Journal C'est à dire 205 - Décembre 2014

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L E P O R T R A I T

Morteau La bataille navale,

le “jeu” préféré de Pauline La Mortuacienne Pauline Glasson vient de terminer brillamment de longues études consacrées à l’histoire de l’art et à l’archéologie. Son bagage universitaire en main, elle entame un dernier challenge : entrer dans la vie active.

“L es représentations de la victoire navale de la hau- te époque hellé- nistique à Auguste”. De prime abord, on ne s’attend pas à ce que derrière cet intitulé plu- tôt obscur aux non-initiés se cache une fringante jeune fille de 32 ans au large sourire. C’est en s’attaquant à ce sujet ardu que la Mortuacienne Pauline Glasson a décroché mi-novembre à la Sorbonne son doctorat en histoire de l’art et archéologie avec la meilleure mention, “très honorable”. La thèse qu’elle a

mondes romain et grec” explique l’historienne qui a porté son regard et son analyse sur toutes les images qui représentent des batailles navales, qu’elles soient gravées sur des monnaies, sculp- tées sur des monuments, des arcs de triomphe ou des statues. “À travers toutes ces représen- tations, on perçoit les techno- logies navales de cette époque et les tactiques des batailles. Ces représentations avaient avant tout une signification de pro- pagande politique destinée à exalter les peuples et à montrer la grandeur d’une civilisation” détaille la spécialiste qui trai- te de certaines des batailles navales les plus fameuses de l’histoire comme celle de Sala- mine de Chypre, d’Actium ou de Nauloque. La soutenance du 15 novembre dernier a couronné ces sept années de recherches. Devant un jury tatillon, la Mortuacienne a défendu ses idées et son tra- vail. La libération est interve- nue après quatre longues heures de palabres. Avec la cerise sur le gâteau, cette mention très honorable qui récompense les meilleures thèses. “Pendant

Cette passion de l’archéologie, Pauline la tient de son enfan- ce. “Dès l’âge de 4 ou 5 ans, je me suis intéressée aux fossiles, aux vieux cailloux, aux dino- saures. Mon grand-père avait beaucoup de livres sur la Pré- histoire qui me fascinaient. Mes parents me traînaient réguliè- rement sur des sites archéolo- giques, notamment en Espagne. Cette passion ne m’a jamais quit- tée” dit-elle. Après un cursus classique - collège et lycée de Morteau -, Pauline Glasson pas- se un Bac scientifique (son père était professeur de maths…).

La Mortuacienne Pauline Glasson vient de décrocher la mention “très honorable” pour sa thèse d’histoire de l’art et archéologie.

rellement vers l’enseignement en faculté. Sauf que les places de maître de conférence sont extrêmement rares, même dans ces spécialités hyper-pointues. Alors en attendant, Pauline Glasson assure une mission à la Maison de la recherche de Paris où elle encadre les docto- rants. En attendant la rentrée prochaine où un hypothétique poste de maître de conférence peut lui être proposé. Elle ne s’interdit pas non plus de se spé- cialiser dans le journalisme scientifique ou encore dans le métier de conservateur des musées ou conservateur du

patrimoine pour lesquels elle devrait passer les concours. “Il y a de belles choses à faire, enco- re faut-il trouver la bonne oppor- tunité.” Après ce marathon universi- taire, Pauline a provisoirement posé livres et ordinateur et part prendre des vacances bien méri- tées du côté du Mexique. Ensui- te, ce sera pour elle, elle l’espère, l’entrée définitive dans la vie active. Après tant d’années d’études, il est temps pour Pau- line de poser ses valises. Après la bataille navale est venue cel- le de l’emploi. J.-F.H.

quatre heures, on se fait un peu malmener, il faut rester diplo- mate et zen, mais le résultat a été là, c’est une belle satisfaction pour moi après toutes ces années.” Si le rêve d’enfance de Pauli- ne s’est traduit dans la réalité par l’obtention de ce titre de doc- teur en histoire de l’art, il s’agit maintenant pour elle d’entrer définitivement dans le monde professionnel. Car ce bagage universitaire, si lourd soit-il, n’est pas pour autant un sésa- me automatique pour l’entrée dans la vie active. Une thésar- de comme elle s’oriente natu-

soutenue ce jour-là pendant 4 heures devant un jury plus que pointilleux clôt une longue période de sept années de recherches qui a ame-

Elle embraye ensui- te sur la fac de lettres de Besançon où elle obtient son Master 2, qui lui ouvre les portes d’un doctorat durant lequel elle

La soutenance du 15 novembre a couronné sept années de recherches.

né la jeune fille à se déplacer sur une multitude de sites archéologiques et de musées, de Paris à Rome en passant par Orange et Athènes. Le fruit de ces sept années de recherche tient en deux volumes de plu- sieurs centaines de pages qui font le point sur trois siècles d’histoire ancienne.

préparera cette thèse. Le sujet de son étude, c’est “l’iconographie de la victoire navale dans le monde romain et grec entre le III ème siècle avant J.-C. et le I er siècle de notre ère. Des études avaient déjà été conduites sur ce thème mais jamais sur autant de temps et surtout en confrontant les

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