Journal C'est à dire 229 - Février 2017

P L A T E A U D E M A Î C H E

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Maîche Quel avenir pour Christian Bernard ?

Dans quelques jours, le sort de l’emblématique usine maîchoise sera scellé. Entre inquiétude et espoir, le personnel vit cette période dignement, misant comme la direction sur un savoir-faire reconnu pour sauver le site et ses emplois. Ren- contre avec le directeur Max Labonne.

alliances de mariage qui s’ap- puient sur une tradition bien ancrée ainsi que les marques et la joaillerie haut de gamme, qui elles s’adressent à un public moins touché par la crise, se por- tent plutôt bien.” Le site de Maîche produit jus- tement des alliances et de la joaillerie haut de gamme, pour respectivement 70 et 30 % du chiffre d’affaires, catégories de produits qui sont donc peu tou- chées par les crises. “Nous tra- vaillons en flux tendu, avec des délais de livraison de 5 à 8 jours, ce qui correspond parfaitement aux attentes des clients bijou- tiers, et booste les prises de com- mandes. Tout cela nous a per- mis d’enregistrer une activité en croissante de 15 % en 2016.” Et pourtant… depuis quelques semaines, C.B.D. est en redres- sement judiciaire. “Nous subis- sons la forte baisse des ventes de produits sans marques. Dans notre métier, les gens recherchent des produits à forte identité et pas des génériques. Le groupe a donc accumulé les dettes et la situation de la trésorerie est deve-

nue très complexe, d’où cette pro- cédure” explique sans détour Max Labonne ajoutant : “Le site de Maîche subit la situation du groupe.” Sans basculer dans un opti- misme démesuré, le patron voit de bonnes raisons d’espérer pour l’usine de Maîche sachant que, si repreneur il y a, celui-ci se positionnera soit pour l’ensemble du groupe soit pour le seul site du Haut-Doubs. La décision reviendra au Tribunal de Com- merce après examen des éven- tuels dossiers déposés mi-février. “Nous avons déjà eu des visites” confie Max Labonne qui à ces occasions joue un rôle d’am- bassadeur mettant en avant les atouts de son établissement. “Les employés jouent aussi un grand rôle en vivant dignement cette période. Ils sont eux aussi convaincus que notre savoir-fai- re est notre meilleur atout.” Union sacrée donc à C.D.B. Maîche où direction et personnels atten- dent le dénouement sans heurts, avec des informations données régulièrement. Même les clients se sont montrés solidaires en maintenant leurs commandes assurant ainsi activité et tré- sorerie, de quoi notamment assu- rer le paiement des salaires. Bureau d’études, fabrication y compris sur mesure avec une réactivité reconnue, service après-vente, “les employés du site de Maîche répondent aux attentes du marché.” Un savoir- faire local en or pourtant plom- bé par une stratégie de grou- pe qui a conduit au redresse- ment judiciaire. Ils sont main- tenant 72 à espérer que des industriels avertis vont le com- prendre et sauver leurs emplois. Tous ou une grande partie au moins. Réponse première quin- zaine de mars. n D.A. pour leur donner une chance d’apporter leurs idées dans le débat public” explique-t-il. Il y voit là un geste civique et non pas un soutien partisan, avouant être sensible aux candidats qui prennent le temps de venir ren- contrer les maires ruraux com- me lui. “J’avais parrainé Jacques Cheminade en 2012. Et c’est paru au J.O. Je n’ai eu que peu de réac- tions dans le village car tous connaissent mes idées et le sens de ma démarche.” Transparen- ce qu’il affiche cette année enco- re avec le même souhait de voir un petit candidat prendre part au débat public : “J’ai décidé de parrainer Alexandre Jardin du mouvement “Les Citoyens”. Ce choix se fait sur le désir de don- ner la parole à un mouvement proche des personnes et des citoyens car c’est de là que peu- vent sortir des idées nouvelles ou des projets innovants pour redonner à l’image de notre démocratie le vrai sens de sa devise Liberté, Égalité, Frater- nité.” n

P our bien comprendre la situation, il faut savoir que Maîche et ses 72 employés ne représen- tent qu’un établissement du groupe Christian Bernard Dif- fusion (C.B.D.) : “Nous avons 180 personnes au siège à Paris et 1 500 dans notre usine en Asie, sans oublier deux bureaux pour la commercialisation à Dubaï et Hong-Kong” détaille Max Labon- ne, directeur du site maîchois. Avec la flambée du prix de l’or, matière première principale qui a vu son prix tripler depuis 2006, la production a baissé, entraî- née par une chute des com- mandes, les clients ne consti- tuant plus de stocks mais fonc- tionnant en flux tendus. For- tement fragilisé, le groupe a

d’ailleurs eu recours à un impor- tant plan social en 2009. Christian Bernard Diffusion est présent sur le marché de la bijou- terie-joaillerie sur toutes les gammes de produits, de l’entrée de gamme au haut de gam- me. “Seulement, toutes les gammes ne se comportent pas de la même façon face à la cri- se. Les bijoux fantaisie, entrée de gamme et moyen de gamme sans marques, des produits géné- riques, ont subi une très forte baisse des ventes en 2016.” En effet, surtout dans cette caté- gorie de produits, les consom- mateurs préfèrent acheter des produits portés par des marques à forte identité, comme Pando- ra ou Swarovski par exemple. “En revanche, les

Dans les ateliers, on continue à mettre du cœur à l’ouvrage.

Philippe Brisebard, délégué syndical central C.F.T.C. Entré dans le groupe Christian Bernard Diffusion en 1984, il a connu l’actuel site de Maîche avec jus- qu’à 260 salariés. Trois plans de licenciements plus tard, ils ne sont plus que 72. “D epuis quelques années, tout le monde s’est bien aperçu que l’activité du groupe diminuait. Maîche était moins touché du fait notamment de la fermeture d’une des usines en Chine, ce qui a ramené ici une partie de la production” confie le responsable syndical. Les ouvriers du site maîchois ont même eu droit à des semaines de travail en modulation haute jusqu’à 42 heures, de quoi entretenir la confiance. “En plus ici, nous avons de nombreux atouts avec en plus de nos marques propres des contrats avec les marques de luxe. Du fabri- qué en France qui est une vraie plus-value” poursuit-il. Même si les inquiétudes sont légitimes, tous croient donc qu’un repreneur ou un investisseur va se manifester pour sauver sinon le groupe tout entier au moins l’usine de Maîche. De son côté, Philippe Brise- bard sera présent lors des comités centraux d’entreprise qui sui- vront les dépôts des candidatures à la reprise et veillera à ce que le projet retenu soit inscrit sur le long terme “avec un maximum d’em- plois sauvés” souligne-t-il. Et si des licenciements devaient surve- nir, il sera le seul représentant habilité à signer l’accord collectif pour déterminer les catégories de personnels touchés, les critères rete- nus et la procédure qui suivra. n

Max Labon- ne sait que les produits

haut de gamme

fabriqués ici sont un véri- table atout

pour son établisse- ment.

Politique Élection présidentielle : parrainer ou pas ?

pas de parrainage, cette année en tout cas “qu’il soit rendu public ou non n’y change rien.” Il constate comme ses collègues être très sollicité, par un grand nombre de prétendants à la fonc- tion suprême, parfois farfelus, parfois défendant des idées très respectables et généreuses. “Je crois cependant que l’élection présidentielle ne peut pas être une occasion de défendre une seule cause aussi louable soit elle et surtout qu’un trop grand nombre de candidats au premier tour brouille le débat.” Quant à son choix personnel de citoyen, il explique : “Je continue à écou- ter les différents candidats, leurs idées et je porterai mon choix sur celui qui proposera le program- me le plus réaliste et le plus clair pour la défense des plus dému- nis, de la nature et des territoires ruraux.” Un peu plus loin, aux Fonte- nelles, Pascal Barthod a lui aus- si des convictions connues proches des Républicains. “Je privilégie les petits candidats à qui j’apporte mon parrainage

Il n’aura échappé à personne que l’élection prési- dentielle approche à grands pas. Les candidatures, plus ou moins sérieuses, se multiplient comme à chaque fois. Sauf que tous n’auront pas leurs bul- letins imprimés par la République Française. Il faut pour cela 500 parrainages.

D éputés français ou européens, sénateurs mais aussi maires. Ces élus sont les seuls à pouvoir adouber un candidat pour que celui-ci puisse ensui- te se présenter devant tous les Français. Anonymes jusqu’en 2007, ces parrainages ne l’étaient plus qu’en partie en 2012, une partie étant rendue publique au Journal Officiel par tirage au sort. Cette année, tout le mon- de saura qui a signé pour qui. Mais attention, signer un par- rainage ne veut pas toujours dire qu’un élu lui apportera ensuite sa voix ou qu’il invite ses concitoyens à en faire autant. Tous les élus n’ont pas la même approche.

Pour Régis Ligier, maire de Maîche qui connaîtra à ce titre sa première élection présiden- tielle, pas question de parrai- ner : “J’ai évidemment mes convictions personnelles mais j’ai été élu sans étiquette donc je n’ai pas à les afficher à cette occa- sion.” Élu depuis 2008, Franck Villemain, maire de Frambou- hans tient sensiblement le même discours : “Tout le monde dans ma commune connaît ma sen- sibilité de gauche mais dans mon conseil municipal par exemple, je ne sais pas forcément qui vote quoi. Ce n’est donc pas par crain- te de retour de bâton que je n’ai jamais parrainé mais plutôt pour respecter cette neutralité.” Pour le maire du Russey Gilles Robert,

Pascal Barthod, maire des Fontenelles, apportera son parrainage à Alexandre Jardin afin de voir ses idées alimenter le débat présidentiel (photo archive Càd).

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