Journal C'est à dire 205 - Décembre 2014

Mr. DOUNO GRAND VOYANT MÉDIUM

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R E P O R T A G E

Europe Le journal C’est à dire à la Commission européenne de Bruxelles À l’invitation de la Maison de l’Europe en Franche-Comté, plongée dans l’univers de “l’Europe de Bruxelles” où se font nos politiques régionales. La Franche-Comté bénéficiera jusqu’en 2020 de 679 millions d’euros de programmes de développement et 65 millions pour la bande frontalière. C’est une nouvelle res- ponsabilité à gérer. Comment va-t-elle les répartir ? Qui pour contrôler ces fonds ? Décriée par les euros- ceptiques, l’Europe se sait attendue au tournant. Elle doit réussir.

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Pourquoi plus d’argent pour la Franche-Comté ? La Région Franche-Comté va bénéficier de 92 millions d’euros supplémentaires (soit 679, 7 mil- lions) comparé à la mandature précédente (2008-2014) et 65,8 millions d’euros pour la coopération territoriale Inter- reg France-Suisse. Doit-elle s’en réjouir ? “La Franche-Comté est une région en phase de transi- tion (contrairement à la Bour- gogne) et bénéficiera à ce titre de davantage d’aide” explique Marie-Pierre Jouglain, respon- sable de l’information et à la communication à la direction de la politique régionale et urbai- ne à Bruxelles. Moins dévelop- pée, la Franche-Comté doit rat- traper son retard.

B ruxelles, capitale de l’Europe. Sur le parvis du Parlement euro- péen, 28 drapeaux des États réunis flottent au gré du

Pire, certains élus, parfois de nos collectivités, oublient de mentionner que le très haut- débit sera réalisé grâce à des fonds européens, que la Cité des arts à Besançon a bénéficié d’1 million d’euros, que 1,1 mil- lion de fonds F.E.D.E.R. ont été mobilisés pour cofinancer des équipements de recherche pour l’établissement du sang à Besan- çon ou encore que 15 millions ont été alloués à la formation des Francs-Comtois demandeurs d’emplois. “On retient l’exemple du bou- cher du Morvan qui a fermé à cause des normes de l’Europe. C’est faux. Les normes, c’est le gouvernement français qui les rajoute” poursuit Arnaud Dan- jean qui entame son second mandat. Nathalie Griesbeck (Alliance des Démocrates et Libéraux) et Édouard Martin (Groupe alliance progressiste des socialistes) acquiescent. L’ancien syndicaliste devenu politique entame son premier mandat politicien. Il a démis- sionné d’Arcelor-Mittal pour se “consacrer à 100 % à sa mis- sion” dit-il.

vent belge, timide pour une fin d’automne. C’est ici, dans cette ville cosmopolite hôte de mil- liers de bureaux administratifs que se font et défont nos poli-

tiques. S’il y a désormais plus de journalistes chinois pour cou- vrir l’actualité européenne que d’Européens, symbole d’une Europe qui n’arrive plus à

convaincre ses propres ouailles, Bruxelles demeure “LE” lieu capable de donner à notre ter- ritoire, la Franche-Comté (et bientôt la Bourgogne Franche- Comté) une visibilité, une for- ce. La preuve : l’Europe s’engage à verser pour la période 2014- 2020 à notre région 679,7 mil- lions d’euros de fonds qui ser- viront à engager des pro- grammes de développement éco- nomique (F.E.D.E.R-F.S.E.), rural (F.E.A.D.E.R.) et de l’emploi et de l’inclusion socia- le (F.S.E.). Beaucoup d’acronymes, on l’admet, mais une volonté : apporter une plus- value au territoire. “On ne sait pas communiquer sur ce que nous faisons et souffrons d’un manque de retour pédagogique, regrette le député européen Arnaud Danjean qui représen- te la circonscription Est. L’appareil politique français ne joue pas le jeu.” En filigrane, la France fait - souvent - porter le chapeau à l’Europe sur la lour- deur des réglementations qu’elle n’a même pas mise en place.

Comment les fonds seront-ils utilisés ?

La Commission européenne impose aux programmes de concentrer un montant consé- quent de leur enveloppe sur un nombre limité de thématiques. E.Ch.

Des députés européens de la circonscription Est réunis à Bruxelles. Arnaud Danjean et Édouard Martin donnent leur vision de l’Europe et attendent beaucoup des Régions, qui auront à “bien” répartir les fonds européens. Un Haut-Doubiste lobbyiste du vin et des A.O.C. Rencontre Originaire de Fournets-Luisans, Pascal Bobillier-Monnot défend le vin, les producteurs, et les A.O.C. au niveau européen grâce à un lobby qu’il dirige. Rencontre avec celui qui a obtenu une grande victoire sur les “droits de plantation”. Une nouvelle bataille l’attend face au géant américain.

I l aurait pu défendre le com- té. Il a choisi le vin. Natif de Fournets-Luisans, Pascal Bobillier-Monnot dirige la Confé- dération nationale des produc- teurs de vins et eaux-de-vie de vin à appellation d’origine contrô- lée, en abrégé C.N.A.O.C. Il est aussi le représentant au niveau européen des producteurs de vins

Après une législature passée comme attaché parlementaire du député U.D.F. Michel Jac- quemin (1993-1997), Pascal Bobillier-Monnot dirige cette confédération uniquement connue des initiés et des pro- fessionnels. Elle est pourtant la clé de voûte du système des appellations d’origine en Fran-

“internet” des noms de domaines de premier niveau “.vin” et “.wine”, le grand chantier à venir. “Avec cette libéralisation, des entreprises peuvent tout acheter. Si j’étais malhonnête, je pour- rais acheter sur internet le nom de domaine “www.comté.food” ou “beaujolais.wine” et le revendre au plus offrant” image le direc- teur. En filigrane, rien à l’avenir ne permettra par exemple de différencier un “vrai” vin du Jura d’une contrefaçon. Les risques concernent au premier chef les consommateurs (tromperies sur la marchandise), mais aussi les producteurs (risques de détour- nement de notoriété des appel- lations d’origine, voire de cybers- quatting). “À nous, lobbyistes, d’expliquer aux parlementaires ce que contient ce rapport. Avec le contrat vendange, ils ont com- pris que cela sauvait l’emploi. Est-ce que la commission va sou- tenir le vin face aux États-Unis ? On y travaille… mais l’Europe doit nous protéger” martèle le directeur qui estime que la Fran- ce a une position trop “suffi- sante”. “La France a tendance à penser que les autres ne sont pas importants. Il faut plus d’humilité de sa part” réclame

espagnols, français, portugais, hongrois, mouvement intitulé “Efow” visant à peser sur l’évolution des réglementations. Entre les allers-

ce. C’est aussi le fon- dateur du “lobby” Efow. Rien de péjoratif dans l’utilisation de ce ter- me. “Le lobby, tout le monde en fait…” cou- pe-t-il.

Pascal Bobillier-Monnot, ici avec la chargée de mission d’Efow, à Bruxelles pour la défense de nos vins et les indications géographiques.

“Nous sommes dans des relations diplomatiques.”

celui qui a réussi à fédérer autour de lui les producteurs de vins européens. Le chemin a été long. Mais fructueux. Il n’empêche, Pascal Bobillier-Mon- not et ses équipes vont très vite se confronter à des mastodontes. Avec seulement 100 000 euros de budget, son “lobby” atteindra ses limites, d’abord humaines puis financières. Un immense rapport de force débute entre les deux continents dont un semble avoir une lon- gueur d’avance…Les États-Unis sont en effet les possesseurs de l’Internet. “Ce dossier attend les plus hauts sommets : nous sommes dans des relations diplo- matiques.” L’Internet Corpora-

tion for Assigned Names and Numbers (I.C.A.N.N.) est une société de droit californien qui gère au niveau mondial l’ensemble des noms de domai- ne sur Internet. Attaché à la terre, le directeur ne peut s’empêcher de répondre à une question sur l’avenir du comté. Est-il, lui aussi, en dan- ger ? “Oui. Le problème du com- té est qu’il est présent à Paris et non à l’Europe à Bruxelles… alors que c’est ici que nous sommes écoutés” répond le Franc- Comtois. Cette position lui vaut quelques débats avec sa famil- le. Si son lobby a su comme le bon vin se bonifier avec le temps,

il arrive à un moment charniè- re. Les décisions des prochains mois noueront le sort de nos “chers” produits locaux. E.Ch. (1) : Concernant les droits de plantation des vignes, le prin- cipe de régulation est mainte- nu jusqu’en 2030. À partir de 2016, le nouveau régime per- mettra de gérer les planta- tions, pour toutes les catégo- ries de vins, avec une limite maximale de croissance annuelle des surfaces plantées fixée à 1 %. L’Union européen- ne revient ainsi sur la libérali- sation des droits de plantation avalisée en 2008.

retours Paris-Bruxelles, le Franc- Comtois de naissance rend - au moins trois fois par an - visite à sa famille installée à Gilley où elle exploite une ferme. “Je suis attaché à la terre” répète ce Haut- Doubiste de 48 ans qui gère des dossiers chauds à portée inter- nationale. Le prochain : proté- ger les indications géographiques aux États-Unis, un dossier qui, s’il n’est pas jugé à l’amiable, sera porté devant la justice cali- fornienne. En résumé, Pascal Bobillier-Monnot s’attaque au gouvernement américain. Habi- tué aux pressions de tous genres, il n’est pas prêt à reculer.

Juriste formé à l’Université de Franche-Comté, pédagogue et “fin politique” selon ses pairs, Pascal Bobillier-Monnot porte la voix de la filière vin sur les petites et grandes décisions prises à l’échelle nationale et surtout européenne. Nouvelle Commission européenne oblige, il rencontrera les nouveaux com- missaires afin d’évoquer avec eux les sujets brûlants. Pierre Moscovici, le local, commissai- re européen à l’économie et à la fiscalité pourrait le recevoir. Après l’accord sur la libéralisa- tion des droits de plantation (1), l’autre dossier brûlant est celui

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