Journal C'est à dire 201 - Septembre 2014

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D O S S I E R

Louis Pergaud : de la Guerre des boutons à celle des tranchées Portrait Natif de Belmont, Louis Pergaud, profondément attaché aux idées répu- blicaines, exerce le métier d’instituteur avant de devenir un écrivain à suc- cès, récompensé par le Prix Goncourt. Une célébrité qui ne l’empêchera pas d’être appelé lui aussi pour défendre la Nation.

E n 1910, “De Goupil à Margot” lui vaut le Prix Goncourt. Il a 28 ans et reçoit la recon- naissance tant espérée. Dans la foulée, un roman célèbre va venir confirmer ce succès “La Guerre des boutons”. Une

confrontation enfantine entre gamins de deux villages à la campagne. La guerre, la vraie, Louis va la connaître en étant mobilisé dès août 1914, lui le pacifiste, l’antimilitariste qui écrit alors ironiquement être envoyé “en villégiature passa-

gère” du côté de Verdun. Le temps n’est pas aux combats idéologiques, alors en bon citoyen, il s’applique à lui-même le sacro-saint principe de l’union sacrée et exprime sa “foi et ce vieil amour de la terre de Fran- ce… Il faut faire son devoir tout simplement et on le fera.” Les semaines passent et bien enten- du, Louis Pergaud continue à écrire. Des lettres à son épouse et ses proches où il rassure et minimise la réalité dans un opti- misme de façade. Et dans ses carnets où surgit une autre réa- lité, sans mensonge ou auto- censure. Il écrit : “Si j’ai le bon- heur de revenir, ce sera je crois plus antimilitariste encore qu’avant mon départ.” Mais jamais Pergaud ne reviendra, ni vivant ni mort. Le 8 avril 1914, vers 2 heures du matin, il conduit ses hommes à l’assaut à Marchéville, dans

Pergaud en veste blanche au milieu de ses hommes, la veille de sa mort.

venu de nos lignes réduit en bouillie les blessés. Pergaud, mort pour la France, aura pro- bablement été achevé involon- tairement par les siens. Sa dépouille ou plutôt ses restes ne seront jamais identifiés. La terre de sa Franche-Comté nata- le ne sera donc jamais sa der- nière demeure. Il avait 33 ans. Avant d’être un écrivain recon- nu, Louis Pergaud était avant tout instituteur. Une profession qui va payer un lourd tribut lors de cette Grande Guerre. Car

très vite, ces enseignants vont être mobilisés et amenés à occu- per des fonctions de formation et d’encadrement des troupes. Parmi eux, le premier mort pour la France du conflit, tombé sous les balles allemandes à Jon- cherey dans le Territoire-de-Bel- fort, le 2 août 1914., veille de la déclaration. Ce caporal, Jules Peugeot, issu d’un milieu modes- te, fut instituteur au “Pissoux” sur la commune de Villers-le- Lac. D.A.

au petit matin, Pergaud est lais- sé sur le champ de bataille.” Une clause de guerre stipule que les blessés français se trouvant plus

la Meuse. “On sait qu’il a reçu une bal- le au pied entre les deuxième et troisiè-

près des tranchées allemandes que de leur propre camp sont ramassés par

Pergaud, l’instituteur.

me réseaux de barbelés” , révèle Bernard Piccoli, président de l’Association des amis de Per- gaud. “Son sous-lieutenant lui propose de le ramener, mais Per- gaud lui ordonne de terminer l’attaque. Celle-ci est un échec,

l’ennemi. D’après le témoigna- ge de l’un d’eux, les Allemands s’occupent d’abord de leurs hommes et laissent les Fran- çais sur le rebord de leurs tran- chées. Vers 14 heures, ce même jour, un tir nourri d’artillerie

L’auteur de la Guerre des boutons est mort à l’âge de 33 ans.

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