Journal C'est à Dire 99 - Avril 2005

D O S S I E R

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Structure

C’est à dire : Quelles sont vos missions ? Bernard Allen : Le service de la promotion économique regrou- pe un ensemble d’acteurs chargés de mettre en relation les entre- prises avec les organismes institutionnels, d’accompagner les pro- jets d’installation, de gérer les aides financières et fiscales. Nous sommes partenaires du parc scientifique et technologie Neode et de la société Finergence qui alloue un capital de démarrage aux entreprises novatrices. On s’occupe également de la promotion éco- nomique exogène qui consiste à faire venir des entreprises de l’étran- ger sur le canton. Càd : Privilégiez-vous plus ce secteur d’activité ? B.A. : Non. Notre priorité va au soutien des entreprises du canton pour les aider à innover, à rester compétitives. Elles bénéficient des mêmes mesures d’exonérations fiscales. Càd : Qu’est-ce qui a décidé Stryker à venir s’installer à La Chaux-de-Fonds par exemple ? B.A. : L’arrivée de cette société est liée au fait qu’il existe déjà tout un tissu d’entreprises spécialisées dans le domaine médical. Càd : Ces sociétés viennent mais leurs sièges restent à l’étran- ger, ce qui prive les communes de rentrées financières liées aux bénéfices dégagés. B.A. : Beaucoup d’entreprises locales sont concentrées dans des groupes dont les centres de décision sont à l’extérieur. Les activi- tés restent sur place mais les sièges se déplacent. Les communes ont néanmoins un retour sur les impôts physiques. Il est vrai que pour les personnes morales, il existe certains allégements fiscaux valables un certain temps. Càd : Considérez-vous que la promotion économique exo- gène soit finalement rentable ? B.A. : Son action s’inscrit sur le long terme. On constate que les cycles de vie des sociétés sont de plus en plus courts. De ce fait, l’activité de promotion économique est en perpétuel renouvelle- ment. Quand on évoque les apports, il faut prendre en compte les salaires générés, les impôts sur les personnes physiques, les effets induits des groupes qui font travailler les sous-traitants locaux, les retombées indirectes sur l’hébergement, la restaura- tion. Tout ça augmente le retour sur investissement. Càd : L’impact est donc positif ? B.A. : De façon globale, les activités de promotion économique rap- portent plus qu’elles ne coûtent. On met actuellement en place des outils d’évaluation. Je ne pense pas utile de mettre en opposition exogène et endogène. Ces deux activités sont complémentaires. Beaucoup de gens s’expriment sur le sujet mais rarement en connais- sance de cause. On ne fait pas, non plus, de surenchères pour aller piquer des entreprises ailleurs. ! Recueilli par F.C. Le service de la promotion économique neuchâteloise (P.R.E.N.) soutient depuis 25 ans les projets d’installa- tion des entreprises. Beaucoup s’interrogent sur l’in- térêt de faire venir des grosses sociétés. Réponse en compagnie de Bernard Allen, responsable de la P.R.E.N. Cible Attirer des entreprises étrangères : une rentabilité à long terme Autorisations frontalières délivrées pour la première fois en 2004, par branche économique Total ..................................................................................756 Bureaux de consultants, informatique...............................180 Horlogerie, bijouterie .........................................................156 Restauration, hébergement .................................................76 Santé et service vétérinaire .................................................61 Commerce de détail ............................................................52 Métallurgie ...........................................................................29 Commerce de gros..............................................................29 Construction de machines et de véhicules .........................25 Électrotechnique, optique....................................................23 Hébergement social, œuvres sociales.................................17 Industrie chimique ...............................................................16 Construction........................................................................12 Autres ..................................................................................80 Sources : I.M.E.S., Registre central des étrangers Mai 2004 ..................5 367 Juin 2004 .................5 443 Juillet 2004...............5 513 Août 2004 ................5 592 Septembre 2004 ......5 706 Octobre 2004 ...........5 801 Novembre 2004........5 904 Décembre 2004........5 954 Frontaliers travaillant dans le canton Janvier 2003.............5 065 Avril 2003 .................5 121 Août 2003 ................5 187 Décembre 2003........5 240 Janvier 2004.............5 259 Février 2004 .............5 275 Mars 2004 ................5 318 Avril 2004 .................5 348 Zoom

Implanté à Neuchâtel dans le quartier de la Maladière, Neode est un parc scientifique et technologique ser- vant à l’accueil et à l’accompagnement des porteurs de projet dans les domaines des micro et nanotechniques de pointe. Un second site sera inauguré en juin à La Chaux-de-Fonds dans la zone d’activité des Éplatures. Neode : un second site ouvrira à La Chaux-de-Fonds

C réée en 2003 à l’initiative du gou- vernement neuchâteloise, Neode qui signifie “nouveau chemin” en grec est le fruit d’un partenariat entre l’État, les institutions de recherche et de formation du canton et de l’économie can- tonale. Présidée par Pierre-Olivier Chave également à la tête du groupe chaux-de-fon- nier PX-holding, cette plate-forme multi- fonctions fonctionne sous statut privé. “On va ouvrir prochainement le capital en vue d’assurer le développement du parc pour répondre à une demande croissante” , confie Claude Amiguet, le coach -directeur. Sur ses deux sites, Neode est intégré au cœur du tissu industriel, de recherche et de formation du Réseau urbain neuchâtelois et de sa région. “À la Maladière, on est ins- tallé dans le bâtiment qui abrite le C.S.E.M. (Centre suisse d’électronique et de micro- techniques) et l’I.M.T. (Institut Microtech- nique et Technique). Grâce à cette proximi- té, il est possible de proposer aux jeunes entre- prises des liens avec ces centres de recherche.” Incubateur et pépinière d’entreprises, Neo- de met à disposition de ses “pensionnaires” des locaux, une administration centrale, un puyant sur une relation de confiance, elle se décline en 3 axes : gestion d’entreprise, mise en industrialisation et aide financière et structurelle. “Quand le candidat arrive, on lui fait une proposition intégrant local, secrétariat, comptabilité et autres presta- tions. Le coût de cette solution est présenté sous forme forfaitaire et intègre une aide dégressive de 70 % puis de 50 % La pério- de d’incubation varie de 2 à 3 ans. Quand les gens sortent, ils peuvent s’installer en pépinière sur une période un peu plus longue. Neode ne s’occupe pas de promotion immo- bilière.” D’une surface de 4 500 m 2 , le bâtiment des Éplatures ne passe pas inaperçu. Il s’éta- ge sur 3 niveaux. Le premier est réservé aux ateliers, le second abrite un labora- toire dit “salle grise” et le troisième est occu- pé par les locaux administratifs. La capa- cité d’accueil est limitée à 7 entreprises. “Sur le site de Neuchâtel, on fonctionne actuellement avec 6 sociétés en incubation Un tiers de l’argent généré retombe dans le tissu local. environnement scienti- fique, des financements favorisant leur démarra- ge et leur croissance jus- qu’à leur prise d’autono- mie. La notion de coaching s’ap- plique aux personnes en phase de démarrage. S’ap-

“Un tiers de l’argent généré retombe ainsi dans le tissu local”, constate Claude Amiguet, le directeur de Neode, dont le site de La Chaux-de-Fonds sera inauguré dans la matinée du 11 juin.

et 1 en pépinière. Deux autres sociétés inté- greront l’incubateur de La Chaux-de-Fonds à partir de mai-juin.” Après une année de fonctionnement, le pre- mier bilan des activités commerciales des entreprises implantées à Neode répond aux attentes. “En 2004, on a fait 1,2 million d’euros de revenus consolidés dont 700 000 euros correspondant aux commandes effec- tuées auprès des sous-traitants locaux. Pour 2005, les projections sur les 10 entreprises laissent espérer 3,6 millions d’euros de reve- nus consolidés dont 1,2 million d’euros liés

à la sous-traitance. Un tiers de l’argent géné- ré retombe ainsi dans le tissu local. Neode remplit parfaitement son rôle. À plus long terme, on s’est fixé une autre mission. Elle consistera à aider les P.M.E. qui en mani- festent le besoin à passer d’un mode de pro- duction à un mode d’innovation en mettant l’accent sur les aspects recherche et déve- loppement.” Claude Amiguet envisage également de tis- ser des liens, par le biais des fonds Inter- reg, avec le parc Temis en cours d’instal- lation à Besançon. ! F.C.

Les Bilatérales II dopent l’intérim frontalier Libre circulation des personnes L’entrée en vigueur au 1 er juin 2004 du second volet des accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union Euro- péenne contribue à l’augmentation de l’effectif frontalier dans le canton de Neuchâtel. L’assouplissement des réglementations favorise l’émergence de nouvelles catégories de travailleurs.

L e contrôle de la popu- lation frontalière connaît un certain flou statistique depuis la mise en œuvre progressive de la libre circulation des per- sonnes initiée à partie de juin 2002 avec les Bilatérales I. Selon le registre central des étrangers, seules quelques informations chiffrées sont restées fiables. Elles concer- nent le nombre d’autorisations frontalières délivrées. Pour l’effectif des frontaliers, il faut s’en tenir à des estimations. Entre décembre 2003 et décembre 2004, la tendance est à la hausse. Le nombre de frontaliers a augmenté de 714 (+14%) pour atteindre le chiffre de 5 754. Sur l’en- semble de l’année 2004, 756 nouvelles autorisations fron- talières ont été délivrées sur le canton de Neuchâtel, soit 51 de plus qu’en 2002.

entreprises étrangères ont ain- si détaché 244 personnes sur le canton neuchâtelois. “Huit d’entre elles ont fait l’objet d’une dénonciation publique car elles ne respectaient pas les dispositions des salaires minimums suisses” , explique Raymond Spira. Avec les Bila-

Les changements introduits par les Bilatérales II portent notamment sur la fin du contrôle des conditions sala- riales et sociales ainsi que la suppression de la préférence aux travailleurs indigènes. Ces dispositions ont généré la définition de mesures d’ac-

des agences d’intérim. Les entreprises locales ont de plus en plus souvent recours à la main d’œuvre temporaire. Avec la libéralisation du marché du travail, elles recrutent plus facilement des étrangers.” Ce phénomène ne va pas sans créer certaines tensions dans un contexte économique plus tendu sur le canton de Neu- châtel où le chômage dépasse aujourd’hui la barre des 3 %. “On ne peut pas nier que cet afflux de main d’œuvre entraî- ne une pression diffuse sur les salaires. On ne peut pas refu- ser non plus à un étranger l’ac- cès au marché suisse s’il est prêt à travailler au salaire minimum, probablement infé- rieur à ce qu’accepterait un demandeur d’emploi suisse. Ce n’est pas en se refermant les uns sur les autres qu’on va améliorer les choses.” !

térales II, les pres- tations de service ne dépassant pas 90 jours de travail effec- tif par année civile ne sont plus soumises à autorisation. Cette ouverture se traduit par l’arrivée d’entre-

compagnement pour limiter les risques de sous-enchères salariales. Présidée depuis juin 2004 par Raymond Spira, une commission tripar- tite cantonale est chargée de mettre en

961 Français ont effectué des missions de courte durée.

prises et d’intérimaires fran- çais intervenant sur le can- ton. 33 prestataires de ser- vices indépendants ont ainsi été recensés sur Neuchâtel. “En 7 mois, 961 Français ont effectué des missions de cour- te durée. Plus de 80 % de ces personnes étaient placées par

œuvre ces mesures d’accom- pagnement. “Au-delà de l’im- pact sur les frontaliers au sens classique du terme, les Bila- térales II ont favorisé l’ap- parition ou le développement de certaines catégories comme les travailleurs détachés.” Depuis le 1 er juin 2004, 63

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