Journal C'est à dire 234 - Août 2017

É C O N O M I E

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L’habitat consomme toujours plus d’espaces naturels Étude Même si notre région est une des moins “arti- ficialisées” de France, l’étalement résidentiel est de plus en plus marqué. La tache résidentielle se répand surtout autour des axes de commu- nication et sur la zone frontalière.

Les logements couvrent 3 % de la superfi- cie de la Bour- gogne- Franche- Comté (source I.N.S.E.E.- D.R.E.A.L.).

M algré toutes les lois prises ces dernières années en matière d’urba- nisme - loi S.R.U. qui a instau- ré les plans locaux d’urbanis- me, loi A.L.U.R. plus récemment -, rien ne semble pouvoir arrê- ter l’étalement urbain et l’arti- ficialisation des espaces natu- rels. Cette tendance semble iné- luctable depuis l’apparition du

dernier. Avec des pics d’inten- sification constatés essentiel- lement sur la zone frontalière ces dernières années. Ainsi, si les logements couvrent en moyenne 3 % de la surface globale de la Bourgogne- Franche-Comté, ce chiffre se situe entre 5 et 10 % sur le ter- ritoire de la communauté de communes du Val de Morteau, presque autant que dans le Grand Besançon. “Le pic d’ar-

La tache rési- dentielle pro- gresse surtout dans les cou- ronnes des centres urbains et la bande fronta- lière (source I.N.S.E.E.- D.R.E.A.L.).

processus de péri- urbanisation dans les années soixan- te-dix. Si “seulement” 4,5 % de la super- ficie de la région Bourgogne-

tificialisation prin- cipal est constaté dans le Haut-Doubs entre les années 2006 et 2011” précise le statisti- cien de l’I.N.S.E.E. Sur le plateau du

“Le pic d’artificialisation principal constaté dans le Haut-Doubs.”

de croissance de la tache rési- dentielle sont au moins deux fois supérieurs à ceux de leur population. Quelques territoires cependant échappent à l’éta- lement résidentiel comme le Pays de Pierrefontaine-Vercel par exemple. Plusieurs facteurs expliquent que la progression de la tache résidentielle soit plus rapide que

Franche-Comté sont occupées par des sols artificialisés, c’est- à-dire transformés en routes, zones commerciales ou habi- tations, “l’expansion résiden- tielle est supérieure à l’aug- mentation de la population” affir- me Yohann René, de l’I.N.S.E.E. Bourgogne-Franche-Comté, co- auteur d’une étude sortie le mois

Russey par exemple, l’accrois- sement des surfaces résiden- tielles au détriment des sur- faces naturelles ou agricoles augmente de 2,5 % par an, contre 0,9 % par an en moyen- ne dans la grande région. Dans d’autres secteurs comme les intercommunalités de Pontar- lier et de Besançon, les rythmes

la courbe du nombre d’habitants : d’abord ce que l’I.N.S.E.E. appel- le la “décohabitation” , c’est-à- dire le fait que les familles dont les couples se séparent ont néces- sairement besoin de plusieurs logements. Entre 1982 et 2011, le nombre de personnes par ménage est ainsi passé de 2,8 à 2,2 en Bourgogne-Franche-Com-

té. Ce facteur est encore plus marqué dans les secteurs urbains où les séparations sont plus nombreuses. Parmi les autres facteurs explicatifs, il y a aussi l’augmentation tendan- cielle des surfaces par logements et ce, malgré les différentes lois qui se sont succédé. Le nombre de maisons avec jardins et éga-

lement en hausse. “On essaie d’empêcher l’étalement urbain, mais force est de constater qu’on n’a pas ralenti le processus lors de ces dix dernières années” déplore Sylvie Fouché, chef de service adjoint chargée du déve- loppement durable et de l’amé- nagement à la D.R.E.A.L. n J.-F.H.

Zoom Le prix du foncier a progressé deux fois plus vite dans le Doubs L e Doubs est parmi les huit départements de la région Bourgogne- Franche-Comté celui où les prix du foncier ont le plus aug- menté ces dernières années. Alors que le prix du mètre carré constructible s’établit en moyenne à 47 euros sur l’ensemble de la Bourgogne-Franche-Comté, il atteint les 70 euros dans le Doubs. Entre 2010 et 2014, les prix du foncier ont bondi de 11,1 % par an. C’est deux fois plus vite que la moyenne régionale. “Cette forte haus- se s’explique non seulement par un effet de la superficie des terrains mais aussi par une concentration plus importante des projets dans la zone frontalière” observe la D.R.E.A.L. Les disparités au sein de la région sont immenses. Dans les dépar- tements ruraux de la région, le prix moyen du foncier s’établit autour de 30 euros par m 2 , et même à 20 euros dans la Nièvre. Trois fois et demie moins cher que dans le Doubs. n

Sylvie Fouché de la D.R.E.A.L. reconnaît l’im- puissance des autorités à limi- ter l’étalement urbain.

Depuis 1982, la tache résidentielle se diffuse entre les principaux pôles urbains et autour des axes de communica-

tion (source I.N.S.E.E.- D.R.E.A.L.).

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