Journal C'est à Dire 248 - Novembre 2018

D O S S I E R

Recherche eau désespérément La Ville de Morteau qui a été provisoirement approvisionnée par camions-citernes cet automne prospecte pour trouver de nouvelles ressources. La situation est toujours critique. Morteau

“L es ressources s’amenui- sent les unes après les autres” déplore Cédric Bôle le maire de Morteau. Chaque jour, la consommation des Mortuaciens, ajoutée à l’eau que vend Morteau au syndicat du plateau des Combes qui dessert Les Combes, Four- nets-Luisans et Fuans, atteint 1 600 m 3 , un chiffre qui n’est hélas pas en baisse depuis juin. En temps

observe Cédric Bôle. Dès le mois d’août, Morteau activait une unité mobile d’ultra-filtration au niveau du pont de Morteau, qui permet de fournir 300 m 3 d’eau puisée dans le Doubs et traitée. Heureusement, par les mys- tères de la géologie, le Doubs n’a jamais été sec à hauteur de Morteau. Deuxiè- me solution alternative mise en œuvre il y a quelques semaines : l’intercon- nexion au réseau du syndicat du haut

Des forages de prospec- tion vont être effectués pro- chainement à proximité de l’actuel cap- tage du Bois

Robert à Morteau.

100 mètres” , sans garantie pour autant de trouver le précieux liquide. Cette solution à moyen terme ne sera pas suffisante. C’est la raison pour laquel- le, “nous continuons à travailler pour identifier d’autres lieux, sur d’autres nappes situées à Morteau mais éga- lement dans des communes voisines. Cette réflexion a été engagée avec le syndicat du plateau des Combes.” En attendant le résultat de ces inves- tigations, la commune de Morteau et le syndicat des Combes ont réitéré dans un courrier envoyé aux admi- nistrés toutes les règles de pruden- ce à suivre en matière de consom- mation. Si chaque habitant diminuait sa consommation journalière de 10

habituel, deux sources d’ap- provisionnement permettent d’assurer sans trop de sou- ci cette consommation jour- nalière : la source de Der- rière-le-Mont dont l’eau est vendue par la commune de Montlebon, ainsi que le récent

litres (l’équivalent d’une grosse chas- se d’eau), l’économie globale attein- drait 80 m 3 , soit 5 % des besoins jour- naliers. “Il n’y a pas de petit geste” résume Cédric Bôle. Cette question de l’eau est d’autant plus importante à prendre à bras- le-corps que les études démographiques font état d’une population locale à l’échelle du Haut-Doubs horloger en hausse de 25 % d’ici 2035. En atten- dant, pour cette fin d’année, tout le monde redoute que la sécheresse lais- se place sans transition à une pério- de froide et enneigée. “Ce serait le scé- nario catastrophe” conclut le maire de Morteau. n J.-F.H.

plateau du Russey “qui per- met d’alimenter notre réseau à hauteur de 100 m 3 supplé- mentaires par jour. ” La situation a encore empi- ré à partir de début octobre et Morteau a dû se résoudre à faire acheminer de l’eau

ont juste permis de passer d’une situa- tion d’extrême urgence à une situation d’urgence” ajoute le maire de Morteau. Ces différents surcoûts (achat d’eau au syndicat du Russey, acheminement d’eau par camions) devraient sans doute se répercuter sur la facture des Mortuaciens l’année prochaine. Alors pour pallier cette situation “très tendue” juge le maire, la collectivité poursuit ses investigations pour trou- ver de nouvelles ressources. “Ces efforts ont été déployés avant même la séche- resse. Avec l’accord de la préfecture, on va commencer par explorer des forages plus profonds. Au Bois Robert, on puise l’eau actuellement à environ 30-40 mètres, on va creuser jusqu’à

Le secteur de Morteau consomme

1 600 m 3 par jour.

par camions-citernes pendant plu- sieurs semaines avant que de faibles précipitations viennent rétablir pro- visoirement la situation. “Quatre camions ont fait jusqu’à 25 rotations par jour pour apporter entre 250 et 280 m 3 quotidiennement. Cette situa- tion critique a duré deux semaines et a coûté à la collectivité 3 000 euros par jour. Les dernières précipitations

puits du Bois Robert situé à l’arriè- re de l’entreprise Morteau Saucisse, qui permet d’apporter le complément nécessaire. Pour cause de sécheresse, ce scénario habituel n’est plus de mise depuis plu- sieurs mois. “Ces deux ressources-là ne peuvent plus nous fournir que 60 % des besoins journaliers. Nous avons dû mettre en œuvre d’autres solutions”

Les voisins s’inquiètent “seulement” de préserver l’eau Suisse voisine La plupart des communes suisses ne limitent pas l’usage de l’eau. Seul le Val-de-Travers et plus récem- ment les Franches-Montagnes demandent aux habi- tants de moins consommer.

mesures alors que les bassins du Saut du Doubs sont dans un état critique ! La distribution de l’eau est comme en France une prérogative communale et il n’existe aucun fichier cen- tralisé des pénuries que ren- contrent les différents réseaux romands. Ce problème a d’ailleurs été relevé cet été par le groupe de travail mis en pla- ce dans le cadre de la séche- resse. Plusieurs explications pour- raient expliquer le fait que les Suisses soient moins touchés dans leur consommation au quo- tidien : des forages plus nom- nus limitant les pertes. Il n’em- pêche que la question du défi- cit en ressource eau ne peut se résoudre avec une zone géo- graphique restreinte. Tous les décideurs du même bassin-ver- sant doivent en effet tendre vers le même objectif : préserver la ressource. La Suisse surnom- mé le “château d’eau de l’Eu- rope” n’est pas à l’abri du chan- gement climatique. Si le Léman ou lac de Bienne n’ont pas (trop) baissé de niveau, c’est parce qu’ils ont profité de la fonte des glaciers. Pas certain qu’il faille s’en réjouir. n E.Ch. breux, des réserves souterraines impor- tantes, une pression démographique moins forte, moins de bétail à abreuver, des réseaux bien entrete-

juillet alors que c’est tout à fait possible au Locle ! “Pour l’ins- tant, il n’y a pas de restrictions parce que nous avons un double approvisionnement : un dans la vallée de l’Areuse et nous pui- sons l’eau dans le lac de Neu- châtel pour la remonter ensui- te dans les montagnes neuchâ- teloises” explique la société Viteos qui gère l’eau pour Neu- châtel, La Chaux-de-Fonds, Le

en 1990 que la conduite puisant dans le lac a été réalisée, jus- tement pour pallier de futures pénuries d’eau. Rappelons que La Chaux-de-Fonds a la parti- cularité de n’être traversée par aucune rivière. La Suisse n’est donc que par- tiellement touchée. Il a fallu attendre le 25 octobre pour que la commune de Val-de-Travers demande aux habitants du vil- lage de Buttes de restreindre l’ouverture du robinet via un communiqué. “Afin de garantir un approvisionnement suffisant de la population et du bétail, aussi pour conserver une réser- de remplir les piscines, jacuzzis et autres” , indique la commune. Les habitants sont également priés de remplacer les bains par de courtes douches, de ne pas laisser couler l’eau du robinet et de veiller à bien remplir les lave-vaisselle et lave-linge avant de les faire fonctionner. Les habi- tants du village sont informés de l’évolution de la situation via www.val-de-travers.ch. Fleurier n’était par exemple pas concerné. Comme en France, les niveaux des rivières sont bas. Ni à La Chaux-de-Fonds ou Le Locle n’est concerné par ces ve d’eau en cas d’in- cendie, il est formel- lement interdit d’ar- roser les pelouses et les jardins (tuyaux, jets d’eau, etc.), de laver les voitures et

Locle, Val-de-Ruz, la Vallée de la Brévine. Seul le syndicat des eaux des Franches-Montagnes (S.E.F.) à Saignelégier a décré- té l’interdiction d’utiliser l’eau du réseau pour tous travaux de lavage (véhicules, places, alen- tours de bâtiments, etc.) et de remplissage (bassins, fontaines), mais seulement depuis le 14 novembre. Pour La Chaux-de-Fonds, c’est

N os voisins suisses du canton de Neu- châtel ou ceux de Vaud ne sont pas touchés par les

restrictions d’eau comme le sont tous les habitants du Haut- Doubs. Laver sa voiture à Mor- teau, Maîche ou Pierrfontaine est formellement interdit depuis

Le “château d’eau de l’Europe”, pour combien de temps encore ?

Le Val-de-Travers demande des économies seulement depuis le 25 octobre… et seulement à Buttes.

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