Journal C'est à Dire 251 - Février 2019

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Nicolas Dubois, la pièce maîtresse des palaces Parcours Après un parcours atypique jalonné d’expériences, le Haut-Doubiste Nicolas Dubois est aujourd’hui à la direction technique du plus grand 5 étoiles de Suisse, le Grand Hôtel Kempinski à Genève. Rencontre.

de l’armée. J’avais tout juste 18 ans et j’ai pu vivre mes premières expériences de voyage, notam- ment en Guyane où j’ai eu la chance d’assister à un décollage d’Ariane, de monter sur le temple du soleil de Yucatán auMexique ou encore de parcourir la plupart des îles des Caraïbes” raconte- t-il. Une fois rentré au pays, il réin- tègre “la vie normale” avec des petits boulots, à la S.O.P.A.D. Nestlé notamment. “J’ai vite compris que si on voulait devenir un jour chef, il fallait sortir du lot.” Il prend alors son destin en main et crée sa société, Dépann’express à Pontarlier. Le démarrage est prometteur, les clients affluent, jusqu’au jour où le Pontissalien se fait “planter” par un donneur d’or- dres peu scrupuleux qui lui laisse une ardoise gigantesque. Le dépôt de bilan est inévita- ble. Nicolas Dubois rebondit vite. Cet accro de billard - il est un habitué du Milord à Pontarlier et participera deux fois aux championnats de France de la

Au sein du Grand Hôtel Kempinski Geneva, Nicolas Dubois veille au parfait fonctionnement technique de ce vaisseau de près de 100 000 mètres carrés.

À pas feutrés, Nicolas Dubois parcourt les longs couloirs tapissés d’une épaisse moquette au 8 ème étage de l’hôtel. Avec son passe, il déverrouille délicatement la porte qui ouvre sur l’entrée de l’endroit sans doute le plus surveillé de l’éta- blissement : la suite Geneva. Avec ses 1 080 m 2 de surface, c’est tout bonnement une des plus vastes suites hôtelières d’Europe.À l’intérieur, plusieurs immenses chambres tout confort et leurs salles de bains priva- tives, des salons, une cuisine, un bar, une salle de fitness amé- nagée et même, comble du raf- finement, une salle de billard. Ici, ce sont les princes duMoyen Orient, les chefs d’État et leur suite ou encore quelque milliar- daire asiatique qui logent. Le prix de la suite est démesuré- ment proportionnel à sa super- ficie : pour y dormir, il faut débourser la coquette somme

que cet immense vaisseau de 100 000 m 2 , le plus grand 5 étoiles de Suisse avec ses 412 chambres et suites, et ses 400 salariés, ne connaisse aucune avarie majeure. Son projet défi sera de suivre le programme de rénovation complète de la façade de cet hôtel donnant sur le Léman, pour laquelle un concours international d’archi- tecture est en cours. Un chal- lenge de plus pour ce frontalier qui fêtera ce mois-ci ses 50 ans. Pour l’occasion, ce frontalier qui réside désormais àAnnecy sera de retour sur ses terres natales pour le traditionnel défilé des conscrits, début avril. Avec de bonnes histoires à partager avec ses conscrits, de ses exploits de gamin pontissalien au billard et au baby-foot (il a même écrit un guide pratique du baby-foot), jusqu’à ces multiples anecdotes liées à un parcours professionnel aussi atypique que riche. n J.-F.H. sur une période de rembourse- ment de 3 mois puis 1 million à 12mois” poursuit le syndic.Dans sonmalheur, Ballaigues a profité de taux bancaires négatifs ! “On a emprunté à - 0,13 % puis - 0,08 %, ce qui veut dire que l’on nous redonne de l’argent… Je pourrais dire merci à la France ! Mais élaborer une gestion dans ces conditions, c’est rock’n’roll. Imaginez l’an prochain que la France tarde à payer et que les taux remontent !” poursuit Raphaël Darbellay qui a fait passer le message. Berne, sur demande des cantons et des communes, a en effet inter- pellé Bercy sur cette lenteur. Quelle solution ? Revenir à l’im- pôt à la source. Personne n’y croit. Nos voisins ont deux hypo- thèses pour expliquer ce retard : soit la France n’a plus d’argent, soit elle veut maintenir la pres- sion sur la Confédération en passe de négocier un accord- cadre avec l’Union européenne. L’argent des frontaliers sera, lui, utilisé pour le fonctionnement et l’investissement des com- munes qui gagnent d’accueillir des travailleurs étrangers. n E.Ch.

du Club Med de la Pointe aux canonniers à l’île Maurice. Un chantier à 19 millions d’euros. “On l’a fait en neuf mois, un petit exploit.” Après avoir enchaîné les expé- riences, il quitte le Club Med en 2013, appelé par les proprié- taires de trois hôtels de luxe à Courchevel, dont l’un est classé parmi les plus beaux hôtels du monde. Princes, princesses, chefs d’État et grands de ce monde viennent y séjourner, dans la plus grande discrétion. “Ma res- ponsabilité, c’est que les clients n’ont pas à voir tous les pro- blèmes techniques qui peuvent survenir pendant leur séjour.” C’est un chasseur de têtes mis- sionné par le Grand Hôtel Kem- pinski Geneva qui le “débau- chera” de Courchevel. Depuis octobre 2015, Nicolas Dubois veille sur une brigade d’une vingtaine de personnes : frigo- ristes,menuisiers, peintres, élec- triciens… Son rôle ici aussi : l’attendaient avec impatience. Pour La Chaux-de-Fonds, le montant rétrocédé est de 12,5 millions de francs, il est de 6,8millions francs pour Le Locle. “Nous avons dû emprunter 10 millions de francs pour la fin de l’exercice 2018 afin de combler le retard de la France” explique la cheffe de service des finances de La Chaux-de-Fonds. Le canton de Vaud a reçu quelques semaines plus tôt le versement. Exemple à Bal- Depuis 13 ans que je suis élu à Vallorbe, c’est seulement la troi- sième fois qu’il y a un tel retard ! La première fois, c’était sous Nicolas Sarkozy puis sous Fran- çois Hollande, mais cela n’avait pas duré si longtemps. On ne connaît pas la raison !” évoque Raphaël Darbellay, le syndic de Ballaigues. Ce retard a failli engendrer de lourdes consé- quences. “Nous avons été obligés d’emprunter pour compenser cet argent qui n’est pas arrivé ! Une première fois 1 million de francs laigues, proche de la frontière : “La somme d’1 259 054 francs suisses (1,1 million d’euros) a été versée.

de 50 000 francs suisses la nuit. C’est sur le parfait fonctionne- ment de ce vaste vaisseau que doit veiller au quotidien Nicolas Dubois. Ce “Pontissalien pure souche” comme il le dit lui-même occupe depuis trois ans et demi la fonction de directeur tech- nique du Grand Hôtel Kem- pinski Geneva. Rien pourtant ne le prédestinait à endosser ces fonctions, lui l’ancien élève du lycée Toussaint-Louverture, le L.E.P. comme on disait encore à l’époque. ses premières expériences pro- fessionnelles. “Avant, le L.E.P. était un peu considéré comme une voie de garage pour les jeunes.Mais avec ma formation, j’ai pu intégrer une école mili- taire dans la marine et j’ai embarqué sur le B.S.M. Rhône, un bateau de soutien logistique Après s’être formé dans les métiers de la mécanique, c’est à l’ar- mée qu’il se forgera

boue qui avait dévasté tout l’in- térieur. J’avais trois mois pour relever le challenge de rouvrir le club pour la saison. J’y suis arrivé.” Aquarius étant une filiale du Club Med, il reçoit un coup de fil en 2000 : “On m’a dit : “On va te bouger de tes montagnes.” Ils m’ont envoyé en tant que res- ponsable technique du ClubMed de Bora-Bora en Polynésie. Une expérience inoubliable” , d’autant qu’il vivra là-bas la tragédie du 11-Septembre avec des cen- taines de clients bloqués, les Américains notamment. Retour à la montagne avec un poste de responsable technique de deux autres Club Med à Saint-Moritz en Suisse. “Puis on m’a confié le suivi de la construction du nouveau Club Med de Peisey-Vallandry en Savoie. Un investissement de 56 millions d’euros.” Ensuite, cap au Sud où il sera chargé de suivre la rénovation du village versé au mois de juin par le ministère français de l’Économie comme le veut l’accord “franco- suisse” de 1983. Cet accord pré- voit une compensation financière versée par la France à la Confé- dération qui la répartit aux can- tons frontaliers (sauf Genève qui est au prélèvement à la source) en fonction de la masse salariale, de l’impôt par habi- tant…Il n’a été versé à la Confé- dération que le 4 janvier dernier alors qu’il était attendu en ton de Neuchâtel a reçu en date du 4 janvier de la part de la Confédération le versement com- pensatoire français au titre de l’accord franco-suisse sur l’im- position des rémunérations des travailleurs frontaliers 42 480 713 francs, dont les trois- quarts, à savoir 31 860 535 francs seront rétro- cédés encore ce mois aux com- munes neuchâteloises” explique le département des Finances et de l’Économie du canton. Toutes les communes suisses juin 2018.Bercy devait à 8 cantons la coquette somme 320 millions de francs (283,2 mil- lions d’euros). “Le can-

discipline - se lie d’amitié avecM. Bobil- lier, le spécialiste des jeux de bar dont la fille travaillait dans un

Un challenge de plus pour ce frontalier.

club de vacancesAquarius. C’est ainsi qu’il commence sa carrière dans l’hôtellerie, en tant que technicien du club Aquarius de Tignes. Il sera ensuite envoyé à Flaine, puis à nouveau rappelé àTignes en tant que responsable technique cette fois. “Le club avait été victime d’une coulée de

P arce que les bons comptes font les bons amis, la France a bien failli nous froisser avec le voisin. En cause : l’impôt du frontalier qui aurait dû être La France honore enfin sa dette au canton de Neuchâtel Impôt des frontaliers La Chaux-de-Fonds reçoit 12,5 millions de francs suisses pour la rétrocession sur la masse salariale 2017 des fron- taliers, Le Locle 6,8 millions. Les communes suisses ont été contraintes d’emprunter pour faire face à ce retard.

“On a emprunté à taux négatif.”

Le Locle a reçu 6,8 millions de francs suisses de la part de la France, La Chaux-de-Fonds 12 millions…

Made with FlippingBook flipbook maker