Journal C'est à Dire 249 - Décembre 2018

É C O N O M I E

Les Monts de Joux, 50 ans que ça dure Présente sur les quatre A.O.P..fromagères du massif juras- sien, la coopérative des Monts de Joux plus en forme que jamais s’engage vers l’avenir en restant fidèle à son modèle écono- mique et aux valeurs de la coopération. Fromagerie

le directeur. Changement de cap à par- tir des années quatre-vingt-dix quand la coopérative des Monts de Joux se lance à la conquête des A.O.C. com- toises : morbier, mont d’or, comté, bleu de Gex. Elle comprend aujourd’hui 12 ateliers dans le Haut-Doubs et le Haut-Jura dont 10 fruitières à comté, la froma- gerie de Mont-Brillant orientée vers le bleu de Gex et la fromagerie de Ban- nans avec ses lignes de production en morbier et mont d’or. “Cette organi- sation multi-sites participe à la pré- qui relève déjà bien avant l’heure d’une logique de développement durable. De gros investissements ont été réalisés sur le site de Bannans au cours de la dernière décennie. On s’est ensuite concentré sur la modernisation des ate- liers à comté. On a construit une nou- velle fruitière à Andelot-en-Montagne” , poursuit Philippe Louvrier en souli- gnant la volonté des Monts de Joux de maintenir tous ces outils. La taille des Monts de Joux est suf- fisamment importante pour réunir des compétences techniques et commer- ciales très pointues, ce qui au final permet à l’entreprise de maîtriser tous les maillons, de la collecte du lait à la commercialisation des fromages. À l’ex- ception de l’affinage confié à Monts et Terroirs et Seigne-Martin. Les Monts de Joux fabriquent 10 000 tonnes de fromage chaque année, majo- servation d’une activité éco- nomique et sociale sur les ter- ritoires ruraux. Elle s’inscrit aussi dans le respect du cahier des charges des A.O.P.

80 millions d’euros de chiffre d’affaires, 280 exploitations laitières, un effectif salarié qui varie entre 150 et 200 personnes suivant la saisonnalité du mont d’or : les chiffres parlent d’eux-mêmes. “Cette perfor- mance économique contribue à ren- forcer la responsabilité sociale de l’en- treprise et sa capacité à répondre aux enjeux environnementaux. Ici, la créa- tion de valeur se répartit entre tous les sociétaires. L’avenir s’annonce serein si l’on arrive à poursuivre dans cette voie” , souligne Philippe Louvrier qui dirige les Monts de Joux depuis 2006. De quoi saluer l’audace des trois mous- quetaires Paul Charmier, Raymond Bourdin et Just d’Houtaud à l’origine de ce qui fut au départ la Société Coopé- rative de la Région de Pontarlier, ou

Socorep. Dès le démarrage, le projet se distingue par son ampleur puisqu’il englobe six fromageries. Un choix stratégique entrepris pour répondre à une déva- luation du prix de vente du lait fixé par le préfet. L’implantation à Ban- nans relève purement d’une opportunité foncière. Pour la petite histoire, la fromage- rie fut inaugurée le 26 sep- tembre 1970 en présence d’Edgar Faure et de Jacques Duhamel alors ministre de l’Agriculture. L’histoire des Monts de Joux s’écrit en deux chapitres de 25 ans chacun. “La première période est liée au dévelop- pement d’une fromagerie moderne axée sur la fabrication d’emmental qui était à l’époque la principale production fro- magère en Franche-Comté” , rappelle

Réunion présidentielle aux Monts de Joux avec de gauche à droite et de bas en haut, Roger Pontarlier, André Vieille-Mecet, Yves Louvrier l’actuel président, et debout, le directeur Philippe Louvrier et Michel Beuque. Manquent le premier président Paul Charmier, Ray- mond Bourdin et Claude Bernard.

La création d’une nouvelle fruitière.

ritairement en comté. “C’est sur cette A.O.P. que l’on a le plus de marges de progression alors que pour le mor- bier et le mont d’or, on est sur des mar- chés matures. D’un point de vue stra- tégique, il faudra aussi être en capa- cité d’assurer la ressource en lait sachant que chaque année l’urbani- sation grignote l’équivalent de 100 tonnes de comté.” D’où la volonté de la coopérative d’être plus active et mieux représentée au sein de la filière.

Une réflexion est également en cours sur la création d’une nouvelle fruitiè- re à comté sur le site de Bannans. “Il s’agit plutôt de réorganiser les volumes dans les coops existantes pour mieux réguler les pics de fabrication du comté. L’étude technique est en cours. Elle pourrait être opérationnelle en 2021” , conclut Philippe Louvrier en rappelant la médaille d’argent décro- chée récemment lors du concours du syndicat du mont d’or. n

Les Monts de Joux sont présents sur les quatre A.O.P. jurassiennes.

Guyans-Vennes

La société Tattu T.P. passe la troisième vitesse

I ls sont comme ça chez Tat- tu. Un peu fonceurs, pour ne pas dire bulldozers, mais tellement attachants. Quand l’équipe de 22 sala- riés se retrouve mi-décembre pour souffler les 60 bougies de l’entreprise, normal que tout le monde soit là de la fête… même le jeune apprenti qui cet- te semaine-là devait repartir sur les bancs de l’école pour suivre ses études au C.F.A. Vauban à Besançon. “Je ferai un mot à ton directeur” prévient Jean Tat- tu, l’un des gérants, au jeune salarié en mécanique. Ici existe une fibre “familiale” transmise depuis 1958 par Pier- re et Yvette Tattu, les parents fondateurs. Aujourd’hui, la socié- té pèse 3,5 millions d’euros de chiffre d’affaires dans le domai- ne de la pose de câbles élec- triques, réseaux télécom dans toute la France ainsi que le fora- ge dirigé. Les deux enfants, Clau- de et Jean, “presque” retraités sont toujours sur le pont depuis L’entreprise fête ses 60 bou- gies en décembre. Crois- sance, crise, investissements : les deux frères évoquent cet- te aventure familiale avant de passer la main.

Jean et Claude Tattu, devant une trancheuse, fêtent avec leur équipe le 60 ème anniversaire de l’entreprise.

l’âge de 14 ans. Ils projettent de laisser la main en 2019 à Bet- ty, Olivier et Pierre, la troisiè- me génération. “Nous savons où nous mettons les pieds car nous avons baigné ici, prévient Bet-

mètres de long sous le fleuve la Loire ou l’enfouissement de 15 km de câble haute tension entre Tignes et Villaroger en Savoie dans un univers escar- pé ont été réalisés avec succès. Une équipe travaille actuelle- ment à Narbonne. “Nous avons su nous moderniser en obtenant notamment des certifications” conclut l’un des deux frères. Lorsqu’ils regardent dans le rétroviseur de leur bahut, ils peuvent être fiers du chemin parcouru. Quant à la croissan- ce, elle semble revenue… À la troisième génération de prendre le volant. n

le domaine du terrassement, nous ne serions plus là aujourd'hui” pense Jean. Grâce à un investissement important dans l’outil de pro- duction, Tattu T.P. est une des

seules en région à dis- poser de trancheuses capables d’enfouir des réseaux ou de passer des tuyaux sous une route, un tunnel, grâ- ce à la méthode dite

ty Tattu, la fille de Jean. C’est un peu de pression tout de même que de reprendre le flam- beau” prévient-elle. Les deux frères ont

“En obtenant des certifications, nous nous sommes modernisés.”

de forage dirigée. Une machine dernier cri vient d’arriver. Des chantiers techniques comme celui consistant à faire passer une conduite de gaz de 220

balisé le terrain et fait de cet- te entreprise spécialisée depuis ses débuts dans la maçonnerie une société technique. “Si nous étions restés uniquement dans

Alexandre, mécanicien, travaille sur un dumper de la société.

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