Journal C'est à dire 205 - Décembre 2014

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D O S S I E R

Pontarlier La veille mobile, discrète mais si nécessaire Dans la capitale du Haut-Doubs il existe un service original destiné à ne pas laisser les S.D.F. sans solu- tion : la veille mobile. Cette année, c’est une premiè- re pour Fabrice et Yasmani.

Damprichard Une association aide

autres” , souligne Lucie Pource- lot. Pour Fabrice, c’est la pre- mière fois qu’il côtoie la rue. “On trouve assez vite ses repères même si cela demande un temps d’adaptation” , explique le veilleur un peu surpris de la sponta- néité de ces interlocuteurs. Yas- mani avait déjà travaillé au contact de ce public. “Ce sont eux qui étaient peut-être surpris de me voir” , indique le jeune veilleur actuellement en formation à l’I.R.T.S. et qui projette de deve- nir éducateur spécialisé. Les res- trictions budgétaires de l’État impactent la veille mobile pon- tissalienne qui a perdu un “agent” et fonctionne mainte- nant sur 2,5 équivalents temps plein. Elle n’intervient plus le dimanche et les jours fériés. Les horaires ont été ajustés donc réduits dans une démarche d’optimisation.

les exclus du système bancaire Face à la précarité, le prêt d’une petite somme d’argent peut avoir de grandes et belles conséquences. Sauf que, quand ces personnes sont hors du circuit bancaire, les choses se compliquent. Heureusement, des associations sont là pour y remédier.

L a mise en place de cette maraude remonte à l’hiver 2009. Aujourd’hui plus personne ne conteste les bénéfices de ce dispositif qui

“N ous ne sommes pas une banque, juste une association qui prê- te de l’argent en totale confor- mité avec la législation en vigueur” pose d’emblée Marcel Lefebvre, président du “Lien par le micro- crédit”. Née il y a quatre ans à Damprichard, l’association a d’abord dû recruter des adhé- rents pour se constituer des fonds propres pouvant être ensuite prêtés : “Les adhésions et deux subventions de la com- mune de Damprichard et du syn- dicat intercommunal d’action

sociale sont nos seules ressources” note-t-il, situation limitant de fait le nombre d’interventions possibles. Actuellement, une quinzaine par an avec un prêt moyen de 1 650 euros. “Du cou- su main pour du plus humain” lance le président, dans la mesu- re où nos interventions sont calées sur le besoin et une durée du prêt adaptée aux possibili- tés de remboursement. Ces cri- tères étant définis ensemble, et non sur la base de préétablis. “Les demandes nous sont trans- mises par les divers intervenants

dans le domaine social du pla- teau de Maîche. Les gens concer- nés sont des exclus du circuit bancaire traditionnel, en situa- tion de redressement ou parfois interdits bancaires.” Le prêt sol- licité a toujours une utilité bien réelle et immédiate. Qu’il s’agisse de remplacer en urgence un réfrigérateur, d’aménager un véhicule pour une personne inva- lide ou encore de faire le plein d’un véhicule pour aller au tra- vail ! “Nous avons souvent le cas d’achat d’un véhicule justement pour pouvoir répondre à une offre d’emploi.” Condition sine qua non qui sou- vent porte ses fruits et sort les personnes de leur situation pré- caire. “En ouvrant cette discus- sion avec les bénéficiaires, nous faisons aussi du conseil de ges- tion du budget familial” pour- suit Marcel Lefebvre qui pour continuer à aider ses concitoyens lance un appel : “Nous avons besoin de nouveaux adhérents pour augmenter nos fonds dis- ponibles pour accorder ces prêts.” En ayant à l’esprit que person- ne n’est à l’abri d’être un jour dans une situation financière délicate et d’avoir besoin d’une telle aide.

débarquent dans le Haut-Doubs quelques jours, un mois ou deux, reviennent ou ne font que pas- ser. Je constate qu’il y a quand même de plus en plus de jeunes et de femmes.”

améliore au final le sort des S.D.F. à Pon- tarlier. Chacun s’y retrouve. Pour Cédric, cette expérience a ser-

Une vingtaine de S.D.F. sur Pontarlier.

L’équipe mobile accueille deux nou- veaux avec Fabrice et Yasmani. “Le recrute-

vi de tremplin professionnel. Engagé pour la campagne 2011, il a finalement été recruté au service social du C.C.A.S. où il est chargé, entre autres, de suivre les S.D.F. en dehors de la période hivernale. “C’est impor- tant qu’on puisse maintenir ce lien toute l’année. Les services sociaux s’y retrouvent dans la qualité de l’accompagnement de ce public” , estime Lucie Pour- celot responsable du service social du C.C.A.S. de Pontarlier qui s’occupe des S.D.F. et des personnes de plus de 50 ans sans enfant à charge. Cédric fait tou- jours partie de l’équipe mobile où il intervient à mi-temps. Avec le recul, il observe déjà des évo- lutions. “Le nombre de S.D.F. reste assez stable. Cela repré- sente une vingtaine de personnes. Il y a un noyau dur et beaucoup de turn-over avec des gens qui

ment s’effectue en privilégiant pas tant les diplômes mais plu- tôt la personnalité des candidats et leur envie de dialogue avec les

Marcel Lefebvre lance un appel pour trouver de nouveaux adhérents afin d’augmenter les fonds disponibles de l’association.

Lien par le micro-crédit : Marcel Lefebvre, la Seigne Bernard 25450 Damprichard. Tél. : 06 80 63 38 24. Courriel : mar.lef.udba@wanadoo.fr

Fabrice, Cédric et Yasmani forment la veille mobile au service des S.D.F.

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