Journal C'est à Dire 89 - mai 2004
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M O N T B E N O Î T E T L E S A U G E A I S
Montlebon Le crucifix de Lièvremont fait toujours débat Un instituteur intraitable fait resurgir un vieux débat au moment où la loi sur le sujet évolue : doit-on, après des années de sursis, décrocher le crucifix posé sur le mur d’une classe de Lièvremont ?
S igne religieux ostensible, le discret crucifix appo- sé sur un des murs de la classe de maternelle à Lièvremont ? Il faut croire que oui. Cest en tout cas lavis de Denis Goll, professeur des écoles à la brigade de remplacement planifié du Doubs. Originaire du Barboux, cet ensei- gnant a effectué un remplace- ment de quelques jours ce prin- temps dans la classe de Liè- vremont. Sa sensibilité laïque a été heurtée , selon ses propres termes, à la vue de cette peti- te croix de bois. Syndicat ensei- gnant alerté, inspection acadé- années sous le regard des enfants , soit tout bonnement décroché. Si sur le plan local, on refuse denlever ce crucifix, je fais intervenir le préfet pré- vient linstituteur choqué. Je nai aucun compte à régler, je ne fais pas cela dans un esprit polé- mique, mais je suppose que beau- coup de gens sont gênés mais nosent rien dire. Il est bien acquis quen France, on doive séparer lécole de la religion. Supposons quun enfant dune autre confession arrive à lécole de Lièvremont, il ne compren- mique contactée, Denis Goll na pas vou- lu laisser passer cet- te question de prin- cipe. Il attend main- tenant que ce crucifix qui est depuis des
drait certainement pas quil y ait ce crucifix. Dautant plus que la modification de la loi pose clairement comme interdite lex- position de tout signe religieux à lécole. Je ne laisserai pas pas- ser cela dit-il avec détermina- tion. En ces terres saugettes où la tradition catholique est ancrée depuis des siècles, la réaction du maire de la commune est plu- tôt sage. Selon Jean Pourchet, premier magistrat depuis 1953, nous avons toujours été res- pectueux des lois et on le reste- ra. Ce crucifix est présent depuis 1942 dans lécole, il na jamais signes religieux, on attendra les décrets dapplication et on res- pectera la loi annonce le mai- re. À Lièvremont même, la présence de ce crucifix na jamais trou- blé la sérénité du village. Consi- dérant certainement que cette croix fait partie intégrante de lhistoire du Haut-Doubs, quil se confondrait presque à sa cul- ture, elle napparaît pas aux yeux des habitants comme un signe gênant. Il ny a que les gens de lextérieur qui cherchent à semer la zizanie. Respecter la gêné personne. Jus- quà maintenant, aucune loi ne se pro- nonçait clairement à ce sujet. Si la loi évo- lue et que désormais elle supprime tous les
loi, cest une chose, mais jai tou- jours tenu aussi à respecter lavis de la population locale. Jusquà maintenant, la population de Lièvremont a toujours fait confiance au maire ajoute Jean Pourchet, visiblement irrité par cette initiative de linstituteur laïque mais qui ne pourra que se résoudre à décrocher ce cru- cifix si linspection académique ly oblige. Le maire prendra ses responsabilités conclut-il. Ce nest pas la première fois que le crucifix de Lièvremont divi- se lopinion. En 1992 déjà, lins- titutrice de lépoque avait, en vain, tenter de faire fléchir les autorités. Plus loin encore, en 1950, lécole de Lièvremont avait déjà fait partie de ces établis- sements pointés du doigt par une commission de concilia- tion créée à la Libération pour tenter de juguler le retour en force des crucifix dans les lieux publics. Après plus de 50 ans de résistance, le crucifix de Liè- vremont va-t-il tomber sous le joug dun instituteur pétri de laïcité ? Si cette croix ne gêne que Denis Goll, la législation est désormais claire : seul contre tous, cet enseignant rebelle serait dans ses droits, au grand dam de la plupart des habitants du Saugeais que ledit objet sym- bole de paix laissait certaine- ment indifférents. ! J.-F.H.
Ce crucifix est présent depuis 1942.
Le crucifix trône sur un des murs de la classe.
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