Journal C'est à dire 239 - Janvier 2018

L E P O R T R A I T

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La Chaux-de-Gilley

Les multiples casquettes de “Gégé” le douanier C’est l’homme à tout faire du Saugeais. Quand il ne contrôle pas les touristes entrant en République, Gérard Jeannier prête main-forte à la piste de la Cernay-Blanche. Un téléski qu’il connaît sur le bout des gants.

Gérard Jeannier au téléski de la Cernay-Blanche à La Chaux-de-Gilley.

“P apiers s’il vous plaît !” Ce jour-là, la rencontre pré- vue à La Chaux- de-Gilley avec Gérard Jeannier a bien failli tomber à l’eau. La faute à un laissez-passer oublié sur le bureau de la rédaction, sésame obligatoire délivré par la présidente de la République du Saugeais pour entrer sur ce territoire regroupant 11 com- munes. Le douanier surnommé “Gégé” n’est finalement pas zélé. Il a accepté d’ouvrir la porte de sa maison dotée d’un tuyé. À 76 ans (le 17 février), l’agriculteur à la retraite fait partie du folk- lore sauget, un territoire à part. Gérard est dans cette veine. Il n’a surtout jamais compté ses heures pour se rendre béné- volement au carrefour de La Longeville et de Ville-de-Pont contrôler un car de touristes histoire “d’amuser la galerie”. “Il m’est arrivé certains jours de faire 5 douanes par jour, se remémore-t-il, amusé. Une a même été faite à 3 heures du matin pour un rallye automo- bile. À chaque fois, on monte dans le bus où seuls le chauf- feur et l’organisateur sont au courant, et on fouille. Certains ne sont pas tranquilles. Il nous est arrivé de contrôler un car de douaniers suisses en visite, de demander à leurs compagnes d’ouvrir leur sac à main. Ils nous ont dit : “Chez nous, on ne fait pas comme cela.” Et nous de répondre que l’on était ici ni en France, ni en Suisse, mais dans le Saugeais !” poursuit Gérard. Le costume de douanier, il l’a remis samedi 6 janvier lors des vœux de la présidente et l’en- filera encore le 7 mars “pour contrôler cette fois le chef des douanes françaises en visite dans Comme le dit si bien le dicton, “les Saugets aiment la gentiane, le ser- rat et le saupiquet. Ils mangent beaucoup, boivent à peine. Mais ça ne regarde pas les Fran- çais.”

le département” annonce Louis Perrey, secrétaire général de la République qui défend “un patri- moine, un terroir, avec l’abbaye de Montbenoît comme berceau.” Ici, les titres sont pompeux… mais ils ne rapportent rien. “Lorsque j’ai commencé doua- nier, on m’a dit que c’était pour un contrôle par-ci par-là. Fina- lement, mes frères ont dû me remplacer parfois lors des foins !” ajoute “Gégé”, qui ne regrette rien. Sa première mission : c’était lors de la première car- te aux trésors. Tout s’est enchaî- né. Le “vieux” garçon a un planning rempli dès le printemps. L’hi- 80 perches. Les sapins ont été coupés voilà 40 ans pour la créa- tion de cette piste d’environ 400 mètres, démarrant à 1 120 mètres d’altitude pour se ter- miner à 890. “À l’époque, on ne savait pas dans quoi on s’em- barquait. On a commencé avec un fil-neige revendu ensuite aux Alliés. Le téléski est ensuite arri- vé quasiment en même temps que celui de la Montagne de Gil- ley en 1973, et Maîche. Des géné- rations ont skié ici.” Gérard a suivi la maintenance durant toutes ses années du matériel. Aujourd’hui, l’association du vil- lage poursuit le travail en offrant la possibilité aux locaux, sco- laires, touristes, de skier sans se ruiner. “Quand il faut aider ou réparer, j’y vais” déclare le montagnon. Une façon de pas- ser le témoin ou de délivrer quelques conseils aux plus jeunes : “Il ne faut pas penser qu’à acheter du neuf… On peut par exemple décabosser les perches.” Traditions et bonne humeur sont la recette sauget- te. Deux insignes que le “faux douanier” porte en étendard. n E.Ch. ver, le ski occupe cer- taines de ses journées. Le retraité a connu l’ou- verture de la piste de ski alpin de la Cernay- Blanche et l’implanta- tion de ses 6 pylônes et

40 ans de téléski derrière lui.

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26 février 2018

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