Journal C'est à dire 221 - Mai 2016

A G R I C U L T U R E

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Environnement

Campagnols : aux sources de la lutte raisonnée Une dizaine d’agriculteurs de l’Aubrac sont venus s’ins- pirer des méthodes de lutte alternatives mises en œuvre depuis 20 ans dans le Haut-Doubs. Échanges.

rimentales à savoir la Z.E.L.A.C. à Pissenavache et la C.L.A.C. à Charquemont. La mise en pla- ce de la Z.E.L.A.C. remonte aux années quatre-vingt-dix à l’époque où l’abus de bromadio- lone faisait tant de dégâts sur la faune non-cible sans pour autant régler le problème des pullulations. “C’est la première zone où l’on a expérimenté les méthodes alternatives. La zone s’étendait au départ sur 300 hec- tares d’un seul tenant et fédérait une dizaine d’agriculteurs. Elle a servi de support au plan d’ac- tions qui s’est déroulé de 2000 à 2006. Ce plan qui était soute- nu à hauteur de 6 millions d’eu- ros mobilisait 12 techniciens et des chercheurs de l’université de Besançon. La démarche a abou-

ti à la mise en application de la boîte à outils : lutte contre la taupe, plantation de haie, rou- leau à plots, perchoirs, labours…” , résume Goeffroy Couval, ingé- nieur d’étude à la F.R.E.DO.N. Franche-Comté en ajoutant que “l’erreur a été de vouloir étendre la zone à 1 000 hectares, ce qui a découragé les autres agricul- teurs.” Car aujourd’hui, la référence Z.E.L.A.C. n’est plus que l’ombre d’elle-même. Fabrice Berne son président actuel ne peut que le déplorer en accueillant les agriculteurs de l’Aubrac sur son exploitation. “J’ai la chance d’avoir tout mon parcellaire, soit 90 hectares regroupés autour de la ferme. La lutte contre le cam- pagnol, j’y passe pratiquement deux demi-journées par semai- ne. C’est la contrainte de la bas- se densité même si j’ai quand même été obligé de traiter l’au-

L e Haut-Doubs n’est pas le seul terroir où sévit le campagnol qui se dis- tingue aussi sur le pla- teau de l’Aubrac. “Ce phénomè- ne n’est pas nouveau mais il tend à s’amplifier. Il y a eu une forte pullulation en 2015 et on recherche des solutions” , explique Étienne Herault, technicien au projet du Parc naturel Régional de l’Aubrac. Face au fléau, le syn- dicat mixte de préfiguration du P.N.R. Aubrac a développé un programme d’actions associant agriculteurs, chercheurs des uni- versités de Clermont-Ferrand et

Producteur laitier à Pissena- vache, Fabrice Berne le président de la Z.E.L.A.C. a expliqué l’intérêt et les contraintes de la lutte

de les F.R.E.D.O.N. et chambres d’agri- culture des régions et départe- ments couvrant l’Aubrac. “On a formé des petites zones pilotes associant des groupes de 5 à 10 agriculteurs volontaires.” Sur ces zones seront appliqués et adap- tés des systèmes de lutte com- binée dans l’objectif de les géné- raliser ensuite sur tous les sec- teurs infestés. D’où l’idée d’or- ganiser deux journées de travail en Franche-Comté. L’échange a eu lieu début mai et comportait notamment des déplacements sur les zones expé- Franche-Comté,

à basse densité.

val. Il n’en reste pas moins de précieux acquis. “On sait désor- mais que l’idée de la réussite, c’est d’avoir différentes méthodes. On sait aussi l’importance de main-

culture basée sur l’élevage de vaches allaitantes de race Aubrac. On est venu ici pour prendre des idées en sachant bien qu’on ne pourra pas tout transposer. On constate qu’il n’y a pas de solu- tion miracle. C’est un travail de longue haleine qui impose d’intervenir tôt et régulièrement” , commente Serge, l’un des éle- veurs venus écouter ses homo- logues comtois. Sans savoir si sa ténacité sera récompensée, Fabri- ce Berne dresse néanmoins des constats encourageants. “L’avan- tage de faire ce que je fais, j’ai le sentiment d’avoir une flore meilleure que les autres et du foin très propre. D’autre part, je suis très bas en frais vétéri- naires.” n

tomne dernier car j’étais dépassé par la pullula- tion. J’ai alors traité 70 hectares en octobre et décembre sur une base de 4 kg de blé à l’hec-

tenir la lutte sans jamais s’arrêter. L’éradication du campagnol est tech- niquement impossible. Elle causerait trop de dégâts sur le plan agri-

Les éleveurs de l’Aubrac étaient venus écouter le témoignage de Fabrice Berne l’un des derniers à pratiquer la lutte raisonnée au niveau de la Z.E.L.A.C.

“Il n’y a pas de solution miracle.”

tare. Par contre, des taupes, je n’en ai plus” , reconnaît celui qui est pratiquement le dernier à pratiquer la lutte raisonnée. Avec le temps, beaucoup d’agri- culteurs ont fini par baisser les bras. “Sans une démarche col- lective, ce sera dur pour lui de contenir seul l’appétit du cam- pagnol” , admet Geoffroy Cou-

cole. Il fait aujourd’hui prendre en compte le fait que le campa- gnol, on va vivre avec” , complè- te le chercheur Patrick Girau- doux. Les agriculteurs de l’Aubrac écou- tent attentivement. “Chez nous, les conditions d’exploitation sont différentes. On travaille des par- celles plus petites avec une agri-

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