Journal C'est à dire 226 - Novembre 2016

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Le Locle “La situation du co-voiturage ne s’est pas améliorée, au contraire” Depuis 2011 à l’échelle de l’Arc jurassien, la part du co-voiturage est passée de 12 à 25 %. D’autres comptages plus localisés montrent l’effet inverse. Entretien avec Claude Dubois, le président du Locle.

C’ est à dire : Vous semblez sceptique sur la progression du co-voiturage ? laude Dubois : On a fait des mesures à l’échelle locloise. Elles montrent que le covoiturage s’es- souffle. En 2011, sur 850 voi- tures, on en comptait une cen- taine avec deux personnes. Trois ans plus tard, on est dans un rapport de 70 sur 820 véhicules. Repères Le co-voiturage à l’échelle de l’Arc jurassien l La part modale du covoitu- rage est passée 12 % à 25 % depuis 5 ans l 3 000 covoitureurs, soit 6 000 au total l Augmentation de 2,07 % à 2,50 % du taux d’occupation 17 000 000 km économisés par an l Coût par nouveau co-voitu- reur d’environ 350 euros

létique adaptée ? C.D. : On pose des panneaux accès interdit aux bordiers. Si vous allez chez un riverain, il faut être en mesure de le prou- ver. On distribue des macarons. On vient de prendre un arrêté intercommunal avec Les Plan- chettes, la Chaux-de-Fonds, Les Brenets pour réglementer la cir- culation sur les routes secon- daires. Càd : Que risque le contre- venant ? C.D. : Une amende de 200 francs suisses. Càd : Comment réduire la circulation ? C.D. : On doit tout faire pour développer la ligne des Horlo- gers. On aura beau faire tout ce que l’on veut, pour l’instant, le

En trois ans, la situation ne s’est donc pas améliorée, au contrai- re. Càd : C’est inquiétant ? C.D. : On est conscient que l’offre en transports publics est rela- tivement limitée sur le secteur. On voit des couples travaillant dans la même entreprise utili- ser deux autos. Certains n’hé- sitent pas à contourner le bien- fondé du covoiturage pour en toucher les bénéfices. L’entre- prise Cartier donne une prime à ceux qui co-voiturent. Du coup, les gens viennent jusqu’au Locle en voiture et se retrouvent sur des parkings d’où ils co-voitu- rent jusqu’à l’usine. Résultat, on se doit gérer des voitures- ventouses. Càd : Vous cherchez de plus en plus à canaliser les flux ? C.D. : On ferme les routes qui ne sont pas conçues pour la cir- culation de transit et poseraient alors des problèmes de sécu- rité. On souhaite davantage focaliser la circulation au centre- ville.

Claude Dubois est assez inquiet sur l’avenir de la ligne ferroviaire des Horlogers.

vraiment évoquer l’avenir de la ligne des Horlogers. C’est pour- tant l’endroit idéal pour en dis- cuter. On a presque dû lui souf- fler que cette ligne existait déjà.

locloise. On reçoit des courriers très virulents. Il devient urgent d’imposer des conditions-cadres pour éviter la hausse du tra- fic. Au risque de se retrouver avec un référendum sur les bras. Cela peut prendre plusieurs formes comme le refus d’im- planter une usine. C’est une question de responsabilité col- lective. On tire la sonnette d’alar- me et il ne faudra pas s’étonner si un jour cela déborde. n Propos recueillis par F.C.

Càd : Il n’y a plus d’avenir pour le covoiturage ? C.D. : Si, d’autant plus que c’est sans doute la solution la plus rentable sur le plan économique. On a tout : les infrastructures, les utilisateurs potentiels. On doit aussi sensibiliser davanta- ge les entreprises. Càd : La situation au Locle est-elle tendue ? C.D. : On constate un sentiment d’exaspération de la population

mode de déplacement le plus pratique, c’est tou- jours la voiture. Je suis assez inquiet sur les intentions de Marie-Gui- te Dufay. Lors du der-

Càd : Qu’en est-il du tunnel du Locle ? C.D. : Ce projet fera l’ob- jet d’une votation fédé- rale en février 2017. Il

“On tire la sonnette d’alarme.”

nier colloque transfrontalier, elle s’est beaucoup étendue sur la ligne Delle-Belfort et la liai- son Pontarlier-Vallorbe sans

devrait donc être classé d’inté- rêt fédéral. On pourrait voir le bout du tunnel d’ici 2028 ou 2030.

Càd : Vous avez une signa-

Les Suisses favorables à la navettisation de la ligne des Horlogers Mobilité Si tous conviennent de l’intérêt de renforcer le caden- cement ferroviaire entre Morteau et La Chaux-de- Fonds, il semble qu’on soit plus pressé d’aboutir chez nos voisins qu’en France. Débat.

Les T.E.R. de la ligne des Horlo- gers ne répondent plus aux normes de sécurité imposées en Suisse (photo D. Cesbron).

L e sujet a été plusieurs fois évoqué lors du col- loque de la Conféren- ce Transjurassienne qui s’est tenu début novembre à La Chaux-de-Fonds. Théo Hugue- nin-Élie le “maire” de La Chaux- de-Fonds n’a pas manqué d'in- terpeller Marie-Guite Dufay sur l’avenir de cette ligne. Face aux inquiétudes des Suisses, la pré-

sidente de la Région Bourgogne- Franche-Comté s’est voulue ras- surante. “La ligne des Horlogers n’est pas en train de péricliter. Elle est dans notre ligne de mire au niveau des travaux pro- grammés dans le cadre du plan État-Région. Je sais qu’il y a un projet de navettisation mais lais- sez-nous le temps de faire ces travaux. Cette ligne structurante n’est pas du tout en question-

retours jusqu’à La Chaux-de- Fonds. Impossible d’en mettre davantage en circulation car les T.E.R. actuels ne répondent pas aux normes de sécurité. “Le matériel français fait l’objet d’une dérogation. L’exploitation de cet- te ligne est toujours sous la menace d’une fermeture” , explique Jean-Daniel Jeanne- ret, chef du service des affaires régionales et des relations extérieures à La Chaux-de-Fonds. La commune a lancé dans le cadre de l’Agglomération urbai- ne du Doubs une étude sur la navettisation de la ligne des Hor- logers sur le principe du caden- cement suisse. Ce qui revien-

drait à proposer entre 15 et 18 allers-retours quotidiens entre Morteau et La Chaux-de-Fonds. “Ce service pourrait être mis en place sans générer de gros investissements si ce n’est côté France de maintenir la ligne

franco-suisse. Les Suisses sont très intéressés par ce passage à un cadencement intégral qui serait bien sûr synchronisé avec les correspondances entre La Chaux-de-Fonds, Neuchâtel et Saint-Imier. “On pourrait rai- sonnablement espérer attirer entre 1 000 et 1 200 voyageurs par jour.” Côté France, cette perspective pose aussi la question du main- tien ou pas de la ligne jusqu’à Besançon. L’idée fondatrice basée sur la possibilité d’offrir aux voyageurs une correspondan- ce T.G.V. sur Paris a été sérieu- sement remise en cause par les changements d’horaires opérés par la S.N.C.F. avec la suppres- sion du T.G.V. de 10 h 30. n

nement.” Jean-Nat Karakash, le président du conseil d’État de Neuchâtel a quant à lui confir- mé “l’engagement clair de notre part à développer cette navetti- sation.” Le dossier est plus compliqué qu’il n’y paraît. Seule certitude, dans sa configuration actuelle, la ligne des Horlogers ne suf- fit pas à absorber le trafic pen- dulaire entre les deux pays. Avec 10 000 passages par jour au Col- des-Roches, la circulation rou- tière arrive vite à saturation et la traversée du Locle n’en finit pas d’exaspérer la population. 300 voyageurs empruntent chaque jour le train des Hor- logers qui effectue 6 allers-

12 millions d’euros de travaux programmés avant 2020 A vant même d’engager le débat sur la navettisation, la Région Bourgogne-Franche-Comté entend d’abord remettre à niveau la ligne des Horlogers qui en a sérieusement besoin. “On s’est fixé comme objectif d’investir sur cette ligne 12 millions d’euros dans le cadre du contrat de plan État-Région qui arrive à échéance en 2020. Les élus de la Région ont délibéré sur le financement d’une étude technique portant sur les travaux à réa- liser. La navettisation entre Morteau et Le Locle est une hypo- thèse sur laquelle on est prêt à travailler mais ce n’est pas une hypothèse à court terme” précise Michel Neugnot, vice-prési- dent de la Région Bourgogne-Franche-Comté à la tête de la com- mission transport. n

dans un état correct. Il y a aussi une belle opportunité à saisir avec la mise en vente prochaine d’automo- trices de fabrication

Attirer entre 1 000 et 1 200 voyageurs par jour.

suisse qui circulent sur une ligne de montagne dans le nord de l’Italie. Elles correspondent par- faitement aux besoins” , poursuit Jean-Daniel Jeanneret. Il resterait ensuite à trouver un opérateur pour l’exploitation : S.N.C.F., C.F.F. ou un consortium

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