Journal C'est à dire 211 - Juin 2015

É C O N O M I E

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Histoire 100 ans de tourisme dans le Doubs Les prémices du tourisme remontent aux années 1900 dans le Doubs. À l’occasion des 30 ans du magazine Doubs Mag, l’historien local Jean-Claude Barbeaux a remonté le temps.

tementaux financés par le Conseil général. “La voiture com- mence à compter d’autant qu’elle véhicule une clientèle aisée qui cherche du confort et des bonnes choses à boire et à manger. Les autocars font leur apparition juste avant 1914” poursuit Jean- Claude Barbeaux. Alors pour trouver les bons chemins et les bonnes adresses, il faut des guides. La première édition de l’Indicateur du tourisme qui per- met de voyager de Paris vers la Franche-Comté et le Jura paraît en 1913. Dans le même temps, on s’inquiète déjà de la préser- vation des paysages. Le député du Doubs Charles Beauquier défend leur protection, c’est notamment lui qui fera clas- ser la source du Lison. Mais ces prémices prometteuses sont vite refroidies par la Première guer- re mondiale en 1914. Après guerre, les loisirs s’installent durablement dans le Doubs. Le patinage est l’un des tout premiers. Les patinoires naturelles attirent des milliers d’amateurs sur les bassins du Doubs à Villers-le-Lac ou sur le lac de Saint-Point. “Quand le tacot entre en service, une des- serte spéciale est même propo- sée pour aller de Pontarlier au lac.” On est en pleine Belle Époque. En même temps, les premières compétitions de ski se développent. La course de fond et le saut à ski font la une des journaux locaux, notamment le Courrier de la Montagne. Dans les premières publicités, Pontarlier affiche fièrement sa capacité de pratique et d’accueil : trois pistes de bob, trois trem- plins et trois patinoires natu- relles. Pendant la première guerre, on prépare la suite. C’est en mai 1917 que naît le premier Syndicat régional d’initiative de Franche-Comté et des Monts Jura. Dans l’entre-deux-guerres, c’est la mode du thermalisme qui est mise en avant en espé- rant attirer une clientèle for- tunée. C’est l’époque de Besan-

A u début des années 1900 et a fortiori dans un département rural comme le Doubs, les professions qui bénéficiaient de vacances étaient plutôt rares.

C’est dans les années 1910 que naissent les premiers syndicats d’initiative, à Pontarlier en 1910, à Montbéliard en 1912. Mais dès avant 1914, des notables francs- comtois installés à Paris créent

l’association Le Jura français conçu comme un syndicat d’initiative destiné à promouvoir le tourisme en Franche-Comté. L’association publie la revue Le Jura français qui loue les charmes du massif. “Les fondateurs du Jura français trouvent d’ailleurs que les voisins suisses ont déjà de l’avance en matière de tou- risme. Ils pestent contre les Com- tois qui ne jurent que par l’industrie, négligent la forma- tion hôtelière et notamment l’apprentissage de langues étran- gères, ne font pas l’effort de pro- poser un parc hôtelier de qua- lité. Et dès cette époque, l’association promeut le “touri- cyclisme” et évoque le tourisme à la ferme !” raconte Jean-Clau- de Barbeaux. À cette époque, les moyens de transport sont une priorité. Il y a bien sûr le train et les tacots, fameux chemins de fer dépar-

Les bassins du Doubs commencent à être reconnus dès le début du XX ème siècle. (photo Archives départementales du Doubs).

çon-les-Bains avec son casino municipal et ses thermes. Puis le tourisme change peu à peu de visage. À côté des sites naturels valorisés dès les années 1900 comme le Saut du Doubs apparaissent les sites liés au patrimoine. “De grands monu- ments sont vendus par leurs pro- priétaires, bien souvent l’armée. Les collectivités locales s’en sai- sissent pour leur donner une nouvelle vie comme c’est le cas pour la Citadelle de Besançon peintre Fernier à Ornans qui ressuscite Courbet ou de Guy Vauthier qui popularise le Gouffre de Poudrey et crée plus tard le Dino-Zoo. Dans le même temps, les spécialités gastrono- miques régionales s’affirment avec la création de labels pour la saucisse de Morteau, la mon- tée en puissance du comté, autant de vecteurs touristiques porteurs. Dans les années soixante-dix, c’est un nouveau virage après l’entrée en vigueur des quatre dans les années cin- quante ou le Fort de Joux.” D’autres ini- tiatives, privées cet- te fois, voient le jour comme celle du

semaines de congés payés en 1969. On garde alors une semai- ne pour l’hiver. “L’heure est venue des grands équipements, notam- ment autour du Mont d’Or, le site phare du Doubs. En 1970, la station de Métabief se struc- ture et envisage de porter son nombre de kilomètres de pistes de 35 à 50, les remontées de 26 à 40, les lits de 4 000 à 10 000” complète l’historien. Puis vient l’ère de la communication à par- tir des années quatre-vingt avec moine, les produits du terroir : cette union sacrée se retrouve notamment l’affiche de promo- tion restée célèbre “Fran- ch’County”. Depuis, les offices de tourisme, le comité départe- mental du tourisme et le comi- té régional tentent d’inventer des concepts originaux de com- munication pour se démarquer des autres régions françaises qui ont fait elles aussi de leur patrimoine un vecteur de déve- loppement économique à part entière. les spécialités du pays qui s’affichent comme des atouts en matière de notorié- té. La nature, l’histoire, le patri-

Avant guerre, les premières excursions sur les bassins du Doubs (photo Archives départementales du Doubs).

Les spécialités gastronomiques régionales s’affirment.

Le patin à glace sera le premier loisir hivernal bénéficiant d’une promotion (Photo club cartophile de Montbéliard collection D. Greusard).

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CRÉDIT PHOTO : OLIVIER PERRENOUD / RECETTE : THIERRY PERROD, L’AVANT-GOÛT

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