Journal C'est à Dire 261 - Janvier 2020

L E P O R T R A I T

Quand passion rime avec inclusion De l’Auberge de la Roche à la gestion événementielle des restaurants de la Tour Eiffel, Loïc Bôle-Richard est aujourd’hui président de l’école Patrimoine et Terroirs à Rungis, où il défend le concept d’égalité des chances pour permettre l’accès aux écoles parisiennes à tous les jeunes, quelles que soient leurs origines sociales ou géographiques. Montlebon

exemple dans le Haut-Doubs, il n’y a pas de B.T.S., de licence, pas de Bac +.” La structure compte 50 jeunes en apprentissage, le credo, c’est la qualité avant la qualité comme le rappelle Loïc Bôle-Richard. “Moi, je ne veux pas rem- plir l’école hôtelière de 600 gamins, et après ils se débrouillent quand ils ont leur diplôme. Quand ils sortent de chez nous, je veux qu’ils aient les armes néces- saires, le job qu’il faut avec le salaire qu’il faut.” La facilité n’est donc pas de mise. “Je pourrais très bien prendre dans les trois premiers de chaque classe, mais ce n’est pas l’objectif. On va plutôt privilégier des jeunes qui ont un peu de difficulté mais qui ont envie. C’est comme ça qu’on conçoit l’égalité des chances. C’est ouvert à tous, mais du moment qu’ils mettent les pieds chez nous, ils sont là pour travailler et pour réussir.” Et l’accompagnement est com- plet. “Quand le jeune est accepté chez nous, on leur trouve l’appartement, on les aide à s’installer, à trouver le job qu'il leur faut par rapport à leurs com- pétences et aussi ce qu’ils désirent.” Il est fier de cette ouverture. “On mélange tous les aspects et toutes les régions, on a des jeunes d’Auch, de Pon- tarlier, d’autres issus de Zones d’Édu- cation Prioritaire en Ile-de-France. On a du mal à croire que ça peut matcher, mais quand on se retrouve à Rungis, il y a une mixité sociale qui se crée dans un effet d’effervescence, et c’est ça qui est absolument incroyable.” Cette for- mation, complètement gratuite pour

N atif deMontlebon, Loïc Bôle- Richard développe rapide- ment une passion pour le monde de l’hôtellerie et de la restauration. En parallèle de ses études au lycée àToussaint-Louverture de Pontarlier, il travaille au restaurant de l’Auberge de la Roche où Philippe et Sylvie Feuvrier lui transmettent méthode et passion. Après un B.T.S.

forte d’une mixité sociale et géogra- phique impressionnante. Comme il le rappelle, ce concept d’inclusion fait par- tie intégrante de l’histoire de cette école fondée en 1989. “En 1992, l’objectif a été de prendre 1 000 jeunes issus de tous les lycées hôteliers français pour les emmener gérer toute la restauration du Village Olympique à Barcelone.” Depuis, l’idée perdure et “aujourd’hui

hôtelier à Strasbourg, il ter- mine son parcours scolaire avec une année d’étude à l’école Patrimoine etTerroirs à Rungis, dont il est aujourd'hui à la tête depuis

on va directement dans les lycées hôteliers, on s’installe pendant une semaine et on travaille avec des élèves de Terminale de Bac profes- sionnel. À la suite de quoi

“Il y a une vraie mixité

sociale, un effet d’effervescence.”

deux ans. “Par le biais de l’alternance, j’ai pu intégrer directement le monde des grandes brasseries parisiennes, notamment La Coupole et Le Bœuf sur le Toit” explique le jeune homme. Il se souvient en riant : “J’ai vécu les grandes soirées folles des brasseries, on faisait du 500 à 600 couverts par soir, c’est assez sportif. Un bel apprentissage” résume-t-il. Une expérience qu’il sou- haite aujourd’hui transmettre aux plus jeunes. Il met donc un point d’honneur à pré- sider une institution ouverte à tous,

on en sélectionne six dans chaque lycée et on les emmène au mois de mars faire une semaine de stage à Rungis, une insertion professionnelle.” Ainsi, six élèves du lycée professionnel Toussaint- Louverture bénéficieront de ce “stage- découverte” en immersion dans leMar- ché de Rungis en mars prochain. Dans cette dynamique d’ouverture, l’école vise surtout des “lycées hôteliers qui sont dans les milieux ruraux” et “excentrés de la capitale. On prend aussi des lycées qui n’ont pas forcément la possibilité de poursuite d’études par

Loïc Bôle-Richard envisage tout de même de revenir un jour dans le Haut-Doubs

les élèves, est donc un bel exemple d’in- clusion et de mixité sociale, dont son président peut être fier. Pour la suite, Loïc Bôle-Richard se laisse un peu de temps. “C’est unmétier extrêmement prenant, fort intéressant,

j’ai énormément appris, mais l’envie de revenir dans le Haut-Doubs au milieu de nos beaux sapins se fait sentir. Je vais continuer quelque temps et après on verra…” n S.F.

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