Journal C'est à Dire 94 - Novembre 2004
É C O N O M I E
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Les Fins Frédéric Lamendin : “Le haut de gamme sauvera notre métier” Le directeur général de V.P. Plast, récemment récompensé par un Micron d’Or, dresse un état des lieux de la plasturgie, domaine d’activité de cette entreprise créée en 1986. V.P. Plast vient de doubler sa surface aux Fins.
C est à dire : V.P. Plast a engagé dim- portants travaux dagrandissement. En quoi consistent-ils ? Frédéric Lamendin : Lentreprise poursui- vant son développement, nous étions confrontés à un manque de place. Nous aurions pu déloca- liser mais nous avons choisi de continuer à inves- tir ici car nous pouvons compter sur une main duvre qualifiée, un personnel de qualité, ce qui nous a encore plus motivés. Les travaux dagran- dissement ont débuté en avril, ils doivent se terminer mi-décembre. La surface des locaux double, passant à 2 500 m 2 . Nous avons entré 5 nouvelles presses qui nous permettent de répondre à des marchés nouveaux. Linvestissement consen- ti pour ces travaux sélève à 1 million deuros. Ces travaux vont conduire à lembauche de quelques techniciens. Càd : Le marché de la plasturgie se porte donc bien, malgré une conjoncture écono- mique assez peu favorable ces deux dernières années ? F.L. : Il y a en ce moment de la demande dans la miniaturisation et dans les produits à haute technologie. Cest ce qui nous permet de continuer contraintes mais cest ce créneau qui nous permet de nous maintenir dans notre domaine dactivité, la micro-pièce injectée et la petite pièce technique. Nous avons délibérément opté sur linnovation technique pour rester compétitifs. Càd : Linnovation vous a permis dêtre dis- tingués par un Micron dOr au dernier salon Micronora. Quel est le procédé qui a été cou- ronné ? F.L. : Cest une nouvelle technologie que nous avons intégrée récemment : le surmoulage en ban- de. En clair, on part dune bande de métal quon découpe, quon forme et quon surmoule ensuite. Les pièces produites sont des microconnecteurs destinés à la téléphonie mobile. Nous avons adap- té notre savoir-faire sur les petites pièces, à une technologie qui existait auparavant sur des pièces plus importantes. Sans cette nouvelle technolo- gie, notre client aurait fait produire en Chine. Càd : Cette récompense vous ouvre-t-elle de nouvelles perspectives ? F.L. : UnMicron dOr, cest la reconnaissance dune innovation par les industriels. Cest honorifique mais en même temps, très concret car cette récom- pense nous a permis de nouer des contacts com- merciaux qui se sont concrétisés. Les clients ont découvert à cette occasion quon était capable de développer une nouvelle technologie en moins dun an. Cela donne de la réelle crédibilité à notre action. Càd : Il est donc impératif pour vous davoir un bureau détudes ? F.L. : Le fait davoir intégré les études ici nous permet de renforcer nos compétences. Notre bureau détudes comprend des B.T.S. et un docteur-ingé- nieur récemment recruté. Càd : Vous misez avant tout sur votre tech- nique et non sur les prix ? F.L. : Exactement. Notre stratégie consiste à ren- forcer nos compétences techniques pour conser- ver nos clients. Il faut dépasser cette notion de prix. Nous garantissons une sécurité dans nos Dans notre domaine dactivité, la visibilité ne dépasse pas un mois. à évoluer. Aujourdhui, la production de produits bana- lisés part dans les pays à low cost , cest-à-dire la Chi- ne, lInde et le Maghreb. Nous avons fait le choix de miser sur un autre créneau : les pièces très pointues, à haute technicité. Cela implique beaucoup de
pièces, une proximité, une rapidité et une inno- vation. Nous ne battons pas sur les prix. On a fait le choix du haut de gamme. Cest ce qui sauve- ra notre métier. Cest un peu comparable avec ce qui sest passé dans lhorlogerie ici il y a une trentaine dannées. Càd : Quelles sont les perspectives actuelle- ment dans la plasturgie ? F.L. : Dans notre domaine dactivité, la visibili- té ne dépasse pas un mois. En 10 ans, les P.M.E. comme les nôtres sont passées dune situation où on attendait que le client vienne à une situation où il faut aller chercher le client. Càd : Est-ce un avantage dêtre installé dans la région ? F.L. : Oui dans le sens où les gens sont formés dans le petit, ils ont un vrai savoir-faire en micro- techniques, issu de lhorlogerie. Et non, à cause de la proximité de la Suisse. Cest pour cela quil faut retenir notre personnel par de bonnes condi- tions de travail, par des locaux bien adaptés, etc. Le bien-être des salariés est primordial, il ny a pas que le salaire. Càd : Vous subissez de plein fouet laug- mentation du prix du pétrole ?
Frédérique Lamendin dirige V.P. Plast depuis 1998. Lentreprise emploie 28 salariés, elle travaille pour des clients comme Schneider électrique, Seb, Calor, Fabi automobiles, Radial
F.L. : Cest très difficile. Pour linstant, nous ne pouvons pas nous permettre de la répercuter sur nos clients. Il faut essayer de trouver des gains de productivité ailleurs, dans une organisation encore plus efficace. Càd : À combien sélève votre chiffre daf- faires ? F.L. : Cette année, il atteindra pratiquement le seuil des 6 millions deuros pour un effectif de 28 salariés. Càd : Quelles sont les perspectives après cet- te lourde phase dinvestissement ? F.L. : On pense que 2005 sera une année de tran- sition, justement pour stabiliser les investisse-
ments. Parallèlement, nous avons lancé un gros programme de formation de nos opérateurs afin de les préparer aux futures mutations technolo- giques. Ceci dit, la plasturgie, malgré les délo- calisations et les augmentations de matières pre- mières, est une industrie qui est globalement en croissance. En Franche-Comté, la plasturgie totalise 8 000 emplois directs. Les marchés exis- tent, il y a en a toujours en émergence. Le tout, cest de les trouver. Pour cela, il faut continuer à innover. Pour garder un métier fort, il faut conti- nuer à lenrichir. Dans cette optique, nous pré- voyons de lancer de nouveaux procédés innovants dici la fin 2005. ! Propos recueillis par J.-F.H.
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