Journal C'est à dire 202 - Septembre 2014

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Assurance-maladie : le retour des frontaliers La fréquentation des agences de Morteau et Pontarlier a augmenté de 30 % depuis le retour des frontaliers à l’assurance-maladie française amor- cé en juin dernier. Option anticipation. Santé

Au service des frontaliers Un espace dédié sur le site ameli.fr destiné aux frontaliers pour les renseigner sur leurs droits, démarches et lʼessentiel des informations à connaître. Pour y accéder, rendez-vous sur ameli.fr >Vous êtes assuré >Droits et démarches >A lʼétranger >Vous êtes frontalier suisse une ligne téléphonique spécia- lement ouverte pour les fron- taliers. Numéro : 0811 910 024. Horaires : du lundi au vendre- di de 8 heures à 18 heures des points dʼaccueil renforcés Des rendez-vous en C.P.A.M. après une évaluation réalisée par un agent en accueil phy- sique ou au téléphone.

Christian JOUILLEROT www.christian.jouillerot.swisslife.fr đ !0. %0! đ É , .#! đ ( !)!*0 đ .h2+5 * ! đ 10+ đ +0+ đ %0 0%+* đ +%/%./ đ +))!. !/ đ *0.!,.%/!

“F in août, on enregistrait 4 750 sollicitations à l’accueil” , indique Christine Faivre, la responsable des agences C.P.A.M. sur Mor- teau et Pontarlier. Le mouve- ment s’accélère avec 600 solli- citations supplémentaires dans la première quinzaine de sep-

sachant que ce sera définitif, sauf changement de situation. Les autres devront réintégrer l’assurance-maladie française au plus tard le 31 mai 2015. Dans le Doubs, cela représente 22 000 frontaliers, soit 22 000 dossiers. Les C.P.A.M. du Doubs font face à ce flux de nouveaux adhérents. sites de Morteau et Pontarlier, ce qui permet de proposer des points d’accueil renforcés. On procédera probablement à de nouvelles embauches d’ici la fin de l’année car cette période cor- respond généralement au renou- vellement des contrats.” Pour éviter d’agir dans l’urgence et l’énervement, Christine Faivre insiste sur l’intérêt d’anticiper les démarches. Pour ce faire, l’assurance-maladie offre un ser- Les dispositifs mis en place semblent fonc- tionner. “On a recruté quatre C.D.D. sur les

vice de pré-affiliation. Les fron- taliers peuvent constituer leur dossier avant la fin de leur contrat d’assurance et le dépo- ser à la Caisse primaire de leur domicile. Leurs droits seront réactivés automatiquement à la date d’affiliation et ils pour- ront disposer de leur attesta- tion de droits. Ils recevront ensui- te le dossier à compléter pour l’obtention de la carte Vitale. “Tout est expliqué par exemple sur le site Ameli.fr.” Le taux de cotisation est fixé à 6 % jusqu’au 31 décembre avant de passer à 8 %. Le dis- positif intègre également la garantie de la continuité de pri- se en charge des soins lourds initiés en Suisse avant la date d’affiliation à l’assurance-mala- die. “Les conditions de prise en charge varient selon la nature des soins et sont étudiées au cas par cas avec l’avis du méde- cin-conseil.”

COMPLÉMENTAIRE SANTÉ đ .0%/ */ đ +))!.` *0/ đ / ( .%h/

Nouvelle formule Séniors

tembre. Pour l’essentiel, il s’agit de demandes de renseignements en vue de constituer le dossier d’affiliation. Le chantier

Il faut anticiper les démarches.

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ne fait que débuter car l’essentiel des frontaliers bénéficiait jus- qu’à présent d’un contrat d’assurance privée pour le risque maladie. Quelques-uns étaient à l’assurance-maladie suisse (Lamal) et 10 % avaient déjà fait le choix de cotiser à la C.M.U. La fin du droit d’option a susci- té de multiples contestations. Les nouveaux frontaliers ont toujours le choix d’adhérer au régime suisse ou français

*selon options

Vallorbe Sa vérité sur le salaire suisse : “On ment aux nouveaux venus”

Voir offre promotionnelle en agence

Son salaire à l’appui, David Miaille explique que les rémunérations en Suis- se sont aujourd’hui beaucoup moins alléchantes qu’elles ne l’étaient aupa- ravant. Licencié, ce frontalier a choisi de créer sa boîte… à Vallorbe.

18,79 francs suisses de l’heure. “C’est peu par rapport au pos- te à responsabilité que j’occupe

vail frontalier, David Miaille a toutefois décidé d’être son propre patron. “Marre de travailler pour les autres” souffle-t-il. Il a créé

dizaine de C.V. de Français ori- ginaires de la région parisien- ne, de Strasbourg, des Pyrénées, qui voulaient tout quitter pour s’installer ici sans réfléchir” rela- te David Miaille. Son collabora- teur, de nationalité suisse, ajou- te : “Certains demandent 5 700 francs bruts, c’est juste impossible. Nous, on propose entre 4 000 et 4 500 francs suisses et c’est déjà pas mal.” Si la Suis- se demeure attractive, elle n’est pas l’eldorado que beaucoup vou- draient laisser entendre… E.Ch.

en bout de chaîne” dit-il. La première semaine, il touche 662,60 francs suisses, 547 la seconde puis 1 225 par semai- ne et 1 195 francs

L’ histoire professionnel- le de David Miaille est peut-être révélatrice d’un nouvel état d’esprit chez les travailleurs frontaliers confrontés à des bas salaires, notamment pour les nouveaux venus. Cet habitant de Jougne qui travaille depuis 30 ans de l’autre côté de la frontière veut couper court à certaines vérités.Et notam- ment celle que le salaire médian était en 2012 de 5 100 francs suisses par mois comme l’affirme l’Office fédéral de la statistique. “C’est faux. Aujourd’hui, les nou- veaux salariés frontaliers qui sont embauchés sont plutôt à 2 500-3 000 francs suisses, cho- se qui n’existait pas avant. J’ai touché en intérim 2 584 euros. La presse ment aux nouveaux venus” dit David Miaille en expo- sant sa fiche de paye. Rencon- tré dans un café à Vallorbe, il interpelle la serveuse : “Et vous, touchez-vous 4 272 francs suisses bruts par mois pour votre pos- te ?” Réponse de l’employée, un peu gênée, “non, beaucoup moins, dit cette frontalière. J’ai tra- vaillé un mois dans un alpage en Suisse comme serveuse à 100 % pour environ 1 600 euros” témoigne la jeune femme. Licencié en mai 2013 d’une industrie spécialisée dans les câbleries à haute tension, David est resté 3 mois sans activité avant de s’inscrire dans une boî- te d’intérim. À 45 ans, ce père de famille qui a acheté une mai- son a, comme tout le monde, l’obligation de payer ses traites. “Lorsque vous vous présentez à un entretien, il ne faut pas

une société spécialisée dans la vente et la valo- risation de pneus usa- gés… en Suisse, à Val- lorbe, en s’associant

2 500 euros nets par mois.

rêver : on ne vous embauche plus à 4 500 francs suisses. Les entre- prises ont tellement de C.V. venus de Bordeaux, Paris, du Nord, qu’elles choisissent les nouveaux venus. Elles essayent de se sépa- rer des anciens frontaliers qui coûtent cher” estime-t-il. Les nou- veaux frontaliers seraient, à l’entendre, moins regardants sur les salaires : “Il y a une désinfor-

mation : ceux qui arrivent ne savent pas ce qu’est le deuxiè- me pilier ou qu’ils devront payer leur assurance-maladie, les tra- jets, plus d’impôts, etc.” A l’entendre, le marché serait bous- culé par cette arrivée massive de candidats à l’eldorado suisse. David est finalement embauché en intérim par une société spé- cialisée dans le médical pour

suisses le seconde pour un tra- vail de nuit, soit 3 629 francs pour le mois (soit 3 001 euros en brut). “En net, cela me fait un salaire de 2 584 euros ! On est loin des chiffres annoncés…” S’il dit ne pas être déçu du tra-

avec Franco Montinari. Ce nou- veau costume le fait-il chan- ger de discours par rapport aux salaires, lui qui recherche désor- mais un chauffeur poids lourds pour son activité qui a débuté en septembre ? “On a reçu une

David Miaille (à gauche) joue la transparence sur son ancien salaire suisse, pas si mirobolant. Il a créé sa boîte spécialisée dans la valorisation des pneus, avec son associé Franco Montinari.