Journal C'est à Dire 89 - mai 2004

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P A Y S D E P I E R R E F O N T A I N E

Orchamps-Vennes Une installation fortement chahutée

Ancien chauffeur routier, Régis Vernier a repris en 2000 la ferme familiale située au hameau des Chenevrottes sur la commune d’Orchamps-Vennes. Dès le début, il a dû surmonter coup sur coup la crise de la vache folle, celle de la fièvre aphteuse et l’an dernier la sécheresse. Témoignage.

A ux Chenevrottes, l’en- traide entre agricul- teurs n’est pas un vain mot. “Dans la situation où j’étais, sans le sou- tien matériel et moral de mes 4 voisins agriculteurs, sans les coups de main de mon frère Bruno et de mes parents, je crois que j’aurais vraiment eu beau- coup de mal à m’en remettre” , confie Régis Vernier qui, même s’il n’est toujours pas tiré d’af- faire, garde quand même le moral. Avant de songer reprendre la ferme exploitée par la famille Vernier depuis plusieurs géné- rations, Régis a travaillé pen- dant 16 ans comme chauffeur routier. L’idée d’une reconver- sion dans l’agriculture lui est venue assez tardivement. Pour bénéficier des prêts à l’instal- lation, il a suivi une formation agricole pendant 8 mois à Châ- teaufarine. “J’ai préparé un B.E.P.A. polyculture-élevage. P ascal Baudray habite la pai- sible commune de Four- nets-Luisans, dans un lotis- sement proche de l’entreprise Cofi- ma, spécialisée dans la fabrica- tion de coffrets haut de gamme, notamment pour l’horlogerie. Récemment agrandie, la fabrique est équipée d’un système de ven- tilation qui incommode depuis plusieurs mois ce riverain. L’en- treprise est installée sur un ter- rain appartenant à la commu- nauté de communes du Pays de Pierrefontaine-Vercel, également propriétaire du bâtiment. Pascal Baudray vit très mal cette proxi- mité. “Depuis un an, nous sup- portons un bruit d’enfer” dit-il. Les démarches qu’il a entreprises auprès de la commune de Four- nets-Luisans et de la commu- nauté de communes n’ont pas abouti, si bien qu’il a invité la D.D.A.S.S. à venir sur place fai- re des mesures de bruit. Verdict : les 63 décibels enregistrés dépas- sent largement le bruit ambiant de ce lotissement qui dépasse à peine les 30 dB. Ce que dénonce le voisin mécon- tent, c’est avant tout l’immobi- lisme des élus. “Je n’en veux pas au dirigeant de l’entreprise qui fait ce qu’il peut et je ne m’oppo- se surtout pas à cette activité. Mais je demandais juste aux élus d’exer- cer leur pouvoir de police.” Inter- rogé sur cet épisode, la président de la communauté de communes Bernard Canteneur, minimise le problème. “Selon moi, c’est une affaire de simple police entre le maire et ses administrés. J’ana- lyse cet épisode comme la tradi- tionnelle période d’adaptation de l’humanité aux changements” répond-il avec une certaine poin- te d’ironie. Même étonnement de la part de NorbertAmadry, le res- ponsable de l’entreprise incrimi- née par le voisin. “Je suis un peu surpris de ce genre de réactions

à 3 mois. Je ne vous parle même pas des cours de la vian- de qui se sont effondrés. Heu- reusement, la situation s’est améliorée pour retrouver un niveau acceptable.” La sécheresse de l’été dernier l’a contraint à racheter du foin. Cette nouvelle perte de reve-

Ce n'est pas facile de retour- ner à l’école à 32 ans, mais je reconnais que ça m’a fait le plus grand bien, surtout au niveau gestion.” Diplôme en poche et forma- lités remplies, il se retrouve au 1 er novembre 2000 à la tête d’un troupeau de 24 laitières avec 140 000 litres de quotas. Dès le début, il investit dans un pipe-line et dans la construc- tion d’un bâtiment de stockage de foin et de maté- riel agricole. Quinze mois après son ins- tallation, survient la crise de l’E.S.B. Un mauvais coup du sort qui se traduit rapidement par une “grosse descente de trésorerie” , faute de pouvoir vendre les veaux et les vaches. À peine sorti de l’hiver, le blo- cage se poursuit avec la fièvre aphteuse. “On n’a pas vu pas- ser un maquignon pendant 2 d’autant que nous en avons dis- cuté ensemble et avons étudié les solutions à trouver” commen- te le chef d’entreprise qui annon- ce que “la communauté de com- munes s’apprête à investir dans une palissade anti-bruit.” Cette affaire qui a donné lieu à un dépôt de plainte à la gendar- merie d’Orchamps-Vennes de la part de Pascal Baudray contre la mairie et la communauté de com- munes, est révélatrice du dilem- me qui se pose entre intérêts pri- vés et nécessités économiques. “Le responsable de la D.D.A.S.S. m’a dit que je n’avais pas de chan- ce que l'entreprise soit implantée à cet endroit. Elle serait en péri- phérie de Besançon par exemple, le bruit des machines serait cou- vert par le bruit ambiant” ajoute M. Amadry. En attendant, Pascal Baudray ne démord pas de son intention de voir se régler définitivement le problème et s’étonne du peu de compréhension dont ont fait part, selon lui, les élus concernés. “M. Canteneur m’a dit que la com- munauté de communes n’accep- terait plus de courriers venant de ma part et la mairie de Fournets- Luisans a toujours refusé de me recevoir. J’attendais juste dumai- re qu’il exerce son pouvoir de poli- ce. Encore une fois, je n’ai rien

nus a été en partie atténuée par les aides reçues au titre des calamités agricoles. “Cet argent m’a permis

Régis est parfois contraint de se priver de salaire.

de couvrir en partie le préju- dice subi. Je ne vais pas m’en plaindre. Je ne comprends pas pourquoi certains en ont béné- ficié et pas d’autres car la sécheresse n’a épargné per- sonne.” Face à toutes ses difficultés, Régis est parfois contraint de se priver de salaire. Pour éle- ver ses deux enfants, il peut compter sur les revenus de sa compagne préparatrice en

L’entraide paysanne a joué à plein pour Régis qui n’a pas été épargné par les mauvais coups du sort.

pharmacie. Au niveau de son exploitation, une prochaine mise aux normes sera bientôt nécessaire, un investissement aujourd’hui impossible à finan- cer sans de nouvelles aides. “En plus, on nous annonce que le prix du lait risque de baisser de 5 à 10 centimes de francs et que ce manque à

fabriquer un lait de très bon- ne qualité tout en évitant d’avoir trop de bêtes à soigner. “Je ne dispose pas d’une sur- face fourragère suffisante pour nourrir un gros troupeau” ter- mine-t-il. ! F.C.

gagner sera compensé par une prime laitière. Est-ce une bon- ne solution d’être sans arrêt tributaire des aides de l’État ? On préférerait davantage vivre de la vente de nos produits.” Dans l’immédiat, pour évi- ter de sombrer dans la spi- rale de l’endettement, il n’a d’autre alternative que de

La difficile cohabitation entre l’industrie et l’habitat Fournets-Luisans Un habitant de Fournets-Luisans incommodé par les bruits d’une entreprise locale a porté plainte contre les élus. Des solutions sont en passe d’être trouvées mais l’af- faire révèle la difficulté d’entreprendre en milieu rural.

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contre l’entreprise Cofima dont je salue le travail de qualité, mais dans sa compétence économique, la communauté de communes aurait aumoins pu traiter ce pro- blème plus tôt. J’étais ouvert à la discussion, ils n’ont pas voulu m’entendre. C’est pour cela que j’ai voulu aller plus loin en por- tant plainte contre la commune et la communauté de communes” réaffirme Pascal Baudray. Si elle a peu de chances d’abou- tir à quelque condamnation que ce soit, la plainte de ce riverain ne fait que poser une nouvelle fois le problème de la cohabitation entre les entreprises et les habi- tations. Faisant partie des fleu- rons de l’industrie locale, Cofima emploie environ 25 personnes et fait vivre autant de familles. Même s’il ne dédouane pas les propriétaires de l’entreprise de se prémunir contre les bruits para- sites, ce facteur n’en est pasmoins déterminant. À l’heure où les délo- calisations deviennent légion, il devient quelque peu indécent de vouloir entraver la bonne marche des entreprises locales. C’est en tout cas le sentiment des prin- cipaux concernés. Pascal Bau- dray quant à lui attend que les bruits de voisinage s’estompent enfin pour retrouver un peu plus de sérénité. ! J.-F.H.

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