Journal C'est à dire 212 - Août 2015

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Horlogerie

60 000 emplois dans l’horlogerie suisse, un record depuis 1970 Selon une étude de la Convention patronale horlogère suisse, les entreprises ont créé 1 826 nouveaux postes l’an dernier et 10 000 emplois en 4 ans. Un record qui tranche avec les perspectives actuelles sur le front de l’emploi, moins optimistes.

E ntre les études et la réa- lité du terrain,il y a par- fois un fossé.Si certaines sociétés horlogères vivent un premier semestre 2015 délicat lié au franc fort qui induit une baisse de leurs marges dans la zone euro, l’étude sur le recen- sement du personnel horloger por- tant sur l’année 2014 réalisée en juillet par la convention patro-

nale horlogère suisse montre que le secteur d’activité a - toujours - le vent en poupe. Fin septembre 2014, les effec- tifs de l’industrie horlogère suis- se s’établissaient à 59 112 tra- vailleurs, soit une hausse de 1 826 postes par rapport à l’année précédente (+ 3,2 %). L’embauche a été supérieure à

celle de 2013 (+ 1 470). Malgré ce bon résultat, les perspectives actuelles sur le front de l’emploi sont moins optimistes. François Matile, secrétaire général de la Convention patronale qui a réa- lisé cette étude admet la cri- tique : “Oui, cette photo a du retard entre l’année 2014 et le 15 janvier (N.D.L.R. : abandon du taux plancher), dit le secré- taire. Mais il faut voir la ten- dance générale : en 4 ans, l’horlogerie suisse a créé 10 000 emplois !” D’ailleurs, une récente publica- tion vient plomber cette annon- ce. Il s’agit du niveau des expor- tations horlogères. Elles ont essuyé en juillet une chute de 9,3 % par rapport à l’an dernier. Il s’agit du recul mensuel le plus important en six ans selon l’Administration fédérale des douanes. Les effectifs du personnel frô- lent toutefois la barre des 60 000 emplois, laquelle n’a plus été atteinte depuis le milieu des années soixante-dix. Ce résul- tat confirme une progression ininterrompue de l’embauche depuis l’après-crise de 2008-2009

après des hausses d’effectifs en 2012 (+ 4 255) et 2013 (+ 3 013). L’année 2014 a toutefois été mar- quée par un certain ralentis- sement. À la fin de l’année, des licenciements ont été prononcés et des mesures de chômage par- tiel prises, en nombre heureu- sement limité. La baisse des exportations en Asie, les conflits géopolitiques sur certains marchés d’exportation (Russie), ainsi que l’abandon du taux plancher en début d’année 2015 consti- tuent, à l’heure actuel- le, des facteurs d’incertitude pour la branche. Quid des licenciements avant l’été ? “J’ai peu d’éléments pour répondre, dit le secrétaire géné- ral de la branche. On sait que des entreprises ont licencié et que d’autres n’ont pas reconduit leurs temporaires (personnes en mis- sion), qui eux, ne sont pas comp- tabilisés dans nos statistiques.” Partant de ce constat, “il y a fort à parier que les effectifs horlo- gers vont se stabiliser ces pro-

chains mois” dit la convention patronale horlogère. “Nous en saurons davantage en seconde partie d’année car les périodes de vacances font que les sociétés sont à l’arrêt. Nos craintes alors se confirmeront ou se dissipe- ront” ajoute François Matile. Parmi les embauches en 2014, ce sont les personnels de pro- duction (trois-quarts des effec-

indiqué son directeur général Nick Hayek dans un entretien auWall Street Journal. À noter que le personnel en mission sera le premier touché par la bais- se d’activité. La fin d’année sera cruciale. E.Ch. Neuchâtel toujours en tête Si cʼest le canton du Jura qui a créé le plus dʼemplois (951, + 16,6 %) en 2014, cʼest notam- ment lié à lʼarrivée dʼentreprises comme Swatch à Boncourt. Le trio de tête des cantons les plus horlogers, pour ce qui est des effectifs, reste Neuchâtel (15 465), Berne (11 836) et Genève (9 769). Ils regroupent ainsi près des deux tiers des effectifs totaux. Le canton de Berne enregistre aussi une des plus fortes progressions (+ 475 personnes, soit + 4 %).

tifs) qui ont connu la plus grande aug- mentation (+ 2 010) alors que le person- nel de direction dimi- nuait (- 114). “Je n’ai

Une chute des exportations horlogères en juillet.

pas vraiment d’explication sur cette diminution” confie le spé- cialiste horloger. Le personnel administratif ne gagne quant à lui que 66 unités. Bref, l’horlogerie suisse est un athlète en excellente santé. Mais gare au coup de pompe. Swatch Group (dont certaines entités sont implantées à La Chaux-de- Fonds) table pour 2015 sur une hausse de son chiffre d’affaires inférieure à 10 % en raison de l’impact négatif du franc fort, a

Une année record sur le front de l’emploi horloger en 2014 qui contraste avec les annonces de licenciements. La rentrée était attendue avec crainte.

P R O C H A I N E M E N T C h â t e l e u Grand’Combe à

Économie Le Locle dit stop

aux nouvelles entreprises La commune envisage de geler le projet de création d’une zone industrielle pour marquer son mécontentement face au report des charges imposé par le Conseil d’État. Au Locle, l’activité économique coûterait plus cher qu’elle ne rapporte.

L e Locle a-t-elle plus à perdre qu’à gagner en accueillant une nouvelle entreprise pourtant synonyme d’emploi ? Oui à en croire le conseil com- munal. “On a de plus en plus de nuisances et de moins en moins de recettes. Le coût du trafic pen- dulaire est de 7 millions de francs sur le réseau routier et les bâtiments” indique Cédric Dupraz, conseiller communal du Locle en charge de l’urbanisme, de la mobilité et de l’environnement. Ce chiffre n’est pas sorti du chapeau. Il fait suite à une étude menée par l’Université de Neuchâtel il y a trois ans et qui prend tout son sens aujourd’hui dans le can- ton. Le Conseil d’État a en effet imposé un report des charges sur les communes “et s’approprie nos ressources” dit le conseil communal. Comme en France, les communes suisses sont à la diète. Concrètement, les entreprises

rapportaient 19 millions de francs suisses par an au Locle, un chiffre qui n’a cessé de dévis- ser depuis la bascule de l’impôt : “Entre 2014 et 2015, c’est envi- ron 9,6 millions de recettes glo- bales en moins” explique-t-on. Cet impôt sur les entreprises est reparti de façon “solidaire” avec les autres communes du

de 3,5 millions bruts en 2016 ! C’en est trop. Le conseil com- munal a donc donné sa position : Le Locle envisage de stopper l’achat de terrains (non loin de Cartier Joaillerie), pour un montant de 3,4 millions (sans compter les études) qui devait accueillir de nouvelles usines. Si les négociations n’aboutissent

Visuel non contractuel

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APPARTEMENTS avec terrasse, cave et garage

canton. Il ne rapporte plus à une seule ville mais à toutes. “On n’est pas contre cette répar- tition solidaire mais il faut une vue globale, réclame le conseiller.

pas, la zone des Sai- gnoles ne sortira pas de terre. “Le Locle a tou- jours joué le jeu en matière d’investissement pour les entreprises mais l’évolution de la situa-

“9,6 millions de francs de recettes en moins.”

à partir de 168 994 €* du T3 de 62 m 2 au T4 de 93 m 2

Nous avons des charges que d’autres communes n’ont pas comme l’entretien du patrimoi- ne et des routes avec le trafic, le déneigement. Avec Neuchâtel, Les Brenets, La Chaux-de-Fonds, nous sommes les grands per- dants.” Pire, Le revenu des frontaliers qui rapporte 7,15 millions en 2014 au Locle devrait diminuer

tion risque de péjorer le déve- loppement économique de la région” confie le conseiller. Avec 10 400 habitants pour environ 8 000 emplois, la ville affiche sa désapprobation. Les années à venir nécessiteront des mesures budgétaires importantes pour cette commune qui investit 10 millions de francs par an en génie civil et infrastructures.

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