Journal C'est à dire 226 - Novembre 2016

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P L A T E A U D E M A Î C H E

Revenus agricoles : quelle situation dans le Haut-Doubs ? Trévillers Rares sont ceux ici qui n’ont pas des racines paysannes. Alors forcément, la situation de l’agriculture ne peut pas laisser indifférente une population qui s’interroge en entendant des chiffres souvent alarmants. Les agriculteurs du Haut-Doubs sont-ils eux aussi comme ailleurs en situation de dépôt de bilan ?

L e grand public ne peut qu’être interpellé par le cri d’alarme lancé ces dernières semaines par la mutualité sociale agricole (M.S.A.) montrant qu’un tiers des exploitants dans le pays tou- chent à peine 4 500 euros… par an, soit 350 euros par mois. Autrement dit en un an ce que certains travailleurs frontaliers

gagnent en un mois en tant que salariés. Le prix du lait, les mau- vaises conditions météo et la concurrence mondiale expli- quent en partie cette situation selon l’organisme qui met ses revenus en parallèle avec les nombreuses heures de travail effectuées et ce, souvent, 365 jours par an. “ Ils prennent peu ou pas de vacances. Ils se lèvent

tôt, se couchent souvent tard, travaillent par tous les temps. La grande majorité des Fran- çais n’accepteraient ces condi- tions qu’en échange d’une bel- le compensation salariale.” Or, les chiffres sont loin, très loin d’une rémunération décen- te selon cette moyenne natio- nale… Pourtant derrière cette moyenne nationale se cachent

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de multiples situations, dra- matiques parfois mais heureu- sement satisfaisantes aussi dans d’autres cas. La question se pose par exemple de savoir si les agri- culteurs du secteur sont eux aussi dans une position préoc- cupante. Président de la F.D.S.E.A. (Fédération Dépar- tementale des Syndicats d’Ex- ploitants Agricoles) installé à

du mont d’or… “Le lait ici nous est donc payé à un prix correct et d’après les chiffres du centre de gestion, je peux annoncer un revenu de référence agricole moyen de 17 000 à 18 000 euros par an, soit 1 500 euros par mois environ pour près de 200 heures de travail mensuelles.” Petit bémol aussitôt souligné, ce chiffre peut être lourdement

lance” souligne-t-il, évoquant l’importance des plaques vertes pour réguler ce marché en gérant les volumes produits et les pâles copies arrivées sur les étals : “D’où l’importance pour les agriculteurs du secteur d’avoir un produit toujours de qualité irréprochable et égale. Ce qui passe par des investis- sements réguliers pour moder- niser l’outil de travail.” Le responsable syndical n’en oublie pas pour autant la véri- table détresse parfois mortel- le de certains collègues qui n’ont pas la chance d’être dans un secteur comme le Haut-Doubs, ceux qui justement gagnent 350 euros par mois, voire même moins puisque c’est une moyen- ne… n D.A.

Trévillers, Philippe Monnet a accepté de lever le voile. D’emblée, le syndica- liste plante le décor :

impacté certaines années quand un agri- culteur subit de plein fouet les dégâts des campagnols ou une

1 500 euros par mois en moyenne.

Philippe Monnet insiste sur la nécessité pour les producteurs locaux de toujours investir pour répondre aux exigences de qualité.

trop longue période de séche- resse. “Cette relative bonne san- té est à mettre au profit de la filière comté, un produit de qua- lité, plébiscité par les consom- mateurs et qui nous oblige à beaucoup de rigueur et de vigi-

“Notre chance est d’être situés dans une zone A.O.P. (appella- tion d’origine protégée).” Enten- dez par là que le lait produit sur le territoire du Pays Hor- loger notamment est utilisé pour fabriqué du comté, du morbier,

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