Journal C'est à Dire 92 - Septembre 2004

14

D O S S I E R

Finances Marie-Claire Mantion : “Nous vivons de la charité des chrétiens” Économe du Diocèse de Besançon, Marie-Claire Mantion fait le point sur les recettes de l’Église qui restent en aug- mentation. Les fidèles du Haut-Doubs semblent plus géné- reux qu’ailleurs.

Boissons

Guy ROGNON

LES VINS DU MOIS OCTOBRE 2004

3, av. des Marchandises 25000 MORTEAU - Tél : 03 81 67 12 28 BORDEAUX CHATEAU 75 cl .................... 3.00 € COTES DU RHONE 75 cl ........................... 2.90 € COTES DE PROVENCE ROSE 75 c l .......... 3.40 € CUVÉE CHASSE 75 cl ................................... 4.00 €

C’ est à dire : Sur quoi r epose le budget du Diocèse de Besan- çon ? M.-C.M. : Établir un budget pré- visionnel relève un peu du pari. Nous n’avons aucune assuran- ce de le boucler car nos res- sources ne reposent que sur la générosité des chrétiens. Nous attendons tout des autres. C’est une forme de pauvreté évan- gélique. Mais globalement, nous atteignons toujours nos prévi- sions. Càd : Quelle est votre res- source la plus importante ? M.-C.M. : C’est le denier du cul- te. Je vous avoue qu’en ce moment, c’est la période la plus difficile pour le Diocèse car il manque encore 420 000 euros pour clore notre budget. On fait le point tous les jours sur les comptes. Je vais adresser un courrier aux coordinateurs dans les paroisses afin qu’ils sollici-

vous que le don soit toujours aussi important ? M.-C.M. : Je préciserai tout d’abord que les donateurs sont des gens qui ont 50 ans et plus. Ensuite, je crois que les chré- tiens sont de plus en plus res- ponsables de leur Église. Ils sen- tent qu’il est nécessaire de la prendre en main. Et cette appar- tenance passe par une adhésion financière. Être chrétien, c’est aussi être responsable matériel de l’Église. Càd : On entend dire souvent que l’Église a des difficultés financières. Ce n’est pas votre cas ? M.-C.M. : C’est vrai qu’il y a des Diocèses qui ont beaucoup plus de difficultés tant au niveau de la collecte des dons qu’au niveau de l’augmentation des charges. Ils ont du mal à faire face à la hausse des charges due à l’em- ploi de personnel laïc au dio- cèse. À Besançon, nous gérons

tent les fidèles. L’information sera relayée par Radio Chrétien de France (R.C.F.) et les bulle- tins paroissiaux. Je ne suis pas certaine d’obtenir ces 420 000 euros dont nous avons besoin. En cas de problèmes, le Diocè- se dispose d’une réserve finan- cière qui correspond à une année de fonctionnement. Gérer les finances de l’Église, c’est un sou- ci permanent car nous ne sommes jamais sûrs de rien, puisqu’on dépend de la géné- rosité des chrétiens. Càd : À quelle somme cor- respond le denier du culte ? M.-C.M. : En 2003, dans notre Diocèse, le denier du culte a per- mis de percevoir 2,889 millions d’euros contre 2,856 millions d’euros en 2002. Les dons sont encore en augmentation. Le denier représente 70 % de nos recettes.

250 prêtres, 20 diacres, 29 laïques et 14 religieuses. Càd : Comment est attribué l’argent du denier du culte ? M.-C.M. : Il sert au traitement des prêtres et au règlement des charges essentiellement. Càd : À quoi correspond le traitement d’un prêtre ? M.-C.M. : Que ce soit un jeune prêtre, un prêtre en retraite, ou un évêque, ils ont tous le même traitement qui est 2 105 euros bruts par trimestre. Il existe un statut national du prêtre qui fixe aussi des avantages en natu- re. Il est logé, chauffé et éclairé gratuitement. Càd : Le Diocèse perçoit aus- si une partie des quêtes des paroisses ? M.-C.M. : Il y a en effet 9 quêtes par an, dont une partie est attri- buée directement au Diocèse, d’autres ne sont qu’en transit comme celle du Denier du Pape. En 2003, la totalité des quêtes correspondait à 237 000 euros. Cet argent nous aide à financer en particulier la prise en char- ge des prêtres en maison de retraite. respondent en moyenne à 300 000 euros par an. Actuelle- ment, c’est sur ces ressources extraordinaires que nous finan- çons nos travaux. Càd : Un des grands chan- tiers du Diocèse est la réno- vation de l’ancien séminai- re à Besançon. Quels sont les coûts de réalisation des tra- vaux ? M.-C.M. : Ce projet coûte 7,5 mil- lions d’euros. Le plan de finan- cement est construit de la façon suivante : 3 millions d’euros pro- viennent d’un prêt bancaire, 3 autres millions de nos fonds propres. C’était de l’argent qui avait été mis en réserve dans la perspective de ce chantier. Le solde est assuré par la vente d’immeubles comme celui de la rue de Pontarlier et celui de la rue des Chalets à Besançon. Càd : Comment est placé l’ar- gent du Diocèse ? M.-C.M. : Nous n’avons aucun placement à risque. Nous sommes présents sur le marché de l’obligation et très peu sur celui de l’action. Gérer, c’est pré- voir. Une de nos missions est d’estimer les besoins de l’Égli- se dans 10 ans. Aujourd’hui, c’est Càd : Disposez-vous d’autres recettes ? M.-C.M. : Nous avons aussi un budget extra- ordinaire qui repose sur des legs. Ils sont importants, car ils cor-

le bon moment sans précipita- tion pour se séparer d’une par- tie de notre patrimoine et ne garder que les bâtiments indis- pensables à notre mission, les rénover et les rendre accueillants. Càd : Constatez-vous de grandes disparités finan- cières entre les paroisses du Diocèse ? M.-C.M. : Sur le Haut-Doubs, les unités pastorales ont davan- tage de moyens, car la pratique religieuse est plus importante. Il y a un environnement cul- turel et historique dans le Haut- Doubs qui est différent d’un ter- ritoire comme celui de la Hau- te-Saône, où les paroisses dis- posent d’une marge financière plus réduite. Càd : Peut-on dire que l’É- glise est riche ? M.-C.M. : Je ne crois pas. L’É- glise est seulement riche de la générosité de ses chrétiens. Càd : De quelle autonomie disposent les paroisses par rapport au Diocèse ? M.-C.M. : Elles ont une pleine 10 % pour le Diocèse. Ces 10 % iront dans une caisse de soli- darité pour aider les paroisses à entretenir leurs biens immo- biliers. Càd : Pour agir, les paroisses ont néanmoins besoin de l’ac- cord du Diocèse ? M.-C.M. : En fait, l’Église fonc- tionne toujours sur deux réali- tés juridiques différentes. Tout d’abord, aux yeux du droit fran- çais, seul le Diocèse a une per- sonnalité juridique, alors que les paroisses ne sont pas recon- nues. Ensuite, nous devons tenir compte du code du droit cano- nique qui est le droit propre de l’Église. À ce titre-là, la parois- se a une existence juridique. Nous devons naviguer en per- manence entre le respect du droit français, et celui de l’Église. Nous sommes souvent face à des situa- tions de compromis qui nous obligent à nous concerter. Càd : Cette dualité du droit est la raison pour laquelle une paroisse ne peut pas se séparer de ses biens sans l’ac- cord du Diocèse ? M.-C.M. : Les salles paroissiales de Morteau sont la propriété juridique du Diocèse, pour être liberté de gestion. Elles sont autonomes. Si une paroisse déci- dait de se séparer d’un de ses biens, en accord avec le Diocè- se, le bénéfice de cet- te vente serait à 90 % pour la paroisse et de

plus précis de l’association dio- césaine. Par contre, elles sont la propriété canonique de l’uni- té pastorale de Morteau. Cela veut dire que si nous envisa- gions de réaliser des travaux importants ou alors de les vendre, nous ne pourrions pas agir les uns sans l’accord des autres. Càd : Que reste-t-il du patri- moine paroissial sur le Haut- Doubs ? M.-C.M. : Il y a encore quelques biens localisés sur les paroisses qui appartiennent à des asso- ciations loi 1901 comme une association paroissiale, ou l’as- sociation scolaire comtoise de l’enseignement libre par exemple. Ces associations qui ont des propriétés sont en lien avec la paroisse. En général, les biens sont des anciennes écoles. Au Bélieu par exemple, un bâti- ment qui servait à l’enseigne- ment catholique a été vendu car la paroisse ne voyait pas ce qu’el- le pouvait en faire. On recense aussi un certain nombre de pres- bytères comme à Morteau, mais ces propriétés sont dans un état souvent vétuste. Ce qui nous semble important lorsqu’on cède une partie de notre patrimoi- ne est qu’il puisse continuer à servir à l’intérêt général. Càd : Quelle est la politique insufflée par le Diocèse vis- à-vis de ce patrimoine ? M.-C.M. : Monseigneur Daloz a eu la volonté de revitaliser la communauté chrétienne qui a tendance à vieillir. Le nombre de prêtres en diminution a contribué à activer cette réflexion. La nouvelle donne a une incidence économique sur l’Église. Moins de prêtres, moins de messes dans les villages, moins de gens, et au final moins de recettes. Une paroisse qui accueille une messe par mois a forcément moins de ressources financières que dans le cadre d’une messe par semaine. Dans ces conditions, il est difficile pour une paroisse d’entretenir conve- nablement des bâtiments qui souvent ne sont plus aux normes. Notre politique a été de dire qu’il valait mieux se regrouper, se séparer de certains biens, et d’in- vestir dans la rénovation de bâti- ments qui suffisent à la mission de l’Église, comme l’accueil des enfants au catéchisme. Le Dio- cèse s’est engagé à soutenir la rénovation d’un bâtiment par unité pastorale. Quand une paroisse a un projet de réno- vation, on étudie avec elle le plan de financement pour voir com- ment on peut s’entraider. !

Càd : Comment expliquez-

“Le denier du culte a permis de percevoir 2,889 millions d’euros en 2003.”

Marie-Claire Mantion : “Quand on cède une partie de notre patrimoine, on veille à ce qu’il puisse continuer à servir à l’intérêt général.”

Propos recueillis par T.C.

Made with FlippingBook Learn more on our blog