Journal C'est à Dire 197 - Avril 2014

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Frontaliers, ça va aller ou bien ? Après la votation en Suisse Les Français moquent souvent les votations de leurs voisins suisses sur des sujets qui de ce côté-ci de la frontière peuvent paraître futiles. Sauf que le 9 février dernier, ce sont notamment les travailleurs frontaliers qui étaient au centre des débats. Et ils ont voté oui…

Les frontaliers jugent leurs voisins

à lʼimmigration, ceux qui veulent sʼinstaller… et travailler, donc comme les Italiens, les Portugais et autres lʼont fait depuis longtemps. Tout ce qui fait le tissu social de la Suisse en somme. Une balle dans le pied diront certains, avec rai- son. Pourquoi alors avoir accepté ? La réponse est dans un ras-le-bol général des classes moyennes qui se sentent tondus et ignorés, et donc tombent dans les bras du populisme.” Magali travaille dans la restauration : “Je crois que les frontaliers ne sont pas vérita- blement visés dans la votation, sinon les cantons limitrophes auraient voté oui, ce qui nʼest pas le cas… On a besoin des frontaliers, il y a un véri- table manque de main-dʼœuvre qualifiée. Main- tenant, il y a toujours la caricature qui dit quʼils sont arrogants et ne viennent que pour le salai- re… Cela concerne une minorité de frontaliers, mais comme partout, on ne parle toujours que des 5 % de gens qui sont irrespectueux et on oublie les 95 % de gens très bien. Cʼest humain !”

Christophe se définit comme simple ouvrier : “Je ne suis pas étonné par le résultat de la vota- tion. Le dumping salarial dû à la présence de trop nombreux frontaliers est un problème pour les travailleurs suisses. Lʼautre élément qui a pu déterminer certains votes est lʼattitude même de ces voisins français qui parfois exaspèrent : peu dʼéchanges, un air de supériorité… Certains ont aussi voté oui à cause de cela ! Alors aujour- dʼhui, quand je vois mon patron chercher dʼabord un Suisse avant dʼavoir recours à un travailleur frontalier, je trouve ça normal.” Frédéric, responsable dans une prestigieuse société horlogère : “À mon avis, les frontaliers ne sont pas la cible de cette votation, du moins dans les esprits romands, lʼexemple genevois est significatif, eux qui connaissent une poussée de populisme nʼont pourtant pas prêté oreille aux sirènes U.D.C., ils savent mieux que personne que les frontaliers font le travail que bien des Suisses se refusent à faire. Il nʼen reste pas moins que le but prin- cipal de cette initiative est de mettre un plafond

S outenue par l’U.D.C., cet- te votation visait à remettre en cause l’accord de libre circulation conclu avec l’Union européenne et à mettre en œuvre une politique plus stricte d’immigration. Il faut d’abord rappeler que l’immigration est une réalité importante en Suis- se, contrairement à l’image qu’on peut parfois s’en faire en France : 23,2 % de la population résiden- te en Suisse est étrangère (contre 5,8 % en France).Mais ceci étant dit,malgré des commentaires sou- vent plus proches de la carica- ture que du droit, que signifie exactement le texte de cette vota- tion ?Quelles conséquences à court ou long terme pour les étrangers vivant en Suisse ou souhaitant juste venir y travailler la journée ? Bref, égoïstement peut-être, ce qui importe côté français,c’est de savoir si l’économie du Haut-Doubs va

en souffrir avec une éventuelle limitation du nombre de permis de travail. L’initiative a été approuvée à une faible majorité de 50,3 % tandis que la Suisse romande et les cantons de Bâle et Zuri- ch la rejetaient à plus de 60 %.

vète chaque année, pas plus qu’il ne le détermine pour les tra- vailleurs frontaliers. Rien non plus sur la désignation des auto- rités qui devront procéder à ce savant calcul. Seule certitude, les législateurs suisses ont désormais trois

Il est question dans le texte de limiter l’immigration et pour cela, l’État devra fixer des pla-

années devant eux pour rendre le résul- tat de la votation applicable dans leur droit et l’inclure dans

Beaucoup d’incertitudes sur l’application.

fonds pour la délivrance d’autorisations aux étrangers et dans le cadre de l’asile et ce, en fonction des intérêts globaux de la Suisse et dans le respect du principe de préférence natio- nale. Un texte finalement flou d’après les juristes puisque ce principe finalement assimilable à des quotas ne fixe pas de nombre d’étrangers susceptibles d’être accueillis sur le sol hel-

la Constitution du pays. Aucun des acteurs économiques et poli- tiques suisses ne semble à ce jour en capacité de mesurer les conséquences, en particulier pour les travailleurs frontaliers. Il ne faut pas être devin pour com- prendre que les permis seront délivrés moins facilement quoique l’intérêt global du pays pourrait limiter la limitation ! Juridiquement en tout cas, la

classe politique est face à un cas- se-tête et voit le pays se pla- cer en porte-à-faux vis-à-vis des accords de libre circulation des

personnes qui lient la Suisse à l’Union Européenne. L’ensemble des accords bilatéraux seront forcément touchés par ricochet.

Les trois ans à venir seront donc déterminants de part et d’autre de la frontière. D.A.

Dernières glisses sur les sommets suisses Avec l’arrivée du printemps, il faut monter de plus en plus haut pour s’offrir encore quelques sorties dans la neige à l’ombre du Chasseron ou du Mont Tendre. Sur les combes d’altitude

S i en bas on cause déjà de morilles, jonquilles, primevères, là-haut un épais manteau blanc recouvre encore les alpages jurassiens. Le contraste est frappant à cette période de l’année. “Conditions

renchérit un autre fondeur. La couche de neige atteint encore 60 à 70 cm dans cette combe perchée à près de 1 400 m d’altitude au-dessus de la vallée de Joux. Le 18 mars toujours, la température

exceptionnelles dans la combe des Amburnex, quel bonheur” , annonce un skieur le 18 mars sur le site état des pistes en Suisse romande. “Ce matin encore, magnifiques pistes et magnifiques traçage… profitons en encore un peu”

Le site des Cluds est accessible depuis Sainte-Croix.

est passée dans la journée de - 13 °C à + 17 °C à la station météo plantée au centre des Amburnex. De quoi tracer

Cluds, dernière citadelle des neiges sur le massif du Chasseron. Accessi- ble depuis Sainte-Croix-Les Rasses,

20 km de pistes au départ du col de Marchairuz. “Les engins dament le mercredi et en week- end” , précise-t-on à l’office de tourisme de la Vallée de Joux. À défaut d’avoir une carte sai- son nordique qui donne droit à la réciprocité, le skieur français devra s’acquitter de

ce site nordique offre encore une quarantaine de kilomètres de pistes aux fondeurs. “Tout n’est pas forcément tracé mais le matin les conditions sont excellentes. Il reste encore pas mal de neige notamment sur les revers peu ensoleillés.” L’an dernier, certains fondus arpen-

Certains fondus arpentaient

encore la combe le 1er mai.

la carte journalière vendue 8 francs suisses. Sans aller aussi loin, on peut aussi trouver son bonheur enneigé aux

taient encore la combe des Amburnex skis au pied le 1 er mai. À voir sur Inter- net.

La combe des Amburnex est l’un des derniers sites enneigés de la montagne jurassienne (photo Claude Jaccard).

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