Journal C'est à dire 240 - Février 2018
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L E P O R T R A I T
Charquemont
En harmonie avec lui-même En 49 ans de musique, Paul Vuillemin n’a jamais manqué un concert avec les harmonies de Charquemont, Villers- le-Lac, des Brenets. Son papa ayant quitté la direction des orchestres, il réalise son rêve d’enfance en organisant des soirées musicales, accompagné de son saxophone.
Lac. C’était comme ça. Il y avait l’au- torité” se remémore le Charquemon- tais, horloger de profession au sein de l’entreprise familiale… tenue par le papa. Pour comprendre le poids musical dans cette famille, il faut remonter au grand- père et donc au père. Âgé de 87 ans, Pierre Vuillemin fut l’un des plus grands chefs d’orchestre du Haut-Doubs. Il a dirigé la Démocrate à Charquemont, l’Harmonie d’Audincourt, la Fraterni- té de Villers-le-Lac, la Fanfare des Bre- nets. Sa vie, il l’a dédiée à la musique. Il y a trois ans, l’âge aidant, il a cédé sa place au pupitre après avoir été dis- tingué à de nombreuses reprises en raflant de nombreux concours avec ses “élèves”. Le Haut-Doubs est une terre d’har- monie. Un bémol : le si charismatique chef d’orchestre n’appréciait pas le jazz, au grand regret de Paul, son fils, dont le premier défilé avec la Démocrate remonte à 1967. “C’était à la Fête des gentianes au Russey. J’avais 12 ans.”
D ans son garage aménagé en studio musical, rue des Aubé- pines à Charquemont, les notes du saxophone réson- nent à merveille. Paul Vuillemin (62 ans), une fois le “saxo” dans les mains Bio express Paul Vuillemin l &93 :55836+; 3903(:9;1:;%#$#; ;,// ;72;5:86;1:;07;53-8.4.; 2800:'86) .(68:9;4:62:;"79;&8:99:* 536;"!9:+; 0;07;1898(:;7 :-;536; 9!9: :76)&8:99:;1:;%# $; ;,// +; l :;,// ; ;,/%$*;80;864!(9:; 07;53-8.4.; 89791)&:99:(72 ; "285; 80 :94)&:484 :76*;:6; 2855:+ l 258 2:+; #;765;1:;'258 2:;72 5:86;1:; 7; .'3-974:; 39- :549: 1 79'368:;1:"285;,/// *; 79'368:;1 2186-3294*; 974:9684.;1:; 800:95)0:) 7-*; 76 79:;1:5; 9:6:45+; l 9.74836;1:; 7 3; 79;:6;,/% + l $,;765; 9:49784.
ne pense plus à rien. Pour maîtriser son répertoire de 100 morceaux, il s’as- treint à une rigueur musicale trans- mise par Pierre, son père. Paul l’avoue : jouer seul, sans les amis de l’harmo- nie à ses côtés depuis près de 50 ans, “n’a pas été une décision simple à prendre.” Depuis la création de “Saxo bar” en 2015, il propose des concerts ou soirées musicales lounges dans la grande région. Son dernier grand évé- nement : assurer le show devant 800 personnes lors des vœux de la muni- cipalité à Audincourt. Il a tenu plus de 4 heures ! Chez les Vuillemin, la musique est plus qu’une histoire de famille. C’est un équilibre de vie. Quitte parfois à frô- ler l’indigestion pour Paul qui a suivi sans jamais y déroger le répertoire des harmonies ! Forcément, ça laisse des traces. Mais le musicien a toujours été assidu dans les orchestres dirigés par son père. “En fait, j’ai manqué un concert en 49 ans ! C’était en 1987 quand je suis allé chercher ma fille adoptive au Brésil. Chez nous, on vivait avec l’or- chestre. Lorsque l’on avait fini de répé- ter le mardi soir à Charquemont, notre papa nous mettait dans la voiture et on allait le lendemain répéter à Audin- court, puis un jour après à Villers-le-
Paul Vuillemin après tant d’années à l’harmonie de Charquemont anime des soirées ou événements avec son saxophone.
Ses trois autres frères ont baigné ou baignent encore dans l’univers musi- cal : Pascal, le petit dernier, en a fait son métier. Il est pianiste enseignant au conservatoire de Besançon. Jean- Pierre, à la trompette, Philippe au bugle,
a permis de réaliser son premier C.D. Musicien professionnel dans le domai- ne électronique sous le nom d’ “Inclo- se”, Paul-Henry a notamment joué devant 1 500 personnes à la Cigale à Paris, moment que son père n’aurait raté pour rien au monde. “C’était une grande émotion que de le voir derriè- re le rideau rouge” évoque Paul. Les notes musicales coulent dans les veines des Vuillemin… dont le nom est encore associé à une marque de montres fondée par le grand-père en 1920 à Charquemont. La firme a employé jus- qu’à 57 personnes en 1997. Le 29 février 2004, elle fermait ses portes. Une ima- ge dure encore ancrée dans la tête de notre jazzman qui s’évade avec ses saxos. Une passion communicative. n
Paul n’a jamais osé voler de ses propres ailes. Il a atten- du l’âge de 60 ans moment où Pierre a cessé d’être chef d’orchestre : “Mon envie de concrétiser ce projet a été d’une grande force et je m’en suis
ont contribué aux heures de gloire des harmonies. “Ce n’est pas parce que je ne suis plus dans l’équipe que j’oublie, dit Paul. J’ai par exemple œuvré au rapprochement et à la fusion de la Démocrate et de la Phil-
“Quitter mes amis de l’harmonie n’a pas été facile.”
donné les moyens matériels au niveau du son pour assurer au maximum toutes les soirées. Mes concerts restent un plai- sir ! Selon moi, le saxophone est un ins- trument sensuel dont le timbre est très proche de la voix humaine. Il permet de reproduire toutes les émotions” explique-t-il comme libéré.
harmonique pour que la musique conti- nue de vivre dans le village.” Il n’a aucun compte à rendre. L’année 2018 s’annonce riche en évé- nements pour le saxophoniste appelé pour diverses manifestations. Il peut compter sur son fils Paul-Henry (23 ans) pour progresser. Ce dernier lui
E.Ch.
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