Journal C'est à Dire 248 - Novembre 2018

V A L D E M O R T E A U

Politique

Les élus de la montagne ont donné de la voix Annie Genevard, nouvelle présidente, et Jeanine Dubié, députée des Hautes- Pyrénées, nouvelle secrétaire générale de l’A.N.E.M., ont tracé des perspectives pour l’Association et pour la montagne lors du congrès des élus de la mon- tagne que Morteau accueillait les 18 et 19 octobre. Bilan.

La députée de l’Isère Marie- Noëlle Battis- tel (à gauche), a laissé la présidence à Annie Gene- vard. À droi- te, la députée des Hautes- Pyrénées Jea- nine Dubié, nouvelle secrétaire générale de l’association.

“L a montagne va de l’avant”, c’était le thème de ce 34 ème congrès de l’A.N.E.M. que Morteau accueillait ces 18 et 19 octobre. Durant deux jours, les tables rondes et les conférences se sont succédé, sur plusieurs thèmes choisis par les interlocuteurs. D’abord celui de la “silver éco-

nomie”, terme qui désigne les besoins nouveaux nés de l’al- longement de la vie. “Certains territoires ruraux considèrent qu’il s’agit là d’une filière d’ave- nir pouvant générer de nombreux emplois” intervenait Philippe Wahl, le président du groupe La Poste qui participait à une des tables rondes. L’organisation de la santé en réseaux de soins

et le développement de la télé- médecine touchent également pleinement les secteurs de mon- tagne, plus isolés. Patrick Gen- re, le maire de Pontarlier et pré- sident du centre hospitalier de Haute Comté est également intervenu sur ce thème. Durant les débats sur ce thème, une intervention remarquée de Jean- Louis Millet, le maire de Saint- Claude, a donné la mesure du drame qui touche les secteurs ruraux dans lesquels les ser- vices de santé sont voués à la fermeture. “L’hiver, il faut désor- mais 2 h 30 pour se rendre à la maternité la plus proche depuis Saint-Claude. Cette année, deux parturientes ont accou- ché au bord de la route. Est-ce normal en 2018 de voir ça !” a- t-il interpellé. Le très haut débit mobile et fixe constitue un autre enjeu majeur de territoires de montagne, a été évoqué en présence notamment de Sébastien Soriano, le prési- dent de l’Autorité de régulation des communications électro- niques et des Postes (A.R.C.E.P.) désormais signer quelques docu- ments à la place du président Richard Ferrand et protocolai- rement, c’est moi qui peux repré- senter le président quand il n’est pas là, pour accueillir des délé- gations étrangères par exemple. Je l’ai fait récemment avec l’héritier de l’Em- pereur du Japon. Ce poste de première vice- présidente est aussi à mon sens une belle reconnaissance pour notre ter- ritoire du Haut-Doubs. Càd : Et la prochaine fois, ce sera la présidence de l’As- semblée ? A.G. : Pour ça, il y a encore quelques petits détails à régler… (rires). Mais ça ne me ferait pas peur. Je n’ai jamais fait de plan de carrière, je vis les choses com- me elles se présentent. J’ai tou- jours pris avec bonheur ce qui m’arrivait. Càd : Un mot plus politique sur le récent remaniement ? A.G. : Ce qui est un peu étran- ge, c’est qu’Emmanuel Macron dit qu’il a entendu les Français mais en même temps, il réaf- firme qu’il ne changera rien ! Sur le remaniement, il a fait sor- tir des gens de terrain comme

qui a fait le point sur cette cou- verture du territoire. Au cours de leurs travaux, les élus de la montagne ont reçu la visite de Sébastien Lecornu, le nouveau ministre en charge des Collectivités territoriales dont c’était le premier déplacement dans ses nouvelles fonctions. “Le

sé des perspectives dont la relan- ce de la politique nationale de la montagne et l’application de l’acte II de la loi montagne. Prioritairement, l’Association devra être très attentive à la réforme institutionnelle qui risque d’entraîner la disparition de 40 % des circonscriptions de

ritoriale de l’A.N.E.M. Concernant la gouvernance, il a été rappelé que l’Acte II de la loi Montagne du 28 décembre 2016 est supposé redynamiser les outils de gouvernance de la montagne que ce soit au niveau national avec le Conseil national de la montagne ou inter- régional avec les Comités de massif. La présidente a deman- dé à Serge Morvan, commissai- re général à l’égalité des terri- toires, de recevoir rapidement les représentants de l’A.N.E.M. afin de leur exposer l’apport de la future agence France terri- toires pour leurs territoires. Les deux jours se sont terminés sous le soleil, avec une belle démonstration du savoir-faire local par les agriculteurs du Haut-Doubs qui avaient sorti leurs plus beaux atours, vaches montbéliardes et chevaux com- tois en tête. n J.-F.H.

montagne à l’Assemblée. Les élus seront aussi très vigilants sur les conséquences du projet de défiscalisation du gasoil non routier, sur la politique vis-à-vis des

ministre a présenté ses priorités, notamment pour la montagne : l’ur- gence de l’accès de tous au numérique, le défi cli- matique, la simplifica- tion, l’adaptation et l’ex- périmentation”

“Des photos Facebook d’un salarié

en jet-ski à Ibiza !”

résume

prédateurs ou la réalisation effec- tive de la couverture numérique. Annie Genevard a affirmé vou- loir être “la présidente d’une A.N.E.M. partenaire notamment avec l’État et les comités de mas- sif ainsi qu’avec toutes les asso- ciations de la montagne.” Elle a aussi annoncé qu’elle confiera à Jeanine Dubié le pilotage du renforcement de la présence ter-

l’A.N.E.M. Dans son discours de clôture, après avoir invité à nouveau ses collègues de la majorité à dési- gner un représentant pour le poste de vice-président, la nou- velle présidente de l’A.N.E.M., dans la lignée de ses prédéces- seurs dont elle veut “préserver l’héritage” a, pour sa part, esquis-

Une des vedettes du congrès qui n’a pas manqué de faire le show et de nouer des contacts, le député pyrénéen Jean Lassalle.

“Présidente de l’Assemblée ? Ça ne ferait pas peur…” Deux nouvelles casquettes pour la députée du Haut-Doubs qui s’est hissée première vice-présidente de l’Assemblée nationale et qui vient d’être élue présidente de l’Association nationale des élus de la montagne. Interview. Politique

C’ est à dire : Vous avez été élue le 19 octobre dernier à la tête de l’As- sociation nationale des élus de la montagne (A.N.E.M.) pour un mandat de deux ans. Quel bilan tirez-vous du congrès annuel de l’A.N.E.M. qui s’est tenu à Morteau les 18 et 19 octobre ? Annie Genevard : Si j’en crois les messages reçus depuis par les congressistes, je peux dire que le bilan de ce congrès est très positif. Il y a toujours une espèce de magie au congrès de l’A.N.E.M. parce que pour tous ces élus de tous bords, il n’y a qu’un parti, c’est celui de la mon- tagne. L’esprit montagnard n’est vraiment pas un vain mot, on s’en est encore rendu compte cette fois-ci. De surcroît, ce congrès qui se déroulait dans le Haut-Doubs a permis à plus de 500 élus de toute la France de découvrir les beautés de notre région. Et sur le plan écono- mique, ça a été aussi une belle opération, pour les hébergeurs et pour les commerces. Un bou- cher de Morteau me disait qu’il n’avait jamais autant vendu de saucisses que ces deux jours-là !

ment une deuxième nouvel- le casquette avec cette place de première vice-présidente de l’Assemblée nationale. Une vraie surprise pour vous ? A.G. : Complètement. Chaque groupe avait désigné ses can-

Annie Genevard

didats pour occuper les six vice-présidences de l’Assemblée. Deux postes devaient reve- nir à L.R., deux autres à L.R.E.M., un au

“Tout pour la plaine et rien pour la montagne.”

lors du der- nier congrès de l’Associa- tion nationa- le des élus de la montagne dont elle vient d’être élue présidente.

MoDem et un à l’U.D.I. Je ne pensais pas que l’on pouvait rayer des noms et panacher et c’est ce qui s’est passé. Finale- ment, c’est celui qui “prend le moins de balles”, dont le nom est le moins rayé, qui sort en tête. Pour moi, ça a donc été une surprise totale, mais j’y vois quand même un petit succès d’estime. C’est la première fois qu’il y a un premier vice-pré- sident d’opposition depuis une cinquantaine d’années, je pen- se que c’est une bonne chose. Càd : Qu’est-ce que ce poste vous apporte en plus ? A.G. : Matériellement, rien, j’ai toujours le même bureau et les mêmes moyens d’exercer ma fonction, et je continuerai à sié- ger deux à trois fois par semai- ne au perchoir. Je peux juste

30 % du nombre de parle- mentaires ? A.G. : Cette baisse était dans le programme de la droite. Le pro- blème, c’est qu’Emmanuel Macron ajoute une part de 15 % de proportionnelle. Résultat : on va aboutir, notamment en zone montagne, à une disparition de 40 % des circonscriptions. Dans le Doubs, on passerait par exemple de 5 à 3 et ma cir- conscription deviendrait de loin la plus étendue, avec plus de 230 communes. Comment je fais le jour où la circonscription couvre la moitié du département ? C’est une perte évidente de proxi-

Jacques Mézard. Quant à Chris- tophe Castaner à l’Intérieur, il doit maintenant faire ses preuves. C’est d’abord un fidè- le du président. Ceci dit, la recon- figuration du ministère de l’Es- pace rural et de l’Aménagement du territoire confié à Jacqueli- ne Gourault traduit bien la pri- se de conscience que les terri- toires ont été trop ignorés pen- dant la première année du man- dat. J’attends maintenant les preuves d’amour. Càd : Soutenez-vous le pro- jet de réforme des institutions et notamment la baisse de

mité. Et contrairement à ce qu’on entend parfois, la France n’est pas un pays “surparlementari- sé”. Il y a par exemple beaucoup moins de députés qu’au Dane- mark si on rapporte leur nombre à la population du pays. Les Français considèrent qu’il y a trop de parlementaires mais quand les gens réaliseront que concrètement leur député sera moins présent, ils vont peut-être changer d’avis. Avec cette réfor- me, une nouvelle fois, les ter- ritoires urbains seront propor- tionnellement mieux représen- tés que les secteurs ruraux. n Propos recueillis par J.-F.H.

Càd : Vous avez coiffé récem-

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