Journal C'est à Dire 96 - Janvier 2005

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D O S S I E R

Solutions

Pour enrayer son déclin, la profession horlogère française a tenté à différentes reprises de réagir. Mais les rivalités qui existent à l’intérieur de la filière ont fini par la déstabiliser. Les tentatives de sauvetage de l’horlogerie ont échoué

marchands de montres ont donc eu tendance à abandonner les fournisseurs locaux. La dernière grande tentative de sauvetage intervient dans la seconde partie des années quatre-vingt avec la création de la marque “Ligne France.” “L’idée était de mettre en place une politique de marque. “Ligne France” était censée être le pen- dant d’un Swiss Made. Cette grande marque collective qui regroupait tous les producteurs francs-comtois devait symboli- ser le bon goût français” indique Évelyne Ternant. Ce projet structurant se soldera aussi par un échec, “car on a cru que Fran- ce Ébauches, un des partenaires, allait chercher à récupérer cet- te marque à son profit.” Les dysfonctionnements ren- contrés à l’intérieur même de

la filière horlogère française ont conduit à sa déstabilisation. En fait, ce professeur d’économie a remarqué dans ses recherches que les fabricants de compo- sants et les producteurs de montres étaient dans des logiques commerciales diffé- rentes. “Les fabricants de pièces voulaient plutôt standardiser la production et exporter mas- sivement” alors que les fabri- cants de montres attendaient au contraire de pouvoir diver- sifier les productions. Les attentes étaient sensiblement différentes suivant les secteurs d’activité. Aussi les difficultés d’approvisionnement de certains horlogers ont conduit à la dis- location progressive des liens à l’intérieur de la filière horlogè- re française. !

me et répondre convenablement à la demande des fabricants de montres en termes de prix, de délais et de qualité” ajoute Patri- ce Besnard. Et les producteurs de montres commencent à ache- ter des mouvements en Asie.

L e quartz est la mutation technologique qui a fait vaciller la filière horlo- gère française. La montre méca- nique s’est trouvée rapidement détrônée dès la fin des années soixante-dix par l’éclosion de la montre analogique à quartz, fiable et moins chère. À l’époque, les horlogers français réagissent pour tenter de prendre le vira- ge de cette technologie et ensui- te rivaliser avec leurs nouveaux concurrents asiatiques. Mais la plupart des grands chantiers entrepris par les industriels fran- çais se sont révélés infructueux. “On a cru tout d’abord qu’il fal- lait s’associer entre sociétés pour former des groupes et tenir le choc de la concurrence. Cette

tentative de concentration n’a pas marché” indique Évelyne Ternant, professeur d’économie à Besançon et titulaire d’une thèse consacrée à l’horlogerie. Le cas de Matra-Horlogerie à Morteau est un exemple d’échec. L’entreprise Framelec née de la fédération de plusieurs horlo- gers locaux n’a pas duré plus de 6 ans. À ce sujet, Patrice Bes- nard, délégué général de la Chambre Française de l’Horlo- gerie, indique que l’échec de Fra- melec est lié à la politique de Matra. Notamment, après le départ de Marcel Rième de la tête de l’entreprise en 1981, “Matra a placé en successeur un jeune polytechnicien qui mal- heureusement ne connaissait rien

à l’horlogerie.” La profession pourtant bien orga- nisée a envisagé d’autres stra- tégies collectives, avec pour objec-

tif de monter en gamme dans la qua- lité des produits à tous les niveaux : de leur fabrication à leur commercia- lisation. Mais les

Guy Cheval, ancien président de la chambre française de l’horlogerie, réfute l’ar- gument d’un retard pris par les fabricants de composants vis-à-

“Les fabricants de composants n’étaient pas en mesure de suivre le rythme.”

rapports de domination et les rivalités qui existent de longue date entre les horlogers font capoter cette initiative. “Des créateurs de montres français sont partis s’approvisionner en pièces à l’étranger car en période de forte activité, les fabri- cants de composants n’étaient pas en mesure de suivre le ryth-

vis de la technologie du quartz. “Je dis mensonge, car dès le début nous étions capables de fabri- quer toutes les pièces du quartz sauf le circuit. C’est toujours le même problème que rencontrent aujourd’hui encore les fabricants français de composants auxquels les détaillants n’achètent plus de boîtes, plus de composants.” Les

Fabrique de montres Denis Albini Rue de Curcol Villers-le-Lac Altitude Rue Fauche Morteau Anguenot Frères S.A. Villers-le-Lac Manufacture d’horlogerie Victor Anguenot rue du Lac Villers-le-Lac Établissements Bervil rue des Gentianes Villers-le-Lac Fabrique d’horlogerie Michel Boiteux Grande rue Villers-le-Lac Établissements Émile Bonnet et fils Rue Pertusier Morteau S.A.R.L. André Charpie r rue Victor Hugo Morteau Fabrique d’horlogerie Camille Claude rue Pasteur Villers-le-Lac Établissements Marius Comte et Fils rue Neuve Morteau Établissements Cupillard-Vuez-Rième rue Neuve Morteau Fabrique d’horlogerie Domina S.A . rue Jean Jaurès Morteau Montres Duke rue du Quartier Neuf Villers-le-Lac S.A.R.L. Faivre-Dutec rue Antoine de Roche Morteau Fabrique d’horlogerie Raymond Faivre-Pierret Grande rue Morteau S.A. Fornage et Cie rue de l’Horlogerie Villers-le-Lac Fabrique d’horlogerie Gisca rue Nationale Villers-le-Lac Établissements Jacquot-Louvet rue de la Chaussée Morteau Fabrique d’horlogerie H. Jeannin et Fils Quartier Neuf Villers-le-Lac Manufacture d’horlogerie Alphonse Joly rue de la Côtote Villers-le-Lac Manufacture d’horlogerie Roger Kuenzi rue de la Chaussée Morteau Herma rue Nationale Villers-le-Lac Fabrique d’horlogerie E. Lambert et fils rue de la Chaussée Morteau Montres Lov Hubert Lambert et Fils rue Maréchal Foch Villers-le-Lac Fabrique d’horlogerie Louis Marguet et Cie rue Pasteur Villers-le-Lac Établissements Camille Mercier rue de l’Helvétie Morteau Établissements A. Monnot et fils Les Bassots Villers-le-Lac Montres Thalès rue de la Gare Morteau Société Mortuacienne d’Horlogerie rue de l’Helvétie Morteau S.A.R.L. Parents Frères place Saint-Jean Villers-le-Lac Horlogerie Renaud-Bezot Les Bassots Villers-le-Lac Fabrique d’horlogerie Marcel Ruprecht rue de la Côtote Villers-le-Lac Fabrique d’horlogerie Gervais Scalabrino Grande rue Villers-le-Lac Select-Watch rue Victor Hugo Morteau Liste des fabricants de montres fin des années 60 dans le Val de Morteau Fabrique d’horlogerie Albin Girardot rue des Châteaux d’Eaux Villers-le-Lac

Ici, les anciens éta- blissements

Cattin à Morteau.

Ici, les anciens établissements Camille Mercier à Morteau.

Les montres Zand étaient pro- duites rue Maréchal Leclerc.

Établissements Vuillemin-Caille rue du Quartier Neuf Villers-le-Lac Établissements Cattin à Morteau Montres Zand à Morteau Établissements Jual-Cuenot à Morteau

L’ancienne école d’horlogerie de Morteau est aujourd’hui la M.J.C.

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