Journal C'est à Dire 197 - Avril 2014

P L A T E A U D E M A Î C H E

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Goumois Un monument aux morts chargé d’histoire(s) Au sortir de la guerre 14-18, l’État a incité les communes à ériger un monu- ment en hommage aux morts pour la France. Encore fallait-il que loca- lement tous soient d’accord sur les noms à y inscrire…

Q uelle commune n’a pas son monument aux morts ? Rien de pré- tentieux à posséder un tel édifice sur son territoire puisqu’il n’est autre qu’un témoi-

maire de Goumois et à l’origine de cette initiative. Un choix qui permet aujourd’hui à la com- mune d’avoir un lieu pour les commémorations patriotiques, “symbole de cohésion et de ras- semblement.” Preuve supplémentaire de ce climat apaisé, la sculpture a été réalisée par un ressortissant allemand, Jens Boetscher qui s’était réfugié en France avant la seconde guerre mondiale pour fuir le régime hitlérien. Et, le jour de l’inauguration, les membres de la famille du sep- tième homme, celui qui fut bien malgré lui un obstacle, sont venus pour rendre hommage à leur aïeul bien sûr, mais aus- si saluer cette initiative œcu- ménique et rassembleuse. D.A.

étiqueté non-croyant proche de la franc-maçonnerie” explique Jeanne-Marie Taillard, férue d’histoire, très locale pour le coup. “Faute de trouver un compro-

gnage, un rappel que là, la guerre a tué. À Goumois, qui a pour- tant perdu sept de ses citoyens lors de la Pre- mière guerre mon- diale, point de monu-

mis avec les autorités républicaines, le projet de monument sera purement et simple- ment abandonné. Seu- le une veuve de l’un des soldats défunts fera

Œcuménisme républicain et rassem- bleur.

ment officiel installé comme partout dans les années vingt. Un grave problème s’est posé ici. “Une fronde même, menée par Monsieur le Curé en per- sonne, ancien poilu en l’occurrence. Parmi les sept morts pour la France, l’un avait en effet à ses yeux un défaut rédhibi- toire : celui d’être “rouge” et d’être

apposer une plaque à l’église avec quatre noms : eux des bons chrétiens” poursuit-elle. Il fau- dra attendre 2001 pour voir enfin Goumois se doter d’un monument aux morts rendant hommage à tous les hommes du village tombés au champ d’honneur. “Tous les sept !” insis- te Jeanne-Marie Taillard, alors

Le monument a mis plusieurs décennies à voir le jour.

Accessibilité

Dix ans de plus à attendre On dit parfois que pour que les choses se fassent, il faut laisser du temps au temps. Ce dicton a le don d’irriter les personnes handi- capées et leurs familles qui voient une fois encore les promesses d’accessibilité des lieux publics repoussées.

A lors

que l’accessibilité est une obligation nationale depuis 1975, renfor-

relié les cinq continents à la nage. Malgré les contraintes éco- nomiques que cela représente

ont honteusement joué la carte de l’attentisme ces dernières années.” Une situation qui conduit aujourd’hui l’A.P.F. à mobiliser les citoyens handicapés ou valides à signer une pétition sur deux sites Internet dédiés à cette action (www.necoutezpasleslobbies.org ou sur www.change.org/accessibilite). Une pétition portée par Philip- pe Croizon, premier athlète fran- çais lourdement handicapé ayant

en période de crise, les responsables de l’A.P.F., lassés d’attendre le martè- lent : “La liberté et l’égalité passent par l’accessibilité. Celle-

cée par la loi handicap de 2005, l’association des para- lysés de France juge inac- ceptable que les personnes en situation de handicap soient contraintes d’attendre enco- re 10 années supplémentaires pour que leur liberté d’aller et de venir soit concrétisée. “En envisageant un délai si long, le gouvernement récompense la grande majorité des branches professionnelles, des collectivi- tés territoriales et des autorités organisatrices de transport qui ont joué la carte de l’attentisme depuis 2005 et n’ont pas res- pecté la loi” dénoncent avec un écœurement non dissimulé les responsables de l’association. “Après bientôt 40 ans d’attente et deux lois inappliquées en matière d’accessibilité, l’A.P.F. déplore que les personnes en situation de handicap soient contraintes d’attendre encore 10 années de plus pour que soit enfin respectée leur liberté de se déplacer.” C’est pourtant ce nouveau délai qui est envisagé dans les pro- jets gouvernementaux, “ce qui fait la part belle aux lobbies qui

Patrimoine culturel et découverte des tourbières.

ci ne peut être possible qu’à condition d’encadrer sa mise en œuvre de contraintes et de délais vraiment resserrés.”

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Les personnes handicapées devront encore attendre avant d’accéder à certains lieux publics.

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