Journal C'est à Dire 248 - Novembre 2018

D O S S I E R

Dans les pas des meuniers du Saut du Doubs Pendant plusieurs siècles, une activité artisanale s’est développée en aval du Saut du Doubs sur chaque rive. Il y avait là des moulins principalement, une huilerie, un lami- noir qui fonctionnaient grâce à la force motrice de l’eau de la rivière. Histoire

évolué au fil des siècles. “Vers 1640, durant la guerre de Tren- te Ans, des pillards francs-com- tois incendièrent l’établissement et tuèrent le meunier. Les hautes eaux de l’hiver 1801-1802 détrui- sirent les deux moulins qui exis- taient alors à cet endroit. En 1851, Ali Cartier fut autorisé à tirer parti de l’emplacement aban- donné pour la fabrication d’ar- ticles de quincaillerie et fourni- tures d’horlogerie. L’atelier construit cette année se vit adjoindre une fabrique d’ébauches de montres.” L’usine prospéra et se consacra au laminage de l’acier. Plusieurs ouvriers y travaillèrent jusqu’en 1938, “année qui vit le transfert de la production et des machines à la maison-mère du Locle.” En janvier 1953, le bâtiment de La Roche a été incendié volontaire- ment, juste avant la mise en eau du lac du Moron. C’était un des derniers “témoins de la vie arti- sanale au fil du Doubs.” n T.C.

Les moulins étaient à sec. C’était une sécheresse, le Doubs en cette place était à sec” raconte Clau- de-Xavier Perrot-Bastien qui fut maire de la commune de Lac-ou- Villers en 1845 (elle prendra le nom de Villers-le-Lac en 1948), dont Monsieur Droz-Bartholet a retrouvé le témoignage. “Il y avait également dans le secteur des ver- reries. comme aux Brenets et aux Combes de Chaillexon. Les ver- reries étaient itinérantes. L’acti- vité se déplaçait une fois que la ressource en bois située à proxi- mité avait été exploitée” dit-il. Lorsqu’on descend la rivière jus- te après le Saut du Doubs, des ruines intéressantes se trouvent sur la rive suisse. Le retrait de l’eau fait apparaître un escalier, une écluse et ce qu’il reste d’une ancienne forge. Il s’agit des Lami- noirs de la Roche qui étaient sur- montés d’un imposant bâtiment. Il semblerait qu’un moulin exis- tait déjà à cette place au XV ème siècle. Jean-François Chopard a résumé l’histoire de ce site qui a

D ans les gorges en aval du Saut du Doubs, le niveau du lac artificiel du Moron, fermé à son extrémité par le barrage du Châ- telot, a considérablement bais- sé pendant ces mois de séche- resse. Suffisamment en tout cas pour faire apparaître au grand jour les ruines d’anciennes constructions qui étaient immer- gées depuis 1953, date de la mise en service de l’ouvrage hydro- électrique. Ainsi, le paysage de la vallée du Doubs, et avec lui son histoire, est apparu tel qu’il était avant la création du bar- rage. Les sédiments à la textu- re argileuse qui se sont dépo- sés sur les pierres donnent à l’en- semble l’aspect d’un décor en “car- ton-pâte”. Les promeneurs ont pu s’aventurer jusqu’aux vestiges d’anciens moulins, franchir le lit

exhumé des archives par Yves Droz-Bartholet, on apprend que le village en comptait au moins une en aval du Saut du Doubs. “La Moulière, qui est cette puis- sante source en bas de la chute faisait à elle seule tourner trois moulins et une huilerie” écrit l’au- teur. “On produisait probable-

de la rivière à pied sec pour arpenter la rive suisse où l’ac- tivité humaine s’était également développée. À cet endroit, le Doubs franco- suisse était une source d’éco- nomie depuis plusieurs siècles. Les hommes ont exploité la for- ce motrice de l’eau pour faire

fonctionner une acti- vité de meunerie, mais pas seulement. “Ces vestiges sont des restes de moulins, de scieries, d’usines. Ils sont la plu- part du temps sous 20

ment de l’huile de fai- ne qui est le fruit du hêtre” complète Yves Droz-Bartholet, qui tra- vaille actuellement à la rédaction d’un ouvrage sur l’histoire

“La Moulière, une puissante source en bas de la chute.”

de Villers-le-Lac. Ainsi, les mou- lins s’appelaient les “Moulins de la Toule, datés de 1618, le Mou- lin de l’Enfer, les Moulins Petit- jean situés eux sur le Saut du Doubs et qui furent incendiés en 1792. “Cet accident arriva dans le mois d’octobre, de ladite année.

mètres d’eau” souligne Jean-Fran- çois Chopard, passionné d’his- toire locale, qui s’est intéressé à cette partie de la vallée du Doubs. À la liste, on peut ajouter des huileries. Dans un article du Pontissalien (l’hebdomadaire paraît dès 1912)

Le débarcadère du Saut du Doubs est spectaculaire tant le niveau de l’eau a baissé.

Les laminoirs de la Roche étaient situés sur la rive suisse du Doubs. Le bâtiment principal a été incendié en 1953 avant la mise en eau du lac du Moron. Des ouvriers y travaillèrent jusqu’en 1938.

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