Journal C'est à dire 201 - Septembre 2014

P L A T E A U D E M A Î C H E

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Une image à reconquérir La décision de fermer la pêche cette saison dans le Dessoubre a- t-elle mis à mal la fréquentation touristique ? La réponse n’est pas forcément la même d’un bout à l’autre des 33 km de cette bel- le vallée en danger. Mais tous partagent la même crainte pour l’image à plus long terme et la situation même de la rivière. Vallée du Dessoubre

D ifficile au premier abord de tirer un premier bilan de la saison après un tel épisode météoro- logique. Pluie, froid, manque d’ensoleillement… pas de quoi favo- riser le tourisme, ni pour un séjour ni pour une journée. Quand on sait en plus que la vallée est particulièrement prisée par les motards, on comprend que les restaurateurs notamment ont subi de plein fouet les caprices de la nature. Une nature en plus mise à mal depuis des mois en ce qui concerne la qualité de l’eau.

À Saint-Hippolyte où le Dessoubre ter- mine sa course en se jetant dans le Doubs, Élise Pourny, chargée de l’accueil à l’office de tourisme, a continué à fai- re le job en envoyant les gens de pas- sage découvrir la vallée : “Bien sûr, on a vu moins de pêcheurs car ils étaient déjà informés de la situation. Mais pour les autres, la vallée reste belle à voir…” Propriétaire d’un gîte et par ailleurs vice-président de l’association de pêche locale, Jean-Claude Peyra- maure n’a pas eu d’impact cette année sur les réservations : “Elles sont faites

Manque de passage et météo exécrable, le mini-golf du Pont Neuf n’a pas eu la fréquentation espérée cet été.

longtemps à l’avance donc l’annonce de la pollution aura plutôt des consé- quences à l’avenir” note-t-il, inquiet comme beaucoup pour l’image qui va désormais être celle du Dessoubre, jadis l’une des plus belles rivières de France. À l’autre extrémité de la val- lée, là non plus, on ne dramatise pas pour le moment. Mais comme à Saint- Hippolyte, les gens viennent à Conso- lation sans forcément traverser la val- lée et y découvrent de multiples acti- vités. “Pas d’impact a priori et très peu de remarques des touristes” explique Pascal Blanchard, directeur d’Artisans de paix, association gestionnaire du site. C’est donc ailleurs qu’il faut chercher les victimes directes de la pollution du Dessoubre. Exemple au cœur de la val- lée, à mi-chemin entre Saint-Hippo- lyte et Consolation, au lieu-dit le Pont Neuf. Jacquy Jacottet y exploite un restaurant et un mini-golf. Et là, le discours n’est plus du tout le même : “On note une forte baisse de fréquen-

tation. D’abord sur la clientèle des pêcheurs puisqu’on n’en a évidemment pas vu un seul cette année. Et aussi sur les touristes de passage. Les gens ne viennent plus pique-niquer ou se baigner… C’est la pire saison depuis que nous sommes installés ici il y a une dizaine d’années.” D’autant qu’il faut aussi communiquer pour rassu- rer les clients hésitants quant à la qua- lité du poisson servi… “On cuisine des truites livrées par des piscicultures et pas du poisson sorti du Dessoubre !” Le restaurateur espère donc comme ses collègues que la situation va vite évoluer et que tous les acteurs de ce difficile dossier vont se mobiliser pour l’avenir : “On vit dans cette vallée. On a besoin d’elle comme elle a besoin de nous. Si plus personne n’y vient, il n’y aura plus de commerces et si ça devait être le cas, dans quel état va-t- on la retrouver dans quelques années ?” Il y a donc urgence. Écologique et éco- nomique. D.A.

À Consolation, source du Dessoubre, les gérants ne ressentent pas directement le manque de flux touristique le long de la vallée.

Handicapé, mais travailleur comme les autres Au cœur de la zone industrielle à la sortie de Maîche, un bâtiment comme les autres, celui de l’E.S.A.T., établissement et service d’aide par le travail. Ici comme ailleurs, les ouvriers produisent. Seule différence, comme Florian, 26 ans, ils sont travailleurs et handicapés. Maîche

T ravail d’assemblage et de montage, méca- nique, coupes de bois ou entretien d’espaces verts, les activités de l’E.S.A.T. de Maîche sont très diversifiés pour la soixantaine de tra- vailleurs qui comme Florian ont une particularité…La joie d’être là ! “On est content de se voir tous les jours, d’être au travail avec les collègues et les éduca- teurs” explique le jeu- ne homme. Une impres- sion qui se confirme à la visite des ateliers avec un vrai sentiment de bonheur qui plus est com- municatif. Ce travail est un premier pas vers l’indépendance. Ce qui don- ne quelques idées au jeune hom- me. “J’aimerais bien avoir un jour mon appartement” confie- t-il. Comme d’autres adultes handicapés, cette première marche vers l’autonomie pour- rait donc n’être qu’un début. C’est tout ce que l’on peut sou-

haiter pour Florian, très fier aussi à juste titre de pouvoir le temps d’un article montrer ce qu’il fait au quotidien avec ses collègues. D’ici là, il continue sa route, sérieux et appliqué, avec un plaisir qu’il a bien vou- lu partager, celui de profiter d’une vie sociale comme les autres. “Tous les jours, je prends le bus à 8 h 30 et à midi on repart tionner un moment important de la journée. “On a une pau- se-café le matin et on fête tou- jours les anniversaires des col- lègues.” Bref, la vie classique d’un ouvrier d’usine, cinq jours par semaine et onze mois par an. Les congés d’été fin juillet étaient d’ailleurs attendus avec impatience même si le retour à l’atelier fin août est toujours un bon moment de retrouvailles. manger tous ensemble au foyer. On revient au tra- vail de 13 h 30 à 17 heures” explique Flo- rian sans oublier de men-

Catherine, la maman de Flo- rian sait bien elle aussi l’importance de cette insertion dans le monde adulte et dans un cadre professionnel pour son fils : “Il se sent utile, il a un salai- re, ce qui le rend très fier, com- me le fait de faire des pièces pour de grandes entreprises hor- logères. Tout cela a un vrai impact psychologique.” Dans ce milieu où il côtoie des personnes handicapées comme lui, Florian s’épanouit réellement. Les maîtres mots de ses journées sont l’amitié, la solidarité mais aussi l’envie de bien faire. Et à observer Florian à son poste, on voit immédiatement le tra- vailleur consciencieux qu’il est. Bien sûr, comme tout le mon- de, il est content de rentrer à la maison après une longue jour- née et de profiter des week-ends en famille. Mais, contrairement à beaucoup en milieu dit “nor- mal”, il est souriant, heureux et vit “sans se prendre la tête.” D.A.

L’impact positif du travail.

Florian est fier de pouvoir travailler comme les autres jeunes de son âge.

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