Journal C'est à Dire 249 - Décembre 2018

L E P O R T R A I T

Les Combes-Remonot

D’où viens-tu Annie ? Fan inconditionnelle de l’idole des jeunes, Annie Pichot tient depuis 1974 le restaurant de la Grotte à Remonot. Sans jamais s’en lasser. Rencontre sous le signe de la bienveillance.

Fidèle au poste depuis 45 ans, Annie Pichot a trouvé au restaurant de la Grotte la recette du bonheur.

I nutile de venir déjeuner à l’improviste le premier mar- di du mois au restaurant de la Grotte, jour du gras- double et de la tête de veau, c’est complet. Les gourmets locaux s’y retrouvent depuis des lustres et ne manqueraient pour rien au monde ce rendez-vous. “Ce jour-là, tout se fait sur réserva- tion” , confirme Annie Pichot fidè-

hameau avant de se retirer en 2015.À cette belle longévité com- merciale s’ajoute aussi un atta- chement viscéral au lieu. Née, élevée, formée avant de travailler toute sa vie à Remonot. Sans le savoir, Annie Pichot illustre à sa manière le concept du circuit court. Cadette d’une fratrie de huit enfants, elle a grandi dans la fer-

futur mari boucher de métier. Au début des années soixante- dix, le couple saisit l’opportu- nité de reprendre le restaurant de la Grotte, fermé depuis quelques années. “Au départ, on pensait exploiter l’hôtel de 22 chambres mais cela n’a pas pu se faire.” Le restaurant de la Grotte rouvre alors ses portes en 1974.Annie est déjà fourneau. “Mon mari avait gardé son emploi. On ne savait pas trop comment les choses allaient évo- luer.” La suite est savoureuse com- me les plats servis aux clients de plus en plus nombreux. La cuisine familiale d’Annie fait merveille et la réputation du res- taurant s’étend loin à la ronde. Chez les Pichot, la solidarité

familiale n’est pas un vain mot. Quand ce ne sont pas ses deux filles qui l’aident, elle sollicite alors ses frères et sœurs à la sai- son des grenouilles ou lors des pèlerinages à la grotte organi- sés à la Pentecôte, le 15 août et en septembre. “On a la chan- ce d’être très bien placé à deux pas de la grotte, dans ces gorges pittoresques” , poursuit la res- tauratrice qui a vu passer récem- ment beaucoup de touristes atti- rés par la sécheresse du Doubs. Autre temps fort : le jour de l’ou- verture de la saison de pêche où le restaurant est réservé aux dis- ciples de Saint-Pierre. Annie Pichot n’oublie pas les bons souvenirs partagés à l’époque où les routiers sym- pas faisaient une pause repas à

Remonot. Des journées de tra- vail bien remplies dans une ambiance débonnaire. Entre la famille, la cuisine, elle garde un peu de temps libre à consacrer à son idole Johnny Hallyday qui figure toujours en bonne place dans la salle de restauration principale. “J’aime bien la chan- son française mais sur scène, c’était le seul qui me faisait autant vibrer” , explique Annie qui ne compte plus les concerts gran- dioses auxquels elle a eu la chan- ce d’assister. Elle est même aller jusqu’à Las Vegas où Johnny avait donné un jour rendez-vous à ses fans. “J’avais décidé de ne plus le voir après le concert donné au Parc des Princes pour son cinquantième anniversaire en me disant que je ne verrais

plus jamais mieux. Mais je n’ai pas résisté bien longtemps” , sou- rit celle qui a prévu d’aller un jour se recueillir sur la tombe du chanteur à Saint-Barth. Un autre pèlerinage. Des célébrités ou des originaux, elle en a vu passer quelques-uns venus souvent visiter la grotte miraculeuse. “On voit beaucoup de guérisseurs qui viennent cher- cher de l’eau à la source. Je ne sais pas si l’on peut parler de guérison miraculeuse mais des personnes souffrant de pana- ris, des femmes ayant des diffi- cultés à avoir des enfants ont trouvé ici une solution à leurs problèmes. Personne n’ose en par- ler, de peur d’avoir l’air ridicu- le.” n F.C.

le au poste depuis 45 ans. Elle pourrait pro- fiter d’une retraite bien méritée mais se plaît à faire du rab. “Il va fal- loir que j’y pense.

me familiale à Remo- not, a passé son certifi- cat d’études à l’école de Remonot avant de suivre “l’école ménagè- re” à la maison familiale

Jusqu’à Las Vegas pour voir Johnny.

et rurale implantée alors à Remo- not. Rien de lugubre dans cet- te formation polyvalente qui a été le ciment d’une solide ami- tié avec ses camarades. “On se retrouve tous les ans autour d’un repas fort sympathique” , explique Annie Pichot habituée depuis toute jeune à faire la cuisine. Diplôme en poche, elle travaille dans le commerce, rencontre son

Quelques entorses à répétition m’ont remis les pendules à l’heu- re et rappelé qu’on n’est pas éter- nel” , poursuit la restauratrice bien consciente du temps qui passe. À Remonot, les miracles ne se font pas uniquement dans la grotte si l’on songe au couple Vuillemin qui a tenu pendant plus de 60 ans l’épicerie du

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