne mais guide, pour moi, c’était plutôt un rêve. À force de pratiquer, j’ai pris conscience que ce n’était peut-être pas aussi inaccessible.” Il lui faudra une dizaine d’an- nées pour mener à bien son pro- jet.
Examen probatoire réussi, il entre à l’École Nationale de ski Alpinisme (E.N.S.A.) en 2014, à l’âge de 35 ans, promotion Dia- faro. “Avant de postuler, il faut présenter un carnet de 50 courses effectuées et en préparer autant pour l’examen. On est déjà alpi- niste en intégrant l’E.N.S.A. où l’on apprend plus les techniques d’accompagnement, de sauveta- ge.” Pendant sa formation, pour subsister, il travaille dans une entreprise de travaux acroba- tiques, et dans une salle d’es-
calade en Suisse. Tout se méri- te. Après trois ans d’effort, le voilà membre la prestigieuse famille des guides de haute montagne en septembre 2017. Un métier exigeant, à grosses responsabi- lités, mais avec de belles com- plicités qui se nouent avec les clients dont certains deviennent des amis. Seule règle de condui- te à tenir pour Benjamin Souf- flot : ne jamais oublier de res- ter humble face à la montagne. n F.C.
tar du ski-bateau dans les fjords norvégiens, où la cordée s’offre de belles ascensions à chaque escale. Sa double implantation n’est pas illogique sur le plan professionnel sachant qu’il y a sur le Haut-Doubs un gros poten- tiel de clients montagnards. Amoureux des sommets alpins, il constate au quotidien l’impact du réchauffement climatique sur les glaciers. “Les voies nor- males deviennent plus difficiles.
une formation dans le mana- gement du sport à l’université de Savoie-Chambéry. C’est là qu’il se met vraiment à l’alpi- nisme. “J’ai débuté sans aucu- ne formation avec un copain qui partageait la même passion. On avait une approche assez spon- tanée sans souci des règles de sécurité. Mais comme on dit, la montagne est généreuse mais elle laisse beaucoup de vies.” Après quelques expériences pro-
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