Journal C'est à dire 202 - Septembre 2014

É C O N O M I E

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Tourisme “La fin de la Voie verte n’est pas la fin du Haut-Doubs” Après l’abandon définitif du projet de “voie verte” autour du lac Saint-Point, le président du Conseil général du Doubs Claude Jeannerot revient ce projet qu’il a défendu avec acharnement. Il justifie ses décisions et ses choix.

C’ est à dire : La déci- sion de la cour d’appel de confirmer le rejet de la déclaration d’utilité publique vous a-t- elle surprise ? Claude Jeannerot : D’abord, elle m’a déçu car elle met un terme à un projet sur lequel on a fondé des espoirs. On prend acte de la décision qui confirme l’annulation d’utilité publique déjà prononcée en première ins-

tance par le tribunal adminis- tratif de Besançon. On est dans un pays de droit où l’action des collectivités est toujours très encadrée. C’est l’arrêté de décla- ration d’utilité publique de l’État qui est annulé, pas seulement le fait du Conseil général mais aussi des services du préfet. Mais dont acte, on ne conteste pas une décision de justice. Aujourd’hui, il faut tourner la page.

Càd : Pourquoi ne pas aller jusqu’au Conseil d’État ? C.J. : Il y a un moment où il faut savoir apprécier la situa- tion. Relativisons aussi ce pro- jet de Voie Verte qui n’est pas le seul projet structurant sur le Haut-Doubs. Il s’inscrit dans un projet global de développement économique du secteur et ce n’était qu’un des éléments du plan départemental d’itinéraires touristiques. Cette ambition glo- bale pour le territoire du Haut- Doubs est toujours d’actualité. La fin du projet Voie verte n’est pas la fin du Haut-Doubs. Sur le reste, nous ne sommes pas dans l’espérance mais dans l’action réalisée. Càd : À quelles actions son- gez-vous ? C.J. : À la mise aux normes des tremplins de Chaux-Neuve. À la relance de la station de Méta- bief qui a débuté avec le nou- veau télésiège et s’est pour- suivie avec la neige de cultu- re, le tout permettant de fidé- liser la clientèle. Il y a aussi le soutien du Conseil général à la filière nordique. On peut signaler la pose d’enrobé sur la

totalité du parcours de la Voie du train entre Pontarlier et Gil- ley. Càd : Certains estiment que vous aviez fait de la Voie ver- te un combat personnel. Que leur répondez-vous ?

sident du Conseil général. Par contre, j’en avais fait un com- bat personnel dans le sens d’aller en présenter l’intérêt aux habi- tants. J’ai fait la même chose avec le musée Courbet qui n’aurait peut-être pas vu le jour sans cette obstination. Càd : Et que dire du coût de ce projet que d’aucuns trouvaient indécent dans le contexte actuel ? C.J. : On s’attache depuis des années à faire des économies sur le fonctionnement de la col- lectivité. La question du coût se pose si l’on sait combien cela rapporte. C’est l’histoire de l’œuf et de la poule. Nous avons démontré sur la véloroute qu’il y avait des retombées parce que les équipements existaient. Notre ambition n’est pas de dépenser de l’argent mais de

créer de la richesse.

Càd : Est-ce que l’abandon de la Voie verte ouvre la por- te à d’autres alternatives ? C.J. : Je vais reprendre une cita- tion d’Edgar Faure qui disait : “C’est un grand tort d’avoir rai- son trop tôt.” Cet équipement vient sans doute trop tôt. Il a été victime d’intérêts person- nels qui prétendaient se draper derrière l’intérêt général. Nous ne lâcherons rien. L’option ban- de cyclable n’est pas plus per- tinente. Un tel équipement coû- te aussi cher car il faudrait éga- lement élargir l’emprise de la route. Sans offrir le même niveau de sécurité. On ne sou- haite donc pas s’engager dans une opération qui coûte aussi cher et qui manque d’intérêt.

C.J. : Je récuse totalement cela. Figurez-vous que cette Voie verte était déjà

“Aujourd’hui, il faut tourner la page.”

dans les cartons du Départe- ment avant mon arrivée. Je suis toujours surpris de la violence des opposants sur le dossier Voie verte. Ils n’étaient pas nom- breux, mais violents. On avait l’impression qu’on allait construi- re une centrale nucléaire. C’était démesuré et cela n’avait rien à voir avec ce fameux projet de télécabine entre le lac et le Mont d’Or évoqué par un ancien pré-

“À entendre les opposants, on a l’impression qu’on voulait faire une centrale nucléaire !”, commente Claude Jeannerot.

Propos recueillis par F.C.

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