Journal C'est à Dire 259 - Novembre 2019
D O S S I E R
Accro aux montres à gousset Collectionneur L’horlogerie même pratiquée en dilettante peut transformer une vie en l’occurrence celle de Thierry Aubin qui a traversé toute la France pour se former, travailler dans l’horlogerie et enrichir une collection personnelle qui remonte aux origines des montres à gousset.
fin de journée pour se libérer du stress inhérent à sa profession : exigences des clients, délais de restitution… “Je me mettais à l’établi pour réparer mes propres montres.” S’il a bien quelques montres-bracelets dans ses tiroirs, sa préférence va claire- ment aux goussets. Une collec- tion demontres s’apparente sou- vent à une quête vers la rareté qui peut vite s’avérer onéreuse. Le collectionneur nantais s’est d’abord intéressé aux goussets à remontoir assez faciles à déni- cher à des prix relativement abordables. “Comme j’avais envie d’aller vers des modèles plus anciens, j’ai élargi ma prospection vers des goussets à clefs fabriqués au XIX ème siècle jusqu’à la Pre- mière Guerre Mondiale. Puis j’ai continué à remonter le temps en m’orientant vers les montres à coqs mises au point à partir du XVII ème . Les pièces d’horlogerie produites antérieurement se trou- vent généralement dans les musées.” Thierry Aubin s’est peu à peu laissé envahir par son loisir. “C’est devenu une passion.” Son destin bascule en 2017 quand il effectue les démarches à la recherche d’une formation hor- logère. Direction Morteau où il est admis à la rentrée 2018 pour suivre le C.A.P. horloger trans-
D ans la famille Aubin installée dans les Deux-Sèvres, on chine volontiers le dimanche sur les brocantes, salons et autres vide-greniers. Le goût de l’ancien,ThierryAubin le cultive depuis l’enfance. “Comme j’ai toujours été attiré par les choses qui sont à la fois belles et tech-
niques, j’ai vite trouvé mon bon- heur dans l’horlogerie ancienne” dit-il. Après avoir suivi une formation de designer industriel dans une école d’art appliquée, il exerce pendant 25 ans dans une société d’infographie basée à Nantes. L’horlogerie n’est alors qu’une échappatoire qu’il pratique en
Thierry Aubin oriente sa collection de montres à gousset vers des pièces uniques.
en cassant sa tirelire pour une montre à gousset Leroy. “C’est une vraie pièce historique fabri- quée par un des premiers grands horlogers. Cette pièce unique m’a ouvert beaucoup de portes. Elle reste toujours un sujet de dis- cussion entre les collectionneurs avertis.” Il existe plusieurs profils de collectionneurs. Certains ont
frontalier. Un diplôme reconnu des deux côtés de la frontière qui vient compléter ses connais- sances techniques et sur le plan de l’outillage. La formation intè- gre aussi des visites d’entreprises dont celle de son futur employeur au Locle, une manufacture haut de gamme à la recherche d’un designer horloger. “C’est la fusion
oublier l’outillage ancien horloger aussi recherché que les montres” , reconnaît celui qui envisage même de déménager, trop à l’étroit dans son logement actuel. À force de fréquenter les bourses et brocantes, Thierry Aubin a développé un réseau d’amis avec qui il partage la même passion. “Je suis ravi d’avoir quitté une grande ville pour découvrir des gens qui se disent bonjour. En revanche, pour ce qui est de l’hor- logerie, c’est beaucoup plus dif- ficile de trouver de belles pièces dans le Haut-Doubs où il y a his- toriquement une très forte densité de collectionneurs qui ont pour la plupart travaillé dans cette branche.” La concurrence est rude en terre horlogère. n F.C.
une approche dyna- mique, ils vendent, échangent sans s’atta- cher plus que cela à l’objet.D’autres comme Thierry Aubin ne
de deux savoirs. Je tra- vaille sur des modèles très haut de gamme auxquels je n’aurais sans doute jamais pu accéder avec le C.A.P.
Montres à gousset à remontoirs, à clefs ou à coqs : elles ont toutes le droit de cité dans les présentoirs de Thierry Aubin.
Une passion onéreuse et assez envahissante.
lâchent rien. Ils accumulent, stockent. “C’est une passion oné- reuse et assez envahissante sur- tout quand on se met aussi à col- lectionner tout ce qui va avec le mouvement : écrins, boîtes. Sans
horloger” , estime celui plutôt ravi de cette reconversion. Pas déçu du voyage donc. Toujours à l’affût de la pièce rare, unique, il trouve son bon- heur sur une brocante horlogère
Le créneau du S.A.V. des marques haut de gamme Morteau Avec son C.A.P. obtenu à Morteau, Anthony Receveur a voyagé jusqu’en Chine au fil d’un beau parcours dans l’horlogerie suisse. Fort de ces expériences, il a monté sa propre affaire, Vintage Corner, spécialisée dans la réparation de montres mécaniques.
met ensuite à son compte en Suisse et travaille comme sous-traitant dans le S.A.V. et le prototypage. “Fin 2014, on est parti vivre à Hong Kong où je tra- vaillais pour le groupe Richemont.” Deux ans plus tard, retour dans le Haut-Doubs et poursuite de la carrière en Suisse oùAnthony Receveur occupe un poste de responsable technique dans la maison Bucherer. “Ce travail était très intéressant mais très soutenu et le poste trop éloigné de Morteau. Je ne voyais plus grandir mes enfants. J’ai préféré tout arrêter et me remettre à mon compte sur Morteau même.” clientèle étrangère d’Europe du Nord et d’Italie. Lui-même collectionneur de chronos anciens, il est rodé à la recherche de pièces anciennes et a noué au fil de sa carrière professionnelle beaucoup de contacts. “Je pense que c’est ma plus-value. J’ai pu récupérer pas mal de stocks complets auprès d’an- ciens horlogers locaux. C’est un atout quand on sait la complexité de trouver des habillages de montres.” Conscient de ses capacités, il limite son niveau d’intervention au quantième et au tourbillon. Une question de com- pétences et surtout de difficultés d’ac- céder à des stocks de pièces jalousement gardés au sein des grandes manufac- tures. Inversement, il refuse aussi de travailler sur les mouvements quartz. Chez Anthony Receveur, le vintage rime forcément avec mouvement méca- nique. n F.C. Son entrepriseVintage Cor- ner est spécialisée dans la réparation de montres anciennes. Il travaille essentiellement avec une
I l a appris la bonne nouvelle début novembre. “J’ai conclu un parte- nariat avec Anonimo. Depuis le 1 er novembre, je suis reconnu comme le centre de réparation Europe pour les deux marques du groupe, à savoir Anonimo et Vulcain” , annonce Anthony Receveur en espérant décro- cher des contrats similaires avec d’au- tres marques. Rien d’impossible vu les quantités de montres de marque suisse d’implanter un S.A.V. à l’extérieur du territoire helvétique et d’éviter ainsi des formalités et des taxes qui ren- chérissent le coût de l’opération. Il y a du potentiel inexploité dans le S.A.V. haut de gamme. L’horloger mor- tuacien en est convaincu. Lui qui est actuellement à la recherche d’un atelier plus vaste et qui envisage de recruter du personnel pour accompagner la société dans son développement. L’ave- nir s’annonce sous les meilleurs aus- pices. Il illustre un parcours profes- sionnel qui ne manque ni d’ambition, ni de prise de risque. Le tout dans la discrétion. Originaire de Morteau,Anthony Rece- veur, pas très motivé par les études ? s’est contenté si l’on peut dire d’un C.A.P. d’horloger. Diplôme en poche, il entre au S.A.V. de la marque Tissot puis s’occupe de la restauration des pièces anciennes chez Tag Heuer. Il se qui se sont vendues dans le monde entier et qui auront tôt ou tard besoin d’une révision. D’autant plus quand on sait l’intérêt
Il envisage de recruter du personnel.
Anthony Receveur a trouvé matière à s’épanouir dans le S.A.V. et la restauration de montres anciennes.
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