Journal C'est à dire 247 - Octobre 2018

D O S S I E R

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Les pôles d’emploi suisses structurent le marché du travail Frontaliers LA FRONTIÈRE, UN ELDORADO ?

L’attractivité du Haut-Doubs frontalier, la hausse de la population et la densité commerciale s’expli- quent directement par le dynamisme de l’industrie suisse voisine pourvoyeuse de milliers d’emplois.

L a partie française de l’Arc jurassien franco- suisse qui s’étend de Maîche à Morteau est en pleine croissance démogra- phique. C’est une des particu- larités de ce secteur par rapport à la plupart des autres zones de montagne en France. Résultat : l’offre commerciale en hyper- marchés et supermarchés est à la hauteur de son développe-

ment démographique, il n’y a qu’à voir le formidable déve- loppement des zones commer- ciales ces dernières années, par exemple à Morteau. Le travail frontalier contribue évidemment à l’attractivité résidentielle et au maintien d’un taux de chô- mage relativement bas dans notre secteur, l’un des taux plus bas de France. Le taux de chô- mage de la zone d’emploi de Mor-

Conséquence de la bonne santé de l’économie locale tirée par la Suisse : l’urbanisation galopante du Haut-Doubs frontalier.

Les travailleurs frontaliers P rès de 10 700 travailleurs frontaliers résident dans la partie française de l’Arc jurassien dans un triangle Morteau-Maîche- Valdahon. Ces 10 700 travailleurs frontaliers représentent un tiers de la population active en emploi et toutes les communes proches de la frontière sont concernées par ce phénomène, “les flux les plus importants partent de Morteau et de Villers-le-Lac” note l’O.S.T.A.J. La grande majorité des travailleurs frontaliers font d’ailleurs le trajet en voiture, source d’engorgement sur les routes (voir l’article en page 25). La route Besançon-Neuchâtel dite Route des microtechnique est ainsi une des voies les plus fré- quentées de l’Arc jurassien. Quelques frontaliers, 3 % seulement, utilisent les transports en commun, et notamment le “train des hor- logers”, ligne ferroviaire entre Besançon et La Chaux-de-Fonds. Le travail frontalier a augmenté de 3 % entre 2009 et 2014, soit 300 frontaliers supplémentaires. Toutefois, les chiffres plus récents font état d’une moindre croissance en 2016, en lien avec le ralentissement de l’industrie horlogère. Mais il n’en reste pas moins que 22 % des emplois de la partie suisse sont occupés par la main- d’œuvre frontalière. Au Locle, cette part des frontaliers dans l’emploi dépasse même les 40 %. n

teau s’établissait à 7,3 % mi- 2017. Poussé par ce dynamisme éco- nomique, le Haut-Doubs fron- talier poursuit sa croissance

çaise et de 0,6 % par an dans la partie suisse. “Les constructions neuves dans la partie françai- se sont souvent de grandes mai- sons individuelles. De fait la tache résidentielle, c’est-à-dire la consommation d’espaces natu- rels pour des usages résidentiels, y augmente à un rythme soute- nu, supérieur même à celui mesu- ré dans les espaces périphériques des grandes villes” ajoute l’O.S.T.A.J. La Suisse exerce indéniablement son pouvoir d’attraction, qui s’ex- plique aisément : la densité d’em-

plois au km² y est six fois plus importante que côté français. 56 établissements côté Suisse dépassent les 100 salariés et concentrent 31 % de l’emploi a compté l’institut statistique. Côté français, les établissements industriels de plus de 100 sala- riés se comptent sur les doigts des mains. Mais l’agriculture y occupe une place toujours importante : essentiellement tournée vers le bovin lait, elle représente plus de 9 % des emplois, contre 4 % dans la par- tie suisse. n J.-F.H.

travail suisse. De jeunes ménages s’y installent, ce qui génère aus- si un solde naturel positif. De fait, sa population est assez jeu- ne : 26 % sont âgés de moins

démographique. “La population augmente à un rythme de + 1,2 % par an entre 2009 et 2014. Presque toutes les communes françaises de la zone frontalière

de 20 ans” révèle l’ob- servatoire statistique transfrontalier de l’Arc jurassien (O.S.T.A.J.). L’évolution du parc de logements est à l’image des différences de dyna-

Presque toutes les communes gagnent des habitants.

misme démographique entre les parties française et suisse : de 2009 à 2014, il a augmenté de 1,6 % par an dans la partie fran-

gagnent des habitants, grâce aux excédents naturel et migratoire. La zone est attractive car elle permet d’accéder au marché du

teur. Il s’agit d’un organisme à but non lucratif, agréé par le préfet de Région. Il constitue un nouvel acteur du foncier dont l’objet est de constituer un parc Cette pression foncière qui exclut les non-frontaliers… Logement Comment conserver des logements accessibles à la propriété pour des salariés qui ne travaillent pas en Suisse ? Le Département met en place des réponses pour le Haut-Doubs. logique anti-spéculative, un contrôle de l’affectation des loge- ments en fonction des ressources des ménages et un accompa- gnement lors de la mutation des droits réels et l’encadrement du Demeure un autre levier pour régler cette question du loge- ment “abordable” : que les entre- prises augmentent les salaires ou que des communes (comme Valdahon) préemptent et enca- drent le prix des terrains au mètre carré. n

mettre d’acquérir du foncier par l’intermédiaire de l’Office fon- cier solidaire (O.F.S.), à l’exemple de la Haute-Savoie. Nous avons par exemple des difficultés de recrutement pour les auxiliaires de vie. Cela s’aggravera si nous ne faisons rien alors que les besoins seront encore plus impor- tants avec le vieillissement de la population !” poursuit l’élue. Le Département du Doubs s’est saisi du dossier via la création de cet Office dont l’objectif est d’acquérir et de gérer des ter- rains, bâtis ou non, en vue de réaliser des logements et des équipements collectifs, destinés à la location ou à l’accession à la propriété, à usage d’habita- tion principale. Il comble éga- lement la faible proportion de logements sociaux dans le sec-

pérenne d’accession à la propriété ou à la loca- tion à destination des ménages modestes, sous plafond de ressources et de loyer ou de prix le cas échéant. Le dispo-

prix de revente des droits réels permettant le maintien durable de l’offre à un prix abor- dable. Le bail réel solidaire

P our un salarié payé au S.M.I.C., comment débourser 850 euros par mois dans un logement de 57 m 2 à Morteau ou acqué- rir un morceau de terrain dont le prix au m 2 dépasse allégre- ment les 170 euros, et vivre décemment ? Impossible. Seu- le solution : quitter le Val de Morteau pour s’installer dans la seconde voire troisième cou- ronne, là où les prix - bien qu’en augmentation - demeurent plus faibles. Un choix qui l’éloigne

À destination des ménages modestes.

de son travail et augmente ses frais de déplacement. Dans le même temps, les entre- prises locales de services ou du secteur industriel peinent à recruter. Une quadrature du cercle. “C’est un vrai sujet sur lequel nous voulons apporter des réponses, présente Jacqueline Cuenot-Stalder, conseillère départementale du canton de Morteau et présidente de l’Agen- ce départementale pour l’in- formation sur logement du Doubs. Notre objectif est de per-

E.Ch.

Le Département du Doubs organise mercredi 14 novembre à Orchamps-Vennes (Théâtre, à 18 h 30) une réunion sur le thème de la pression foncière, et des conséquences sur l’emploi et le logement dans le cadre des 10 ans de l’Observatoire départemental de l’habitat.

sitif d’ensemble repose sur : une dissociation du foncier et du bâti permettant l’acquisition par les ménages de leur résidence prin- cipale à un prix abordable en achetant les droits réels gre- vant le bâti et dont la durée est “rechargeable” en cas de muta- tion (vente-donation-succession), l’acquisition et la conservation du foncier par l’Office dans une

(B.R.S.) peut être compris entre 18 et 99 ans en vue de la loca- tion ou de l’accession à la pro- priété de logements, avec s’il y a lieu, obligation pour ce der- nier de construire ou réhabili- ter des constructions existantes. À la fin du bail, les construc- tions deviennent la propriété de l’Office contre indemnisa- tion.

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Val de Morteau

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